Coupe du Monde FIBA 2014
"Personne n’y croyait sauf nous"
Bellenger/IS/FFBB
Julien Guérineau (à Madrid) - 11/09/2014
Les acteurs de ce qui restera comme l'un des plus grands exploits du basket français ont savouré l'espace de quelques minutes avant de se projeter vers la demi-finale de la Coupe du Monde, vendredi face à la Serbie, impressionnante de facilité contre le Brésil.
Heureux ils l'étaient tous assurément. Mais euphoriques pas du tout. Les joueurs de l'Equipe de France savent qu'ils viennent de marquer l'histoire du basket français mais sont tout aussi conscients de l'opportunité qui se présente désormais à eux. "Je suis très heureux mais je veux penser à la suite. Nous sommes vraiment très proches d’une médaille. Ce soir nous avons fait un exploit mais ça ne veut pas dire que la suite sera facile", tempérait Joffrey Lauvergne, qui a régné sur le rebond avec son compère Rudy Gobert, ravi d'avoir appliqué à la perfection le plan de jeu préparé par le staff : "Ils nous attendaient et ils voulaient leur revanche. C’est une équipe avec cinq superstars et un banc très fort. Mais même quand ils sont passés devant nous n’avons jamais craqué. On ne leur a rien donné de facile. Sans perte de balle et avec le repli cela les a privés de contre-attaques. Ils n’avaient que des shoots compliqués qu’ils n’ont pas mis. Moi dans la raquette je savais que ma mission c’était de contenir Pau et de prendre tous les rebonds." Son contre magistral sur le futur pivot des Bulls restera sans aucun doute comme l'une des images du Mondial.
Pour les cadres qui ont connu quelques cruelles défaites face aux Espagnols, la victoire est particulièrement douce. "Venir les battre chez eux c’est formidable", glissait Mickaël Gélabale. "Ce soir il faut savourer mais demain en se réveillant il faut se dire qu’on a trois chances sur quatre d’avoir une médaille." Boris Diaw n'a d'ailleurs qu'une seule idée en tête, monter sur le podium dimanche soir. "Dès le début de la préparation nous avions dit que l’objectif était d’aller chercher une médaille pour la France. On s’est offert deux chances d’y arriver. Donc on va savourer avant de nous re-concentrer sur cet objectif. On n’a jamais parlé de la couleur donc maintenant essayons d’aller le plus loin possible.
Nous y avons cru. Mon sentiment ce soir c’est de la fierté par rapport à cette équipe. Tout le monde a élevé son niveau de jeu."
Un an après Ljubljana, la France a encore frappé fort. Plus fort encore sans doute puisque si elle était diminuée, elle avait face à elle une formation qui récupérait l'ensemble de ses forces vives. "Pour nous c’est une vraie revanche par rapport à 2012 et aux Jeux Olympiques", souriait Nicolas Batum. "Ce n’est pas la même équipe que l’année dernière. Là ils sont au complet. Donc c’est pour tout le basket français. Et je sais que lorsque je vais rentrer au vestiaire, Tony Parker va m’abreuver de messages."
Vincent Collet, dont la préparation tactique et le coaching ont été un modèle du genre, frisait quant à lui le mystique en conférence de presse, indiquant aux journalistes qu'il "avait vu le soleil d'Austerlitz en ouvrant mes rideaux ce matin". Et en les refermant cette nuit une image traversera sans doute son esprit : "Je ne rêve que d'une chose, jouer les Américains dimanche."