Batman returns
Du pur Batum dans le texte. 10 points, 6 rebonds, 3 passes décisives, 3 interceptions et 1 contre. 20 d’évaluation en 27 minutes et la sensation, parfois, que l’ailier des Clippers était partout sur le terrain. "J’ai retrouvé un joueur que j’ai bien connu", estimait Vincent Collet en conférence de presse après le succès face à la Lituanie à Orléans. "En première mi-temps il a eu un abattage… Pendant trois minutes c’était l’inspecteur gadget." 48 heures plus tard, à Vilnius, il récidivait : 7 points, 5 rebonds, 7 passes décisives, 2 interceptions et 1 contre. 16 d’évaluation en 28 minutes. "Cela fait longtemps que je ne l’ai pas vu dans cette forme. Il est partout", souriait Vincent Collet. "Si on ne se rend pas compte de ce qu’il fait sur le terrain c’est qu’on n’aime pas le basket", ajoute Nando De Colo.
Des deux côtés du terrain, l’impact du deuxième joueur le plus capé des Bleus (160 sélections) derrière De Colo est une évidence. Dans sa capacité à toucher les ballons en défense, dans celle à faire vivre la balle en attaque. La France est une autre équipe avec ses tauliers en action et on comprend mieux, dès lors, pourquoi Evan Fournier n’avait pas hésité, à Montpellier, à souligner à quel point il avait été "saoulé" de leur absence à l’EuroBasket 2022. "Mais il faut passer par ces échéances sans les anciens. Je suis aussi passé par là et moi je suis sorti en huitièmes", glissait Batum dans un sourire, évoquant ainsi la sortie de piste prématurée de la Coupe du Monde 2010 lorsqu’il avait été propulsé, sans doute un peu tôt, leader de la sélection à 21 ans seulement.
Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts et Nicolas Batum est devenu le joueur français le plus médaillé de l’histoire. Six podiums et une collection complète de métaux précieux, de l’or (EuroBasket 2013) au bronze (EuroBasket 2015, Coupe du Monde 2014 et 2019) en passant par l’argent (EuroBasket 2011, Jeux Olympiques 2020). Autre marque historique, Batum va devenir dans quelques jours le seul joueur français à disputer quatre Coupes du Monde. "Rien n’est jamais garanti, ce n’est pas évident de gagner. Je suis conscient de la chance que j’ai d’avoir 6 médailles en Equipe de France", estime-t-il. "Quand je suis arrivé la première fois, pour jouer l’Autriche en juillet 2009, on n’était même pas qualifiés pour l’EuroBasket. Et pour ma dernière on était déçus de perdre en finale des Jeux. Le basket français a vraiment évolué et quand on voit les joueurs qui arrivent derrière, il a de très beaux jours devant lui. J’ai essayé d’apporter ma part. Il ne me reste plus beaucoup de temps à jouer avec ce maillot mais ça a été un bonheur de l’amener là où il est. Je vais essayer de gagner encore plus de médailles possibles avant de laisser la main à d’autres générations."
Le Normand n’a pas caché que les Jeux à Paris seraient sa dernière danse. Et pour mieux les aborder, il avait opté pour faire l’impasse sur la compétition continentale l’an passé. Les Bleus avaient malgré tout décroché l’argent mais sans que leur jeu collectif ne retrouve le liant vu à Tokyo. Une fluidité que la qualité de passe de Batum contribue largement à apporter. Une influence plus visible contre la Lituanie. "Depuis le début de la préparation j’étais plus sur la mise en place collective, notamment par rapport à Evan Fournier et la saison qu’il a connue", estime l’homme aux 993 matches NBA. "Je cherchais à ne rien forcer, je n’étais pas dans l’optique d’être agressif. Contre la Lituanie j’ai pensé que c’était le moment de passer la seconde."
Une nouvelle approche couronnée de succès et qui donne un aperçu des possibilités de l’Équipe de France cuvée 2023. "On a tellement d’armes que si défensivement on est bon, on va mettre 90 points sans mal", juge le capitaine qui ne cache pas ses rêves de grandeur, alors qu’il a fait partie des joueurs honorés pour le titre de champion d’Europe obtenu en 2013 : "C’est long 10 ans sans trophée… On a l’effectif pour faire quelque chose de grand."