Les Bleus en bronze
Le match pour la troisième place est souvent une guerre psychologique. Le moins usé, le moins déçu, le plus concerné l’emporte. Apparue épuisée et abattue, l’Australie a, dès les premières minutes, démontré qu’elle était impatiente de mettre un terme à une triste série qui l’avait vu quitter plusieurs compétitions sur une quatrième place, les précédents olympiques de Séoul, Atlanta, Sydney et Rio restant un traumatisme pour le basket australien.
Joueurs et coaches avaient insisté sur la nécessité de placer la rencontre de dimanche sur un autre terrain que celui de la phase de poule, transformé en une orgie de points qui avait finalement été fatale aux Bleu. Ils l’ont fait mais ont trouvé sur leur passage un spécialiste du sale boulot et des coups de vice. Matthew Dellavedova est vite entré dans les têtes françaises, frustrant Evan Fournier, provoquant Rudy Gobert et s’effaçant de l’autre côté du terrain au profit de Patty Mills, pile électrique en mouvement perpétuel qui inscrivait 8 des 10 premiers points de son équipe pour mettre les Boomers sur de bons rails (4-10).
Vincent Collet concédait à la veille du match que son équipe n’était pas la plus difficile à scouter et partageait avec la presse son inquiétude de voir l’Australie s’adapter au festival de son duo d’arrières Fournier-De Colo, auteur de 57 points lundi dernier. L’annonce était prémonitoire, Baynes et Bogut plantant leur tente sous le cercle pour contester les pénétrations. Une nouvelle fois, Rudy Gobert ne servait que de courroie de transmission en tête de raquette et ne prenait son premier tir qu’à la dernière seconde de la première mi-temps. Avec un famélique 25% de réussite aux tirs, les Bleus rentraient la tête basse aux vestiaires. L’Australie avait tiré un feu d’artifice il y a six jours à Nankin, elle a sorti la boîte outils à Pékin.
15 minutes de repos qui ne changeait pas la donne. Mills bien contenu c’est Joe Ingles qui alimentait la marque, poussant l’avantage des siens jusqu’à 15 longueur (25-40). Un panier à trois-points de Fournier semblait alors débloquer la machine tricolore. Nicolas Batum se démultipliait des deux côtés du terrain pour lancer Poirier au dunk, contrer Baynes ou s’élever à 6,75 m. En sept minutes, l’Equipe de France signait un spectaculaire 25-6, renversant totalement la tendance.
La balle voyageait à nouveau, la course faisait son apparition et Nando De Colo prenait les affaires en main pour garantir un money-time étouffant. Les changements de leader se multipliaient dès lors, Andrew Albicy faisant office d’invité surprise dans l’attaque française. Ses trois tirs primés se révélaient décisifs dans les six dernières minutes. L'Australie au bout du rouleau n'avait plus l'énergie pour donner un ultime coup de rein.
Après 2014, l'Equipe de France retrouve un podium mondial. Une médaille et une qualification olympique qui lui ouvrent de douces perspectives.