Evan Fournier : "On ne peut pas être une grande équipe sans évoluer"
Après plus de dix ans en Équipe de France, savez-vous à quel point les préparations peuvent être menteuses ?
Les préparations ne veulent pas rien dire. Mais il faut tout prendre avec un peu de distance. Déjà parce que des équipes progressent pendant la compétition. Et surtout, tant que tu n’as pas goûté à la vraie adversité, tu ne sais pas comment le groupe va répondre. C’est souvent là où les équipes se rassemblent ou se désunissent. En dix ans d’Équipe de France, entre les médailles qu’on a obtenues et les mauvaises campagnes qu’on a pu avoir, il n’y a pas vraiment de corrélation avec les préparations. Je prends souvent l’exemple de l’EuroBasket 2017 où on a tout éclaté et cela ne s’est pas bien passé ensuite. Des Jeux Olympiques 2021 où c’était compliqué et une belle campagne derrière.
Comment vivez-vous les défaites et les difficultés notamment offensives du groupe ?
Ça ne fait jamais plaisir de manquer de repères et de sentir qu’on ne joue pas à la hauteur de notre potentiel. Qu’on ne soit pas assez ensemble. Ce qui est important c’est que l’on progresse. C’est une très bonne nouvelle d’avoir joué de bonnes équipes. C’est écrit qu’on va monter en puissance. Il ne faut pas faire une sur-analyse de ce qui s’est passé. Mais il ne faudra pas se rater contre le Brésil.
L’arrivée d’un joueur de la dimension de Victor Wembanyama entraîne-t-elle des ajustements bien plus importants que par le passé ?
J’avoue que cette année il y a plus de choses à corriger que d’habitude. Plus de choses à intégrer. Forcément tu changes la façon dont tu joues. Il y avait une façon de jouer assez constante depuis 2018 et aujourd’hui on doit intégrer de nouveaux joueurs. C’est le fonctionnement normal d’une sélection. Quand je suis arrivé en 2014 avec Rudy Gobert, Thomas Heurtel, Joffrey Lauvergne, il fallait tout recommencer. Et la préparation avait été en dents de scie. Au final on claque un bon résultat. Il faut savoir prendre son mal en patience, bosser et avoir la bonne attitude. On ne peut pas être une grande équipe sans évoluer, sans s’adapter.
D’un point de vue personnel, êtes-vous soulagé d’évoquer moins souvent vos longs mois sans jouer après avoir retrouvé les parquets avec les Pistons ?
Je trouve qu’on m’en parle toujours autant. Et pour être honnête je m’en fous. Ces deux dernières années à New York étaient très compliquées. Je suis pressé de regarder devant. Que je signe quelque part et que cela se passe bien.
En 2021 vous aviez vécu des Jeux sous Covid, trois ans plus tard vous êtes excentré à Lille sans pouvoir faire la cérémonie d’ouverture. Avez-vous la sensation d’être éloigné de l’expérience olympique ?
Il serait intéressant de demander aux autres joueurs, mais aux Jeux Olympiques de Tokyo, je me suis vraiment senti aux JO. Dans le village il y avait tous les athlètes. Notre calendrier ne nous permettait pas d’aller voir d’autres événements. En finale il y avait une tribune pleine de bénévoles. J’ai vraiment vécu les Jeux. Cette année, on ne va pas se mentir, c’est décevant de ne pas être à Paris, sur le site au cœur des Jeux. On ne va pas vivre les Jeux comme les autres nations. Il faut donc qu’on se démerde pour aller à Paris !