France-Canada : punis d’entrée
Une salle comble, un bus qui a du mal à se frayer un passage au milieu des voitures et de la foule pour accéder à l’Indonesia Arena et un choc de poids lourd face au Canada, l’Équipe de France a plongé tête la première dans la Coupe du Monde 2023 dès la première journée de la compétition, alors que, plusieurs milliers de kilomètres au nord, Manille signait le record historique d’affluence pour le match entre les Philippines et la République Dominicaine (38115 spectateurs).
A Jakarta, les Bleus ont cependant sombré lors d’un duel qui a tenu toutes ses promesses lors des premières minutes, devant des fans énamourés des joueurs NBA et qui découvraient rapidement la vista de Nando De Colo. Le meneur de l’ASVEL lançait ses troupes de la meilleure des façons dans une rencontre de série. Au 7-0 initial des Français répondait un 2-14 canadien puis un 12-0 tricolore. Des montagnes russes qui laissaient entrevoir toutes les problématiques techniques et tactiques posées par les deux équipes. Face à l’agressivité défensive, la France était dans un premier temps repoussée très loin du panier, incapable de servir ses intérieurs contre une équipe dont la philosophie est de fermer la raquette, se reposant quasi exclusivement sur son adresse extérieure par nature fluctuante. En face les contre-attaques fusaient et Kelly Olynyk confirmait que dans le contexte FIBA il est sans doute l’arme la plus dangereuse de son équipe de par sa capacité à s’écarter ou à driver en fonction du profil de son vis-à-vis.
C’est en retrouvant ses grands que les hommes de Vincent Collet repartaient de l’avant. Rudy Gobert régnait au rebond et l’entrée de Mathias Lessort changeait la donne. Attendu depuis des semaines par son entraîneur le futur intérieur du Panathinaïkos apportait immédiatement dans son registre : course, énergie, puissance. Un cocktail détonant qui permettait aux Bleus, avec le festival offensif d’un Evan Fournier plus déterminé que jamais, de compter jusqu’à sept longueurs d’avance au cœur du deuxième quart-temps (26-19).
Un avantage vite effacé par Olynyk puis par le réveil de Shai Gilgeous-Alexander, longtemps en échec. Les changements de leader s’enchaînaient dès lors dans un combat intense et physique au sein duquel surnageait Fournier. Scotché au banc des Knicks, l’enfant de Charenton avait dû faire face aux questions quant à sa capacité à retrouver son meilleur niveau. Quelques-unes de ses sorties en préparation avaient rapidement répondu aux doutes et ses 19 points en première mi-temps enfonçaient le clou.
Mais ses exploits ont sans doute masqué les difficultés tricolores à trouver de la fluidité et du mouvement en attaque. Trop de balles perdues (9 en 20 minutes), une attaque stagnante et impactée par la puissance physique de Luguentz Dort et Dillon Brooks. Et de l’autre côté du terrain, le Canada peut s’appuyer sur celui qui est peut-être le meilleur joueur de un-contre-un au monde aujourd’hui. Gilgeous-Alexander un temps maladroit, a survolé le troisième quart-temps. Tout en contrôle, en élégance et avec une capacité à se faufiler et à se créer son shoot à mi-distance, ou provoquer des fautes, exceptionnelle. L’arrière du Thunder a découpé la défense française pour terminer à 27 points, 13 rebonds et 6 passes décisives, avant de regagner son banc à plus de six minutes du buzzer.
La soirée avait déjà viré au naufrage après un 25-8 au troisième quart-temps. Une domination totale qui semblait ne jamais vouloir s’arrêter. L’Équipe de France flirtait un instant avec le plus gros revers de son histoire en Coupe du Monde (-36), aucun changement ou alignement ne semblait pouvoir inverser la tendance.
Vendredi soir, le Canada a envoyé un message et confirmé que son immense talent en faisait un candidat à l’or malgré son manque d’expérience. La France, elle, est déjà dos au mur. Une défaite contre la Lettonie, large vainqueur du Liban, et ce sont les matchs de classement de 17 à 32 qui l’attendraient la semaine prochaine. Une perspective impensable il y a quelques heures à peine.