Solides outsiders
En 2019, la génération 2003 avait atteint la finale de l’Euro U16. Elle comptait cependant dans ses rangs Ousmane Dieng, aujourd’hui en NBA, et un 2004 en passe de bouleverser le monde du basket de jeunes : Victor Wembanyama. Les deux hommes ne sont bien évidemment pas du voyage en Crète et c’est une escouade aux patronymes bien moins clinquants qui cherchera à redorer le blason d’une catégorie U20 qui n’a pu se glisser qu’une seule fois sur le podium depuis 10 ans. "Peut-être que cela nous aide à construire une identité d’une équipe qui a quelque chose à prouver", confirme Guillaume Vizade, qui n’a cependant pas fait de ce statut d’outsider le thème de campagne. "Certains l’ont en tête le diffusent de l’intérieur mais au début du stage je n’ai pas vu l’intérêt à jouer là-dessus. C’est bien pour faite monter l’intensité et l’agressivité mais cela peut te limiter pour progresser."
Nouvellement nommé à la tête de la sélection, et accompagné d’un staff 100% LNB (Mickaël Hay, Thomas Andrieux), l’entraîneur de Vichy a tenu à faire les choses dans l’ordre, référençant tous les joueurs éligibles à la catégorie avant de réduire sa liste à une vingtaine de candidats. "C’est une équipe assez homogène et pour performer il faudra que les valeurs collectives soient au premier plan. Nous n’avons pas forcément beaucoup de joueurs qui ont disputé une compétition internationale dans un rôle majeur." Ceci d’autant plus que les U20 ont enregistré deux forfaits d’importance dans le secteur intérieur suite aux blessures de Brice Dessert et Enzo Shahrvin qui ont joué des rôles importants cette saison en Betclic Elite. "Ça fait 250 kilos en moins", tente de sourire Guillaume Vizade qui souligne que ses troupes devront trouver des solutions sans la puissance brute de ces deux pivots. Des absences qui vont pleinement responsabiliser la grande curiosité de l’été 2023 : le retour en sélection de Maxime Raynaud. Ce très grand gabarit, partenaire de jeu de Wembanyama à Nanterre, évolue depuis à Stanford et semble avoir largement progressé. "Maxime a beaucoup évolué depuis deux ans. Physiquement il s’est transformé en gagnant en mobilité et en force pure tout en continuant de développer son tir extérieur", positive Vizade qui compte également sur un autre exilé NCAA, qui lui, en revanche, n’a quasiment pas joué depuis son départ à Arizona en 2021 : Adama Bal. "Adama a un potentiel indéniable et a besoin de prendre du rythme et de la confiance, notamment par rapport à certains tirs qu’il n’avait pas le droit de prendre. C’est une grosse bouffée d’oxygène pour lui de venir en Equipe de France", juge son entraîneur à propos de l’arrière qui vient d'être transféré à Santa Clara.
Si quelques interrogations subsistent autour de l’impact des universitaires, les certitudes sont plus évidentes du côté des joueurs qui ont évolué en Pro B. Illias Kamardine et Hugo Mienandi étaient déjà de l’Euro l’an passé, tandis que Nathan De Sousa a pris une nouvelle dimension en Alsace. "Ça se ressent dans leur manière de s’entraîner et dans la maîtrise de leurs outils techniques avec la capacité à orienter le jeu sur leur force", estime Guillaume Vizade sur ces jeunes professionnels. "Et quand l’intensité va monter j’ai la garantie qu’ils vont répondre présents." L’intensité est également le point fort d’Armel Traoré qui a terminé la saison en trombe avec les Metropolitans ou de Kenny Kasiama, un des 4 éléments présents il y a un an. "Ces joueurs permettent d’amener un peu de connaissance du niveau européen et du rythme très particulier avec 7 matches en 9 jours."
Un enchaînement qui pourrait favoriser un groupe où la défense sera encore une fois un point fort, tout comme une dimension athlétique qui ne "doit pas empêcher de développer un basket intelligent" et une homogénéité qui doit constituer un point fort. "Je pense qu’il faut qu’une hiérarchie, une colonne vertébrale mais autour de ça vont graviter des joueurs qui auront des performances variées", insiste Guillaume Vizade qui a composé avec des arrivées étalées lors du début de la préparation. "On cherche des complémentarités, des fonctionnalités. Qui dans les réseaux défensifs fonctionnent bien ensemble ? Qui colle à ce qu’on veut proposer dans le jeu ? Notre ADN d’équipe est défensif avec une recherche du jeu de transition encore très importante chez les jeunes. Et je trouve que nous avons un degré de plus dans le partage du ballon par rapport à l’an passé." Le parcours des U20 s’était arrêté en quarts de finale. Ils chercheront à intégrer le dernier carré lors de leur expédition crétoise.