Bilal Coulibaly : "Jouer cinq Jeux Olympiques"
Parvenez-vous à réaliser l’incroyable trajectoire qui a été la vôtre depuis quelques mois ?
En fait c’est après avoir passé les étapes que je réalise. Sur le moment je suis dans le feu de l’action et je joue.
Votre personnalité favorise-t-elle ce détachement ?
Clairement. Je ne me pose pas trop de questions. J’essaye du moins. Quand je le fais, ça ne va pas. Donc je vis le moment présent et ça se passe plutôt bien. Ce sont de bons moments ! Ce que je vis depuis un an et demi ça n’arrive pas à tout le monde. Je le prends de la meilleure des façons. Ce sont des rêves que j’accomplis. C’est juste du bonheur.
De nombreux prospects français ont été accompagnés de grandes attentes dès leur plus jeune âge. Avoir volé sous les radars pendant longtemps a-t-il favorisé votre épanouissement ?
C’est clair. J’ai grandi avec des gars qui eux ont grandi avec cette hype, comme Victor. Le fait que personne ne me connaisse, que lorsque je rentrais sur le terrain on ne s’attende pas à de grandes choses, c’est toujours plus simple. Tu joues ton jeu, tu ne stresses pas, tu ne te demandes pas ce que les gens vont penser si tu te rates.
Vos anciens entraîneurs en espoirs soulignaient à quel point votre entourage non plus ne pouvait imaginer votre réussite…
Mes parents ne s’y attendaient pas vraiment. Surtout ma mère. Elle ne suivait pas trop le basket. Elle n’avait pas les références, ne me voyait pas sur les réseaux, ou voyait d’autres jeunes. Donc elle pensait que je rêvais encore. Elle voulait absolument que je poursuive mes études. Elle m’a donné un an. Et j’ai tout fait en un an (il sourit) !
Comment jugez-vous votre première campagne avec les Bleus ?
C’est toujours compliqué de s’intégrer dans un groupe qui se connaît très bien. Mais ma personnalité fait que j’y arrive facilement. Tous ces gars sont de bonnes personnes, on a les mêmes sujets de conversation. Je n’ai connu qu’une seule campagne avec l’Équipe de France, en U18. Moi tant que j’ai mes coéquipiers, mes coaches, mon staff et ce dont j’ai besoin, ça me suffit. Je prends ce qu’on me donne. Sur le terrain j’arrive bien à m’adapter aux situations, ça facilite les choses. Je peux jouer avec ou sans la balle donc quel que soit le rôle que l’on va me donner je peux y répondre. C’était la même chose quand je suis passé d’espoirs à pro. C’est comme ça que je me suis fait ma place. En se concentrant sur les petits détails que les coaches apprécient. Je continue à le faire et petit à petit je prends confiance et on me donne de plus en plus de responsabilités.
Vous n’êtes pas à Paris, ne serez pas à la cérémonie d’ouverture et vous n’avez eu l’occasion de ne passer qu’une heure au stade de Lille. Parvenez-vous à ressentir l'ambiance olympique ?
Actuellement c’est difficile de réaliser. On ne voit pas toutes les équipes. Une fois qu’on sera à la salle et que les matches vont s’enchaîner, on va réaliser. Quand j’y suis allé pour la familiarisation j’ai été choqué. Ça m’a fait bizarre. D’un autre côté j’ai l’habitude de jouer devant pas mal de monde maintenant, donc je ne compte pas les sièges. Je sais juste qu’on va être poussés.
Pendant la préparation vous avez assisté au retrait de maillot de Tony Parker et à la 200e sélection de Nando De Colo. Quel regard portez-vous sur cette longévité ?
On en parlait justement avec Victor Wembanyama, Nicolas Batum et Nando De Colo. On leur demandait combien de Jeux Olympiques ils avaient disputés. On a calculé que si tout se passait bien on pouvait en jouer cinq à 36 ans. On se projette et on aimerait bien connaître la même carrière qu’eux.