Interview Guerschon Yabusele : "Une grande fierté"
Drafté en 16e position par les Boston Celtics en 2016, Guerschon Yabusele a vécu un long chemin de croix en NBA. Peu responsabilisé, régulièrement envoyé en G-League, son expérience dans la Grande Ligue a tourné court. De retour en Europe depuis la saison dernière à l'ASVEL avec qui il performe en Jeep Élite autant qu'en EuroLeague, sa très bonne saison lui permet de faire partie du groupe de Vincent Collet pour les Jeux Olympiques. Déjà sur les tablettes des plus grands clubs européens comme le Real Madrid pour la saison prochaine, il est revenu sur sa belle soirée du 20 mai dernier lorsqu'il a entendu son nom prononcé par l'entraîneur des Bleus.
Comment avez-vous appris que vous faisiez partie des 12 joueurs sélectionnés pour les Jeux Oympiques ?
Je l’ai appris quand Vincent Collet l’a annoncé à la télé. C’était juste après notre match face à Strasbourg. On a mis France 3 à la télé et on était tous en train de regarder. C’était vraiment en direct.
Qu’avez-vous ressenti après avoir entendu votre nom dévoilé par Vincent Collet ?
Forcément j’étais super content. C’est ma première compétition avec les A, j’avais vraiment envie de faire les Jeux Olympiques. C’est la compétition la plus importante qui existe, tous les athlètes veulent participer aux Jeux Olympiques. Faire partie de cette liste, pouvoir aller à Tokyo et participer à la compétition c’est une grande fierté. J’ai reçu plein d’appels de ma famille et de mes amis.
Au cours de la saison, avez-vous déjà imaginé que vous seriez dans les 12 ?
Quand j’ai commencé la saison, ce n’est pas quelque chose que j’avais en tête. Je ne me disais pas que j’allais être dans les 12 mais j’ai commencé à y penser au fur et à mesure. Vincent Collet est venu voir plusieurs matchs cette saison, on discutait donc je savais que j’étais dans les discussions mais je n’ai jamais été sûr. C’était un soulagement d’entendre mon nom, quand j’ai vu que j’avais une chance ça m’a encore plus motivé à y participer. Au bout d’un moment c’était devenu un objectif.
Vincent Collet a déclaré en conférence de presse que le poste 4 avait été très difficile à trancher. Cette sélection est-elle pour vous un signe que vous avez changé de statut cette saison ?
Oui un peu. On me donne plus de responsabilités, on me donne la chance de montrer ce que je suis capable de faire. Je sais que ça a été très compliqué mais le fait de voir mon nom dans cette liste, ça me donne confiance. Ça me pousse encore à en faire plus et à chercher le plus loin possible.
Que de chemin parcouru par Guerschon Yabusele depuis un peu plus d'un an...
On peut clairement dire que je reviens de loin. Mon petit séjour aux États-Unis a été compliqué. J'avais moins de temps de jeu, moins de visibilité, c’était dur de trouver un contrat derrière. Il y a eu la Chine, le Covid-19 donc c’était trois ou quatre années très compliquées. J'en suis sorti plus mature, plus grand. J’ai commencé à voir ce que je voulais et j’ai joué tous les matchs comme si c’était les derniers.
Justement, comment fait-on pour revenir au premier plan ?
Je dis toujours que le cercle qui m’entoure, c’est-à-dire la famille et mes amis ont eu un rôle très important. Ils m’ont conseillé, m’ont aidé à aller mieux quand c’était plus dur, à garder la tête haute, à toujours viser plus loin. Ça me motive et quand je me retrouve seul dans des situations difficiles comme en Chine, je garde la motivation, je continue à m'entraîner énormément.
Vous avez seulement deux sélections à votre actif mais on se souvient encore de vos performances lors de la première fenêtre de qualification à l’EuroBasket 2022 en février 2020…
C’était formidable. J’ai pu partir de Chine et jouer cette fenêtre et ça a été pour moi le moyen de montrer ce que j’étais capable de faire, de montrer à Vincent Collet que je pouvais être une option dans les futures listes. J’ai essayé d’amener mon énergie, d’apporter des choses en défense sur les switchs. Le pari a été gagné et j’en retiens que du positif.
On se dit même, d'une manière positive, que vous avez brûlé les étapes en passant directement des Qualifiers aux Jeux Olympiques. Comment allez-vous gérer ce nouveau niveau d'adversité ?
J’ai toujours voulu vivre ces moments-là. Surtout aux Jeux Olympiques avec l’équipe qu’on a. Je suis prêt, j’irai là-bas et je me donnerai à 200% que ce soit en attaque ou en défense. Pour moi c’est important de revenir des Jeux Olympiques avec une médaille et je pense que tous les joueurs ont ça en tête. Il y a moyen de faire quelque chose.
Vous arrivez en relais d’Amath M’Baye, un joueur qui est devenu un cadre de l'Équipe de France en l’espace de 3 ans. Vous espérez vivre la même ascension ?
C’est clair. C’est un de nos joueurs majeurs et on va beaucoup avoir besoin de lui. J’aimerais vraiment vivre la même ascension que lui et aider l’équipe du mieux que je peux.
Votre constance aux tirs extérieurs et vos qualités athlétiques font de vous un joueur à part. Si vous deviez vous définir, que diriez-vous ?
J’essaye au mieux de ne pas m’enfermer dans une seule catégorie de joueur. Je joue avec énormément d’énergie et j'essaye d’être le plus complet possible. C’est important pour moi d’être bon en défense, dans la communication, de pouvoir défendre sur des plus petits. Offensivement de passer la balle quand quelqu’un est ouvert, d’être agressif, de rendre le jeu simple pour tout le monde quand je suis sur le terrain.