Il fallait l’inviter
Attablé à un restaurant sévillan avec sa famille lundi, Yakuba Ouattara a été quelque peu pris de court par l’appel des dirigeants de la FFBB. Son déjeuner vite expédié, il a sauté dans un avion pour rejoindre l’Equipe de France à Pau, mardi dans l’après-midi, d’abord comme 13e homme, puis finalement avec l’assurance de disputer les rencontres, Axel Toupane ayant dû quitter ses coéquipiers prématurément. Dimanche, il a dynamité la défense allemande, terminant à 24 points à 9/16 aux tirs. "Ce n’est pas la première fois que ça arrive", souriait Vincent Collet à propos de la réussite des renforts de dernière minute. "Quand nous avions fait la sélection Yakuba était blessé et on ne savait pas quand il serait en mesure de revenir. Aujourd’hui il a été important, non seulement par ses points mais aussi par l’énergie qu’il a apportée."
Pour sa 14e sélection l’ancien élève du centre de formation de Chalon a pulvérisé son record de points en Equipe de France. Une sélection qu’il avait fréquentée pour la première fois lors de la préparation à l’EuroBasket 2017. Après avoir par la suite flirté avec la NBA en signant un two-way contract avec Brooklyn avant de retrouver Monaco, Ouattara a découvert cette année le championnat espagnol avec le Betis Séville. Bien installé dans la rotation andalouse (8,7 pts en 20’), il n’a cependant disputé six des douze rencontres de Liga Endesa du fait de sa blessure. Revenu sur les terrains le 31 octobre, sa parenthèse internationale devrait l’aider à poursuivre sa montée en puissance : "Ça valait le coup de venir. Je suis super content d’avoir été appelé et je voulais montrer que même si j’étais le dernier je pouvais performer… C’est un peu conte de fée."
Ancien vainqueur du concours de dunks du All Star Game LNB, athlète d’une explosivité exceptionnel, Ouattara a encore agressé le cercle avec efficacité face aux Allemands tout en signant deux paniers primés qui ont largement contribué à faire le break. "Le coach nous a rappelé que nous avions perdu le match aller comme ça. La première mi-temps ce n’était pas notre vrai visage défensivement", commentait le héros du soir, satisfait d’avoir laissé le jeu venir à lui. "Je me suis dit que je devais faire ce pour quoi Vincent m’a convoqué. Il me connaît très bien."
A 8 mois des Jeux Olympiques, Ouattara a pleinement conscience que la concurrence est rude à l’arrière. Mais il sait également que le staff porte un regard attentif aux productions des mobilisés des fenêtres FIBA. "J’espère faire partie de la préparation. Je donnerai le meilleur de moi-même et ensuite ça sera le choix du coach." Un coach qui en a fait son energizer dimanche, appréciant le coup de chaud de celui qui est allé chercher son record de points au milieu d’un quatrième quart-temps incandescent (11 pts). "Je savais… on sait des choses comme ça", concluait-il dans un sourire.