Stéphane Saminadin : « L’engouement n’est plus pour le 5x5 mais pour le 3x3 »
Après une première historique à l’Asia Cup en mars dernier, la Nouvelle-Calédonie s’apprête a disputer les Jeux du Pacifique (29 novembre – 1 décembre). Comment s’est passé votre préparation ?
Après l’Asia Cup nous avons été invités par les Australiens et les Néo-Zélandais. Nous sommes partis en stage de préparation en Nouvelle-Zélande une semaine avec deux équipes de huit joueurs que nous avons conclu par une participation à la Auckland Invitational Cup avec notamment l’équipe de Auckland qui avait participé au Master de Cebu sur le World Tour. On a créé des liens avec des équipes en Nouvelle-Zélande par le biais de Richard Billant qui nous a présenté pas mal de monde là-bas. J’ai sorti ensuit sorti la liste des 4 joueurs afin de disputer un ultime tournoi de préparation à Sydney lors d’une étape du Tour Pro Australien auquel on a été invité. On essaye de s’entrainer également en local avec mais on fait vite le tour, on est une petite île et il y a peu de joueurs donc on est obligé de s’expatrier pour progresser.
C’est la deuxième fois dans l’histoire des Jeux du Pacifique que le 3x3 est représenté. Quel sera l’objectif pour vous cette année ?
L’objectif c’est la médaille, on y va pour ça. Nous nous sommes bien préparés et on a mis toutes les chances de notre côté en disputant des rencontres internationales à l’étranger. C’était un conseil de Richard Billant de disputer un tournoi relevé avant d’aller aux Jeux du Pacifique. Les joueurs sont prêts, ils ont pu affronter des joueurs australiens et néo-zélandais professionnels donc en arrivant là-bas on pense être médaillable.
Qui sont les favoris cette année ?
En général, Guam possède pas mal de bons joueurs qui jouent au Japon, en Australie, en Amérique et qui reviennent pour l’occasion. Ils ont gagné les deux derniers Jeux du Pacifique en 5x5 et la toute première médaille d’or en 3x3 il y a 4 ans. Les Fijdiens ont également le même profil avec beaucoup de joueurs expatriés. On attend également une grosse opposition avec Tahiti qui est un peu notre rival français du Pacifique, ce sont toujours de belles confrontations. Après ça reste du 3x3, beaucoup d’équipes restent imprévisibles comme les Iles Marshall, la Papouasie Nouvelle-Guinée qui sont des nations qui peuvent avoir un ou deux joueurs qui vivent ailleurs et qui viennent pour les Jeux.
Avez-vous senti un engouement particulier autour du 3x3 après votre participation à l’Asia Cup, compétition phare du continent Asiatique ?
Le 3x3 est en train de monter de plus en plus. Les gens ne connaissaient pas, on a fait beaucoup d’efforts sur la communication depuis plus d’un an. Le fait de trouver des partenaires, des entreprises privées qui puissent nous aider à nous développer c’est important. Partir jouer des tournées à l’étranger est indispensable, on doit sortir plusieurs fois dans l’année pour qu’on devienne fiable au niveau du Pacifique. En Calédonie on est suivi de plus en plus et les gens nous connaissent maintenant. Depuis un an l’engouement n’est plus pour le 5x5 mais pour le 3x3.
Comment s’organise la pratique au quotidien et les entrainements de l’équipe nationale sur l’île ?
Aujourd’hui nous disposons d’un terrain de 3x3 mais nous le sortons qu’occasionnellement, la plupart du temps on s’entraine dans des gymnases. Les entrainements sont en commun filles et les garçons
Justement, comment s’est déroulé la préparation pour l’équipe féminine ?
On sait que c’est extrêmement difficile de rivaliser à l’Asia Cup. On a l’intention de repartir l’année prochaine au mois de mars mais uniquement avec les garçons. La marche était vraiment trop haute pour les filles l’année dernière. Les Jeux sont une très bonne occasion pour se jauger au niveau du Pacifique. Contrairement aux garçons elles ne sont pas allées se préparer en dehors de l’île, on pense qu’en jouant contre des équipes masculines à Nouméa c’est suffisant. Elles s’entrainent tout de même 4 à 5 fois par semaine avec les garçons. On fait venir des jeunes pour les faire jouer un maximum et nous permettre de développer notre vivier masculin en même temps.
Quelles équipes partent favorites chez les féminines cette année ?
La progression des équipes est énorme mais au niveau du Pacifique on ne peut pas trop savoir. Chez les filles les Fidji partent favorites selon moi, Tahiti a fait revenir deux filles qui jouent en métropole également. On part un peu dans le flou à vrai dire. L’objectif reste de sortir des phases de poules mais on ne sait pas trop pour la suite.
Est-ce que le fait de s’entrainer filles et garçons ensemble renforce le sentiment d’appartenance à un groupe ?
Il y a une super cohésion entre nous. On a fait beaucoup d’actions ensemble en dehors du basket pour ne pas tomber dans une routine. Nous avons fait du Taekwondo, de la boxe, du Va’a (la pirogue polynésienne). En dehors de renforcer la cohésion entre les garçons et les filles on s’est ouvert à d’autres disciplines, le Comité Olympique nous a d’ailleurs félicité pour ces échanges. Avec les garçons nous avons également réalisé quelques actions sociales. Nous n’avons pas d’hôpitaux qui traitent les grosses maladies en Nouvelle-Calédonie donc les malades sont évasanés sur l’Australie ou la Métropole en général. Nous avons profité d’être en Australie lors de notre tournée pour aller voir des enfants de chez nous hospitalisés.
Qu’est-ce qu’on ressent lorsqu’on s’apprête à disputer les Jeux du Pacifique avec l’équipe de Nouvelle-Calédonie ?
Pour les Calédoniens c’est une fierté. A l’échelle mondiale il y a les Jeux Olympiques et à plus petite échelle on a les Jeux du Pacifique qui englobe tous les petits pays insulaires du Pacifique. Dans certaines disciplines la Nouvelle-Zélande et l’Australie qui participent mais en basketball si ces deux nations se présentent ils vont écraser tout le monde et il n’y aura plus aucun intérêt. A notre échelle c’est nos mini-jeux olympiques, c’est une fierté d’aller représenter son île et de porter les couleurs des Cagou (c’est comme ça qu’on appelle les sportifs calédoniens). En basketball la dernière médaille d’or remonte à 2011 en 5x5.