Pas de panique, pas d’excuses
La préparation aux Jeux Olympiques, réduite à sa plus simple expression, s’est conclue sur une troisième défaite en autant de rencontres pour l’Equipe de France. En prenant en compte le revers face à la Grande-Bretagne en février dernier, les Bleus restent donc sur quatre revers de rang, une situation inédite depuis… 2016 et la préparation olympique de Rio. A l’époque les hommes de Vincent Collet avaient également laissé filé leurs trois derniers galops d’essai, en Argentine, et n’avaient pas redressé la barre une fois le tournoi lancé, face à l’Australie. Le défi est de taille pour ne pas répéter pareil scenario puisque ce sont les Etats-Unis qui seront les prochains adversaires des Tricolores dimanche prochain, à Saitama.
L’heure était ainsi à l’introspection et à l’appel à la mobilisation au moment de quitter la banlieue de Tokyo pour reprendre la route d’Oshino. Le manque d’entraînements, le décalage horaire, l’arbitrage ou l’absence de Frank Ntilikina (préservé par précaution du fait d’une petite gêne musculaire), Evan Fournier ne voulait retenir aucune de ces circonstances atténuantes au moment d’analyser la première mi-temps catastrophique livrée contre le Japon : "On va mettre ça sur le compte de la mauvaise préparation individuelle. C’est ma faute, celle des titulaires, des leaders. Ça montre qu’on n’a pas de marge, même contre le Japon." Nicolas Batum, dont c’était le deuxième match lors de cette campagne, était sur la même longueur d’ondes : "On ne va pas utiliser d’excuses. Nous n’avons pas mis de rythme et quand c’est le cas à haut niveau tu as des problèmes."
Les Japonais ont pleinement exploité cette légèreté et ont signé un succès historique qu’ils ont failli laissé échapper lorsque la France a haussé le ton en termes d’intensité. "Cette rencontre a eu deux visages", regrettait Vincent Collet. "En première mi-temps nous étions totalement absents : aucun rythme, aucune agressivité. Malheureusement on a été incapables d’endiguer leur vitesse collective. Ils bougeaient, ils étaient percutants. Ensuite nous avons réagi. C’est une piqûre de rappel qui doit impérativement appeler une réponse. Ce n’est pas normal d’avoir eu ce comportement en première mi-temps." Un avertissement auquel le staff technique aurait voulu répondre à l’occasion d’une ultime rencontre mardi face à l’Italie mais l’intransigeance du gouvernement japonais a fait capoter l’organisation initialement prévue. "Il faut faire avec cette annulation. On fera un scrimmage entre nous pour trouver du rythme pendant la semaine. Nous n’avons pratiquement pas travaillé avec Thomas Heurtel, Nicolas Batum et Rudy Gobert. On ne rattrapera pas tout le temps perdu mais il faut garder espoir."
C’est une réponse individuelle et collective que doivent désormais proposer les Bleus lors des quelques séances d’ici à leur départ pour le village olympique jeudi. Ils auront alors sans doute effacé les derniers effets du décalage horaire et retrouvé des jambes qui leur ont cruellement fait défaut à Saitama. "C’est probablement la première nuit où nous avons dormi à peu près correctement", souligne Vincent Collet. "Cela fait partie de l’explication mais on ne peut pas s’en satisfaire. Si on ne s’intéresse qu’aux causes externes on ne va pas progresser." Un appel reçu cinq sur cinq par les cadres. "L’important c’est savoir comment on va se servir de ce match", insiste Nicolas Batum. "On a une grosse semaine pour être prêts. C’est inédit d’avoir aussi peu de matches et c’est là qu’il faut être encore plus soudés et solidaires. Pas besoin de paniquer. D’autres vont le faire pour nous. Le bruit extérieur on s’en fout. Je trouve qu’il y avait beaucoup de discussions constructives et calmes dans le vestiaire." En le quittant dimanche, Evan Fournier lançait un dernier rappel à l’ordre : "C’est chiant de ne faire que trois matches de préparation. Il va falloir qu’on se mette en tête d‘aborder les entraînements comme un match. Habituellement c’est en dessous. On se connaît, on connaît nos systèmes. Là il faudra faire un effort supplémentaire. Il faut se rendre compte des signes que ce match nous envoie."