U19F : Conquérir le Monde
Chez les féminines, les Equipes de France jeunes sont des collectionneuses patentées de médailles. Mais la Coupe du Monde U19 échappe historiquement à sa boulimie de podium. La France n’a ainsi remporté qu’une médaille (d’argent) en 14 éditions. La finale disputée, et perdue, face aux Etats-Unis, remonte à 2013 et les Bleuettes restent sur une non qualification en 2019 et une 10e place en 2021. La génération 2004 est cependant prête à relever le défi, elle qui reste sur une troisième place l’été dernier à l’Euro U18. "Il faut avoir de l’humilité et je m’attends à un niveau mondial très dense", prévient Julien Egloff. "La Coupe du Monde U19 c’est la compétition la plus relevée chez les jeunes."
Le technicien tricolore est bien placé pour évoquer la compétition puisqu’il guidera des jeunes femmes avec qui il travaille parfois depuis 2021 et un Challengers U18 qui avait relancé la machine après un arrêt dû au Covid. "Et nous avons plutôt été dans la performance", glisse-t-il. Du groupe monté sur le podium il y a un an ont notamment disparu Marine Dursus et Elena Zemoura. Cette dernière, capitaine de l’équipe, a subi une lourde blessure au genou en novembre. La première, élément important de la rotation malgré son année d’avance, a évolué avec sa génération en U18.
L’Equipe de France compte cependant sur le plus gros prospect féminin du moment, Leila Lacan. L’ancienne élève du Pôle France, responsabilisée en LFB avec Angers (10,4 pts en 28’), est parvenue à gagner sa place dans l’effectif des A pour l’EuroBasket Women. Et même si son rôle n’a pas été majeur, son expérience au plus haut niveau est un atout de taille en perspective de la Coupe du Monde. "Elle a eu l’opportunité de vivre une superbe expérience très tôt avec les A", souligne Julien Egloff. "Elle est très motivée et déterminée à apporter son leadership dans le projet U19. Leila n’a fait qu’un bout de la préparation mais elle connaît très bien sa génération donc ce n’est pas un problème." D’autres éléments ont ainsi eu l’occasion de gagner en leadership en son absence au sein d’un ensemble où 12 mois n’auront pas radicalement fait évoluer la hiérarchie
Deuxième meilleure évaluation de l’équipe à l’Euro U18, Anaëlle Dutat a rejoint l’incroyable colonie française de Rhode Island (6 joueuses dans le roster !). En NCAA elle aura très peu marqué (2,5 pts) mais sa présence au rebond (6,7 prises) lui aura garanti un temps de jeu conséquent pour une freshman. Des minutes qui n’ont pas toujours été au rendez-vous pour ses coéquipières internationales. "La moitié de l’équipe n’a pas beaucoup joué cette année. La préparation a été faite pour faciliter l’accès au terrain", précise leur entraîneur. Une défense agressive, la gestion du rebond et le lancement du jeu de course étant les priorités du staff technique, Julien Egloff porte un œil particulièrement attentif à son secteur intérieur. "Certaines n’ont pas beaucoup couru", sourit-il. Jess-mine Zodia (55 minutes en LFB sur l’ensemble de la saison) n’a fait que des apparitions sporadiques avec Bourges. Rosanne Le Seyec et Amina Traore sont parvenus à intégrer la rotation de deux solides équipes de l’antichambre à Champagne Basket et Charnay. "Elles sont assez lucides sur ce qu’elles ont produit et cela a développé un niveau de motivation important", positive Egloff qui annonce tout à la fois "ambition et prudence" pour la campagne mondiale.
Logique compte tenu d’un tirage au sort qui n’a pas épargné ses troupes. Dès la phase de poule, la France sera ainsi opposée à l’Espagne et l’Australie. Et le quatrième du groupe aura rendez-vous dès les huitièmes de finale avec les Etats-Unis (9 finales consécutives et 8 titres depuis 2005), un croisement que toutes les équipes cherchent à éviter à tout prix. "On s’est mis en mode outsider. On chassera les équipes les unes après les autres", prévient le coach qui comptera également sur la capacité de ses lignes arrières à créer le chaos chez ses adversaires. Le duo du Pôle France Manoe Cissé-Fatoumata Touré va se reformer après un an sur les parquets professionnels, la première de manière anecdotique à Villeneuve d’Ascq, la seconde avec un rôle majeur en LF2 à Monaco. La surprise pourrait venir de Lisa Cluzeau, très performante en NF1 et Daniela Dibanzilua, même si tous les regards seront bien évidemment tournés vers Leila Lacan, dont Julien Egloff estime que la Coupe du Monde lui permettra de "franchir encore un cap." Lors du tournoi de Nice, Lacan a déjà été élue MVP malgré un temps de jeu réduit.
Arrivées à Madrid lundi dernier, les U19 s’acclimate à la chaleur (38 degrés dans la salle pendant la semaine) avant de lancer leur compétition samedi à 20h45 contre l’Argentine.