EuroBasket 2015
La rage au ventre
Ceretti/FFBB
Julien Guérineau, service de presse - 15/09/2015
Patiemment, l'Equipe de France a construit un succès relativement large face à une Lettonie qui n'a pu résister qu'une mi-temps (84-70). Qualifiés pour la troisième fois de suite pour une demi-finale de l'EuroBasket les Bleus retrouveront, comme en 2013, l'Espagne, jeudi soir à 21h00.
Entre deux des quatre meilleures défenses de l’EuroBasket, le match promettait d’être fermé à double tour. Mais au premier quart-temps, il a été ouvert à tous les vents. Comme ceux pris par les défenseurs des deux équipes lors des attaques du cercle des attaquants. Rudy Gobert avait pourtant contré la toute première tentative lettone. Cela aura été une des rares fois où le ballon n’aura pas fait trembler le filet. La Lettonie réussira 11 de ses 13 tirs pendant dix minutes. En face, les Bleus exploitent au maximum leur avantage dans la peinture avec un duo Boris Diaw-Rudy Gobert redoutablement efficace. Mais les tirs de loin se refusant à la France, les Baltes ont continué à faire la course en tête pendant de longues minutes.
Kristaps Janicenoks, Dairis Bertans et Janis Strelnieks ont ainsi délivré un récital de fondamentaux extérieurs. Pénétrations, tirs dans la zone intermédiaires, shoot à trois-points, passes décisives en sortie de pick n’roll, leur maîtrise a longtemps perturbé la défense française, malgré un regain d’agressivité en deuxième quart-temps. 27 points à 12/15 et 7 passes décisives, le trio magique a porté son équipe jusqu’à une poussée de fièvre de celui que les 22.076 spectateurs attendaient. Encore en délicatesse avec son tir (0/4 pour débuter), Tony Parker est soudainement sorti de sa boîte à deux minutes de la pause. Un premier tir extérieur, un deuxième, un troisième puis un quatrième en l’espace de 100 secondes. 9 points de rang. Le public chavire, la Lettonie vacille et retourne aux vestiaires avec un léger retard alors qu’elle a mené pendant plus de 16 minutes.
Elle n’aura plus l’occasion de le faire. La défense tricolore a ensuite haussé le ton. Contraint par les fautes de Boris Diaw à lancer rapidement Florent Pietrus, Vincent Collet a vu ses joueurs s’arracher sur le repli défensif, jaillir sur les aides défensives et surtout toucher un nombre incalculable de ballons pour ralentir et désorganiser l’attaque adverse. Ajouter à ceci un zeste de Nando De Colo et un soupçon de Rudy Gobert, auteur d’un alley-oop monstrueux sur une interception et passe décisive signées Parker, et vous aurez la recette du succès pour les Bleus.
Les équipes les plus dominatrices de cet EuroBasket se reposent avant tout sur une longueur de banc qui fait la différence sur la durée. Cette loi du nombre s'est vérifié jeudi soir. Après son feu d'artifice initial la Lettonie a irrémédiablement décliné, impactée par la puissance athlétique et la taille françaises. Après 2011 et 2013, l'Equipe de France retrouve le dernier carré de la compétition continentale. Elle y retrouvera son ennemi de toujours, l'Espagne, portée depuis deux matchs par un Pau Gasol exceptionnel.
Les réactions
Evan Fournier : "Nous savions que l’équipe était une bonne équipe qui bouge très bien la balle. On a fait quelques ajustements défensifs qui nous ont permis de gagner. Maintenant c’est l’Espagne, un classique. On a brisé leur rêve l’année dernière, ils vont vouloir faire la même chose."
Nicolas Batum : "Aujourd’hui c’était le match de Tony et Boris."
Florent Pietrus : "Avec l’Espagne c’est comme une histoire d’amour."
Tony Parker : "Je trouve qu’on longtemps joué sur un faux rythme à cause notamment de leur defense en match-up zone. J’ai essayé d’être plus agressif pour mettre un peu de folie dans le match. Ensuite on a bien mieux défendu, poussé les balles pour des paniers faciles. Les Espagnols sont des champions qui ont sorti le gros match au bon moment contre la Grèce. Ils nous ont longtemps battus, dominé le basket européen. A nous d’être là."
Vincent Collet : "Nos ajustements défensifs ont porté leur fruit mais plus encore que ces changements, c’est surtout la montée en pression sur la balle qui a fait la différence. Nous les avons beaucoup plus gênés dans la mise en place. Quand on attend nos adversaires à la ligne à trois-points, nous sommes rarement performants. Même si on a le sentiment d’être au-dessus de ce type d’équipe, il faut du temps et t accepter que lorsqu’ils sont frais, ils nous posent des problèmes. Tony Parker a bien maîtrisé le jeu en amenant la balle intérieur. On savait notre avantage important dans ce secteur et c’était un fil rouge tout au long du match. Il l’a respecté. Concernant Mickaël Gélabale il a pris un coup sur la cuisse et le médecin m’a demandé de le préserver en deuxième mi-temps. C’est un petit hématome et je pense qu’il sera résorbé d’ici jeudi."