Euro U16F : une autre histoire
Il n’est jamais évident de succéder à une génération qui a survolé son championnat d’Europe pour décrocher une médaille d’or. D’autant plus lorsqu’une partie de ses leaders attendues fait défaut. C’est le défi qui se présente aux 2007 dont la raquette devait être unes des forces principales mais qui a vu Sarah Cissé, titrée avec un an d’avance avec un rôle important l’été dernier et Alicia Tournebize, MVP de la finale de la Coupe de France U18 avec Bourges, déclarer forfait sur blessure. Elles rejoignent Inès Zounia, Aminata Diagne et Chloé Rousseliere sur la liste des absentes, remettant en cause le style de jeu imaginé dans un premier temps par le staff technique. "On est humains et ce serait faux de dire que le staff ou moi-même, on n’ait pas été impactés par ça", admet le coach Arnaud Guppillotte. "Mais on ne va pas tout balancer aux orties parce qu'on a déjà des habitudes de travail sur certaines choses et ce sont des U16, pas des seniors. En début de préparation elles étaient encore dans un mode "on essaye de ne pas se tromper sur la forme", donc ça fait des trucs un peu chorégraphiques, un peu mal fagotés. On a réinstallé quelques nouvelles choses qui répondent à la nouvelle réalité de l'équipe. Comme un DJ, l'enceinte des basses a pété mais il faut quand même animer le dancefloor."
Pour ce faire, le staff technique s’est appuyé sur une préparation découpée en plusieurs blocs depuis le mois de juin. "Beaucoup d’équipes font des tournois à Noël, avec leur génération U16, se revoient au printemps et recommencent à l’été. Scinder la préparation nous permet de réajuster les choses en cas de problème alors qu’un seul bloc t’oblige à être dans le vrai tout de suite", explique Arnaud Guppillotte. A Saint-Dié pour viser l’OFAJ, à Poitiers puis Voiron avant un dernier tournoi en Espagne, les jeunes tricolores ont tout d’abord cherché à retrouver des sensations avant de poser les bases de leur identité de jeu. Les joueuses du Pôle France ayant terminé leur saison de NF1 mi-avril, une remise en route était nécessaire, d’autant que les U16, la dernière équipe nationale à disputer une compétition cette année, doivent s’adapter aux exigences du haut niveau européen. "La plupart découvrent la charge de travail, la charge mentale, la charge physique", admet leur entraîneur. Quatre 2007 avaient cependant participé à la campagne il y a un an et deux d’entre-elles avaient ramené l’or. Sans Cissé, Aïnhoa Risacher devrait prendre encore plus de responsabilités, alors qu’elle était déjà un membre de la rotation pour les championnes d’Europe (6,3 pts, 5,0 rbds en 19’). Mais longtemps blessée, la joueuse de l’ASVEL doit avant tout retrouver une forme optimale pour espérer impacter le jeu. "Elle n'a pas un tempérament de scoreuse, c'est une créatrice, pour les autres, une altruiste donc il faudra forcer sa nature." Justine Loubens et sa redoutable main gauche et la grande gabarit Lilyana Fontcha avaient longtemps accompagné le groupe et engrangé une expérience qui pourrait se révéler décisive à l’Euro.
Le jeu des comparaisons n’est que rarement le bienvenu et encore plus en 2023. "L’année dernière, tu avais l'équipe rêvée pour des U16, c'est à dire avec de la domination physique, domination tactique, domination technique, avec des arrières au-dessus. Ça, pour les U16, c'est génial", développe Arnaud Guppillotte. "La génération 2007 est beaucoup moins dense que la 2006. Néanmoins on a beaucoup de talent sur les postes 3, 4, 5, mais des joueuses qui ne sont pas encore dominantes. Ces joueuses-là, elles pourront dominer, mais pour l'instant, ce n'est pas tout à fait le cas." Six victoires sur l’Allemagne et la République Tchèque pour débuter la préparation ont démontré que le potentiel, notamment défensif, était bien présent et c’est sur ce plan que les joueuses sont attendues pour pouvoir être compétitives à Izmir. "On aura une équipe qui va devoir compenser par une vraie énergie défensive. Nous serons vraiment les outsiders mais il faut quand même avoir de l'ambition, mais une ambition mesurée par la réalité de la génération. Il y a des bonnes joueuses, mais on n'a pas de superstar."