« Ce n’est plus vraiment le même basket »
Vous avez été joueuse de 1965 à 1986, puis entraineur de 1987 à 1994, puis responsable du Pôle espoirs de Bretagne de 1999 à 2002, aujourd’hui êtes-vous toujours en contact avec le milieu du basket ?
Franchement depuis 2-3 ans j’ai pris un petit peu de recul avec le basket, mais je suis toujours passionnée, je regarde toujours des matches. On a eu la chance qu’un club breton accède à la Ligue Féminine, je suis allée voir beaucoup de matches à Landerneau. Mais depuis deux ans, c’est vrai que c’est un peu plus compliqué en raison de la crise du COVID notamment. Et puis, j’aime bien faire d’autres choses aussi, j’ai un van, je pars souvent en vadrouille en Bretagne ou ailleurs en France.
Est-ce important pour vous de partager votre expérience ?
J’ai beaucoup partagé lors de la renaissance du Club des Internationaux. En tant que membre ça m’a permis de créer un lien avec les générations actuelles, ce qui n’était pas du tout le cas à mon époque. Moi, quand j’avais 25 ans, je ne connaissais quasiment aucune joueuse qui m’avait précédée dans les décennies précédentes. Aujourd’hui ce n’est plus le cas, car il y a ces échanges qui existent. Je suis allée remettre des maillots plusieurs fois aux joueuses de l’Équipe de France, on a partagé des choses, les anciennes avec les jeunes. Donc, c’est vrai que maintenant les jeunes connaissent un peu plus les anciennes. Après transmettre, le basket a beaucoup évolué, il ne faut pas se le cacher. Le basket qu’on jouait il y a 30 ans ce n’est plus du tout le même maintenant, même si bien sûr c’est toujours le même jeu avec le même ballon, les mêmes paniers et le même terrain. Mais ce n’est plus vraiment le même basket. Je n’aurai pas idée de transmettre quoi que ce soit mais cela a pu m’arriver de temps en temps de discuter avec des joueuses actuelles et de dire des choses de façon plus informelle. Je n’ai pas de conseil à donner à qui que ce soit. Je suis plus dans l’échange que dans la transmission d’un savoir.
Pourtant vous avez écrit un livre sur la pratique du basket pour les jeunes, c’est une façon de transmettre non ?
J’ai écrit ces livres, car à l’origine, ce sont deux bouquins différents, car je me suis aperçu que les entraineurs étaient souvent en déficit d’informations sur les spécificités de l’entrainement des enfants. J’ai donc écrit ces deux livres, un plus sur le MiniBasket sorti en 2006 et l’autre sur les jeunes sorti en 2009. L’an dernier, l’éditeur m’a appelé en me disant qu’il y a de la demande par rapport à mes livres et il m’a proposé de les rééditer en un seul format. L’objectif c’était vraiment de donner un outil aux entraineurs.
Vous aviez déjà écrit des livres avant ceux-là ?
Avant j’avais écrit des livres oui, mais c’était de la Poésie, donc rien à voir. J’ai un goût pour l’écriture, j’ai fait quelques articles pour Basket Retro ou pour le Club des Internationaux. Donc oui, de temps-en-temps je m’y colle un peu. Faut avouer que cela a été un travail assez long, et assez fastidieux, y’a beaucoup d’exercices, il a fallu collecter tout cela et les mettre en page. Mais c’était super intéressant, franchement je me suis régalée à faire ces deux livres.
Il y a aussi la transmission des valeurs comme celle de l’amour du maillot tricolore. C’est quelque que chose qui doit être sans cesse être entretenu selon vous ?
L’amour du maillot a toujours existé, en tous cas chez les filles, on n’allait pas en stage parce que nous nous sentions obligées d’y aller. Toutes les joueuses avec lesquelles j’ai joué, elles allaient en Équipe de France parce qu’elles avaient envie d’y aller. L’amour du maillot d’une part, mais c’était aussi le fait d’être internationale, le fait de pouvoir rencontrer d’autres équipes, le fait de faire des compétitions de haut niveau. Je n’ai jamais vu, ni entendu, une seule joueuse qui n’avait pas envie d’aller faire des stages ou qui n’avait pas envie d’aller en Équipe de France. Personne nous obligeait à y aller si on ne voulait pas y aller.
Les récentes médailles des Bleus ça vous inspirent quoi ?
Les médailles des Bleus ça c’est cool, on ne va pas dire le contraire. Moi, je suis juste un peu frustrée à titre personnel car à mon époque, il n’y avait que 6 équipes aux jeux c’était très peu dont deux qualifiées d’office. Donc pour se qualifier pour les Jeux c’était quasi-mission impossible, mon grand regret c’est de n’avoir jamais pu participer aux Jeux. Donc forcément je suis super contente pour celles qui peuvent y aller maintenant et qui en plus y font des résultats. En plus, y’a des joueuses que j’apprécie beaucoup, qui m’emballe carrément comme Marine (Johannes). Bon Marine, tout le monde l’adore, mais je trouve qu’elle a un style de jeu qui est super agréable. Y’a d’autres joueuses que j’apprécie aussi. C’est une équipe qui est super agréable à regarder, qui a des joueuses fortes à tous les postes. C’est très équilibré, le basket a évolué, et elles font des médailles c’est super ! Je suis un peu jalouse !
Cathy Malfois en bref
Née le 5 août 1955 à Paris
Arrière
166 sélections et 1713 points en Équipe de France de 1972 à 1987
- 1 Mondial
- 4 Championnats d’Europe
Carrière joueuse :
1965-1974 : Clermont UC
1974-1975 : Monaco
1975-1976 : Toulon
1976-1977 : Gdansk (Pologne)
1977-1978 : Toulon
1978-1979 : Gdansk (Pologne)
1979-1981 : Clermont UC
1981-1986 : AS Montferrand
Carrière entraineur :
1987 : Assistante Équipe de France Juniors Féminine
1987-1988 : Besançon (NF3)
1988-1992 : Bourges
1992-1994 : Châteauroux (NF3-NF1B)
1999-2002 : Responsable du Pôle Espoirs de Bretagne
2001 : Assistante Equipe de France A’ Féminine
Palmarès joueuse :
Championne de France : 1971, 1972, 1973, 1979, 1981
Palmarès entraîneur :
Coupe de France (1990, 1991)
Championne de France N1B (1991)
Championne de France N2 : 1995
Distinctions individuelles :
MVP du championnat de France : 1985 et 1986
Elue dans le meilleur 5 du Championnat d’Europe 1977
Meilleure jeune sportive (tous sports confondus) de l'année 1972
Elue à l’Académie du basket : 2008