L’Euro en ligne de mire
35 joueurs différents ont participé pour la France aux qualifications pour la Coupe du Monde ou à l’EuroBasket. Pour un bilan de 13 victoires et 3 défaites. Aucun autre pays européen ne peut se prévaloir d’une telle réussite et ce bilan souligne la grande qualité des joueurs français et la profondeur du réservoir tricolore. Les défaites de la Grèce, de l’Espagne, de la Lituanie et de la Serbie lors de cette nouvelle fenêtre démontrent à quel point l’exercice est périlleux pour les meilleures nations du Continent.
Il y aurait beaucoup à dire sur la pertinence de ces phases de qualification en plein cœur de la saison. Et beaucoup a été dit. Si l’idée d’offrir au public (en temps normal) la possibilité de voir son équipe nationale évoluer à domicile est louable, la mise en pratique se heurte aux réalités d’un basket mondialisé dont les rapports de force sont bien éloignés de ceux du football, qui met en pause ses championnats pour que Neymar, Mbappe et autre Messi rejoignent leur sélection.
L’Equipe de France a parfaitement su s’adapter à des circonstances particulières et ceux qui l’ont représentée à Pau ont, une nouvelle fois, parfaitement rempli leur mission. A deux rencontres de la fin des qualifications, la route pour l’EuroBasket est dégagée. Il faudrait un effondrement dans les grandes largeurs pour que les Bleus ne voient pas la compétition continentale dans 22 mois, même si la victoire de la Grande-Bretagne sur le Monténégro rend la chose légèrement plus incertaine.
Contre l’Allemagne, comme en février dernier, les Tricolores ont attaqué la rencontre sur un tempo assez éloigné de leurs standards. Après sept minutes de jeu, ils affichaient un 9/11 aux tirs tandis que l’Allemagne pointait à 8/12. Une orgie offensive peu en phase avec le discours sur l’identité défensive tenu par le staff technique. Si Andrew Albicy à l’extérieur et Mathias Lessort dans la raquette faisaient du petit bois de leur adversaire direct, les Français souffraient tout autant dans les duels.
En difficulté pour tenir leurs vis-à-vis, parfois inattentifs dans le contrôle du rebond, ils laissaient les hommes d’Henrik Rödl installer relativement paisiblement leurs systèmes. Ces derniers restaient constamment dans la roue avec une belle répartition des points et une confiance retrouvée après leur défaite vendredi contre le Monténégro.
Les murs des vestiaires ont quelque peu tremblé à la pause (42-41) et sans surprise les débats se durcissaient. Les arrières français montaient d’un cran leur intensité sur les porteurs de balle et de l’autre côté du terrain, Lessort continuait d’imposer sa puissance près du cercle. Seules ses difficultés aux lancers-francs (3/8) l’empêchaient de faire totalement fructifier son travail de sape.
Les courses et la fluidité envolées, les passages sur la ligne se multipliaient lors du troisième quart-temps. Un exercice dans lequel la France laissait échapper trop de munitions pour espérer créer le moindre écart (61-59, 30’). C’est un passage en mode char d’assaut de Jerry Boutsiele qui allait faire la différence. Le pivot du CSP se fendait de 7 points consécutifs pour lancer le money-time. Après la puissance, c’est l’adresse qui prenait le relais, servie par Yakuba Ouattara. L’appelé de dernière minute, débarqué de Séville mardi, enchaînait dunk et tir primé pour donner de l’air à son équipe (75-65). Il poursuivait son chef d'oeuvre pour terminer à 24 points, son record international. Un moment bousculée, l'Equipe de France a trouvé les ressources pour quitter Pau le coeur léger. L'EuroBasket lui tend les bras.