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Najib Chajiddine : "J’ai reçu beaucoup de soutien"

Crédit photo : FIBA
Tom Thuillier - 04/03/2024
Après la Coupe du Monde, la Coupe d’Europe et le World Tour, l’arbitre Quimperois Najib Chajiddine a été désigné pour officier sur les Jeux Olympiques de Paris 2024.

Félicitations pour ta sélection aux Jeux Olympiques de Paris 2024. Comment tu as appris la nouvelle ?

J’ai appris la nouvelle via une notification sur mon téléphone. J’étais confiant parce que je savais que j’avais beaucoup travaillé ces deux dernières années mais j’étais aussi surpris car il n’y a pas eu de liste élargie. Je ne m’attendais pas du tout à avoir une désignation finale aussi rapidement.

Existe-t-il des critères particuliers concernant la sélection des arbitres pour les Jeux Olympiques ?

Aux Jeux Olympiques il y aura 11 arbitres titulaires et 3 réservistes. Il faut une équité homme/femmes et que l’ensemble des continents soient représentés. Aujourd’hui les meilleurs arbitres à mon sens sont en Europe, la concurrence est donc extrêmement rude.

Comment s’est passé le processus de sélection ?

Depuis 2 ans nous sommes évalués sur tous nos matchs. Les rencontres et les tournois sur lesquels tu es désigné représente un bon indicateur de performances. La Fédération Internationale de Basketball (FIBA) possède des listes où les arbitres sont classés de A à C en 3x3. Aujourd’hui il n’y avait aucun arbitre français sur la liste A qui regroupe les 12 meilleurs arbitres du monde. Je suis passé en liste A il y a quelques semaines, c’est pour cela que finalement j’était assez confiant par rapport à une possible sélection pour les Jeux Olympiques. C’est aussi une belle récompense car j’avais fait une bonne saison 2023.

Comment s’est passé la saison 2023 pour toi ?

J’ai le sentiment d’avoir beaucoup progressé la saison dernière, pour plein de raisons différentes. J’ai beaucoup travaillé, je n’ai pas arbitré de 5x5 de toute la saison pour me focaliser sur le 3x3. En décembre je me suis blessé trois jours avant la finale mondiale du World Tour à Jeddah en arbitrant un match de Betclic Elite à Lyon. C’était la première fois de l’histoire qu’un arbitre français devait officeir sur cet évènement majeur du calendrier 3x3, ce qui voulait dire que je faisais partie des meilleurs à ce moment-là. J’ai été opéré en janvier et j’ai cru que c’était game over pour les Jeux Olympiques.

Certains arbitres 3x3 continuent d’officier sur le 5x5 ?

Au niveau mondial il y en a quelques-uns. Je pense par exemple à Markos Michaelides (Suisse), mais la plupart se sont spécialisés sur le 3x3. Je ne suis pas encore spécialisé totalement dans le 3x3 car j’officie encore en championnat 5x5.

Qu’est ce qui change lorsque tu arbitres en 3x3 ?

Il y a une pression qui est différente. La pression est un peu plus forte en 3x3 à cause des prize money (222,000$ au total sur la finale mondiale du World Tour / 128,000$ au total sur un Master / 20,000$ sur un Challenger). Sur le World Tour il n’y a que 2 arbitres sur le terrain, le droit à l’erreur est encore plus réduit. On sent que certains joueurs jouent pour leur salaire à la fin du mois.

Le 3x3 aura lieu du 30 juillet au 5 août, Place de la Concorde. Comment va se passer la préparation pour toi et tes collègues ?

Le rythme va être très soutenu. Nous sommes suivis par les préparateurs physiques de la FIBA qui nous équipent de capteurs afin de récolter des données et nous suivre à distance. Nous avons aussi un programme de préparation physique quotidien à suivre jusqu’au Jeux Olympiques en complément des visio régulières. Le but sera d’avoir une certaine homogénéité en termes de prise de décision sur le terrain. Je me prépare mentalement aussi, la FIBA nous conseille fortement d’être suivi par un préparateur mental.

Et sur le terrain ?

Nous allons pouvoir officier sur les Tournois de Qualification Olympique (TQO) dans un premier temps. La FIBA nous fait venir deux jours avant la compétition pour avoir un temps de travail en commun. Il ne faut pas négliger ces compétitions qui sont extrêmement forte, voir plus forte, que le tournoi olympique en termes de pression car l’enjeu est énorme pour les nations présentes. Je vais donc faire les trois TQO (Utsunomiya, Hong Kong et Debrecen) ainsi que le Master d’ouverture du FIBA 3x3 World Tour à Utsunomiya. Il y aura ensuite le Master de Marseille et le Challenger de Clermont-Ferrand en France ce qui nous amènera déjà fin-juin.

Le fait d’être un arbitre Français pour des Jeux Olympiques à domicile ça doit être quelque chose de spécial non ?  

Enfaite c’est un peu paradoxal parce que tu représentes la France, le pays où tu es né et où tu as été formé mais quand on arrive sur le lieu de compétition on représente la FIBA et tu as l’obligation d’être totalement neutre. On ne peut pas se permettre d’encourager qui que ce soit mais ça fait partie du travail. C’est difficile d’avoir de l’ambition sur ces Jeux car je ne peux pas arbitrer la France et j’ai envi que l’Équipe de France aille le plus loin possible.

Comment ton entourage a réagi à ta nomination ?

J’ai reçu beaucoup de soutien de collègues, de joueurs et ça m’a fait chaud au cœur parce que je pense que les gens étaient contents qu’il y ai un arbitre français aux Jeux Olympiques surtout que ce n’était pas joué d’avance.

Avec un arbitre français parmi les douze meilleurs arbitres mondiaux, peut-on dire que la France est une nation qui compte dans le monde de l’arbitrage 3x3 ?

Non pas encore. Il faut qu’on arrive à se tirer vers le haut et avoir une forme d’homogénéité avec le groupe international d’arbitres français. Aujourd’hui on a des jeunes arbitres internationaux comme Mathieu Thierry, Marie Delacôte, Maxence Carrazedo et Jennifer Beaudevin. J’espère que je vais leur montrer la voie pour qu’ils arrivent à performer sur le très haut niveau international. Il faut qu’on progresse tous ensemble mais j’espère que ça va donner des ambitions aux autres arbitres français.