Pour les livres d’histoire
13 ans et 58 victoires consécutives en compétition internationale plus tard, les Etats-Unis sont tombés. Il y avait eu l’Argentine (2002 et 2004), la Serbie (2002), l’Espagne (2002), Porto-Rico (2004), la Lituanie (2004) et la Grèce (2006). Les seuls pays à avoir battu les Etats-Unis en mode NBA à une Coupe du Monde ou aux Jeux Olympiques. Il y aura désormais la France. Les spécialistes débattront s’il s’agissait, à Dongguan, du plus grand exploit de l’histoire du basket français. Leur verdict dépendra sans doute de la conclusion de cette Coupe du Monde.
Et les joueurs tricolores l’avaient parfaitement en tête. Au buzzer la joie était contenue. Les célébrations attendront. La France a terrassé un ogre. Mais elle n’a rien gagné. Pas tout à fait d’ailleurs. La victoire de l’Australie sur la République Tchèque à Shangaï l’a directement qualifiée pour les Jeux Olympiques de Tokyo, en compagnie de l’Espagne. Mais l’Equipe de France 2019 a d’autres idées en tête. "Je ne referai pas la même erreur. Ça nous avait crevé le cœur", a immédiatement rappelé Nicolas Batum en évoquant la victoire en quart de finale sur le grandissime favori espagnol à la Coupe du Monde 2014, suivi d’un revers en demi contre la Serbie. Evan Fournier l’a évoqué de manière moins poétique : "Si on perd les deux prochains matches, on rentre comme des connards à Paris. Sans rien."
Et cette perspective, le groupe de guerriers qui a réalisé un petit chef d’œuvre technique, tactique et mental mercredi soir, ne peut l’imaginer. Il s’est donc immédiatement tourné vers le voyage qui les attend jeudi. Direction Pékin, la cité interdite et l’Argentine de Luis Scola, qui a expulsé l’autre épouvantail du tournoi, la Serbie. "En 2014 on a fait la bêtise", prévenait Vincent Collet. "Peut-être parce que c’était encore plus inattendu. Ce qui est paradoxal parce que ce sont les Etats-Unis aujourd’hui. Une fois que tu as battu Team USA, les trois autres équipes en demi-finale ont les mêmes chances que nous. Pour arriver en finale il faut rester concentrés, ne pas être rassurés. Ce que nous voulons, c’est étonner le Monde."
Les Bleus ont commencé à le faire à Dongguan. En retrouvant notamment leurs valeurs défensives, à l’image de Frank Ntilikina et Andrew Albicy qui ont fait vivre un enfer à Kemba Walker. Et bien évidemment Rudy Gobert, monumental. Ses deux contres décisifs en fin de rencontre ont fini d’écœurer les Américains, tout comme ses 16 prises au rebond, un domaine particulièrement ciblé par Vincent Collet et écrasé par ses troupes (44 à 28) : "Cela faisait deux jours que je disais aux joueurs que si nous étions dominés dans ce domaine, nous n’aurions aucune chance." Statistiquement la France était plus rentable offensivement que son adversaire du soir, mais les athlètes NBA avaient pour habitude de prendre plus de tirs grâce à leur capacité à maîtriser le rebond offensif. Cela n’a pas été le cas en quart de finale et leur option small ball a finalement été punie par les Tricolores.
Excités, les joueurs devaient l’être au sortir d’un match historique. Mais les leaders du groupe, comme ils l’ont fait depuis le début de la campagne, ont rapidement rappelé chacun à la réalité : le top 4 ne vaut pas une médaille. "Contre l’Australie nous étions déçus. A 0h01 nous sommes passés à autre chose. Contre les Etats-Unis nous sommes contents. A 0h01 on passe à autre chose", a prévenu Nicolas Batum avant de quitter la salle. Et Vincent Collet, fin connaisseur de son sport, d’évacuer ce moment d’anthologie : "On se retournera plus tard. Il faut avancer et se projeter." Le génie argentin Facundo Campazzo les attend vendredi à Pékin.
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— Team France Basket (@FRABasketball) September 11, 2019