Paris 2024 : Objectif zéro ego
Vincent Poirier a salué une dernière fois ses coéquipiers dimanche matin. Alors qu’ils prenaient la direction du Kindarena pour une longue séance d’entraînement, le nouveau pivot de l’Anadolu Efes Istanbul s’est engouffré dans un van, portant une botte de protection pour soulager sa cheville touchée deux jours plus tôt.
Le groupe France est donc désormais réduit à 16 éléments à 72 heures de son premier match de la campagne 2024, face à la Turquie. Et dire que l’intensité est au rendez-vous est un doux euphémisme. "Je suis bien content de ne pas être sélectionneur", sourit Guerschon Yabusele. Vincent Collet peut craindre de se faire quelques nœuds au cerveau quand viendra l’heure, déjà imminente, de faire évoluer sa liste. Tous les internationaux ont pleinement conscience qu’ils sont face à une occasion unique. De celle qui ne se représentera plus dans une vie. Disputer des Jeux Olympiques à la maison.
Et la qualité des entraînements s’en ressent forcément, d’autant que, comme le glisse Jaylen Hoard, "il y a du talent partout." La concurrence est féroce, particulièrement sur les postes extérieurs, et pas un Bleu n’a abordé la préparation avec la certitude de voir Paris. "Les statuts il faut les laisser de côté quand tu arrives en équipe nationale. Et tes accomplissements en club les mettre par la fenêtre", insiste Evan Fournier. "A chaque sélection je me sens menacé. Rien n’est jamais garanti. Et cette année encore plus", abonde Andrew Albicy, tandis que le plus capé d’entre tous, Nando De Colo, qui flirte désormais avec les 200 sélections, s’interdit de jouer les guides olympiques pour les plus jeunes. "C’est un peu tôt. C’est compliqué d’évoquer ce qui va se passer quand on n’est pas sûr de faire partie de l’aventure."
Le niveau athlétique ahurissant de l’Équipe de France et le message clairement reçu par les joueurs que la défense était une priorité donnent lieu à des oppositions de haut niveau, où le talent fait parfois la différence, mais où chaque panier est contesté. "Le but est d’être la meilleure défense du tournoi. On met beaucoup d’énergie là-dessus à l’entraînement et ça se voit. Il y a des shoots ratés, peu de jeu de transition", décrit Elie Okobo.
La cohésion est l’autre maître mot de la campagne 2024 avec un objectif zéro ego affiché par Rudy Gobert lors du vrai coup d’envoi de la préparation. Depuis vendredi matin, les joueurs sous contrat NBA ont ainsi pu rejoindre leurs coéquipiers lors des entraînements collectifs et fait monter un peu plus un curseur pourtant déjà très haut à l’INSEP. "Par le passé, en respectant à la lettre les 28 jours autorisés par la NBA en amont des compétitons, dont des jours de repos et les déplacements, on a pu réaliser que c’était insuffisant. Peut-être pas pour Team USA, mais pour toutes les autres équipes au monde c’est impossible", a expliqué Vincent Collet à propos des dix jours passés dans le Bois de Vincennes pour familiariser les nouveaux venus à la sélection et mettre en place les bases d’un jeu forcément modifié par la présence, pour sa première compétition internationale, de Victor Wembanyama. "Des erreurs vont être faites", prévient Rudy Gobert. "Tous ensemble on doit trouver ce qui va nous rendre efficaces. Même si un mois c’est court on va pouvoir faire certaines expériences. Et certaines vont être un échec. D’autres des réussites. C’est comme de la chimie."
Le staff a encore quelques heures avant de présenter sa première mixture et le mystère plane plus que jamais autour de sa composition. "Les places sont chères", résume Isaïa Cordinier.