Une simple formalité
Jeudi soir il n’a fallu que 95 secondes à Nestor "Che" Garcia pour piquer une de ses colères légendaires. Un temps-mort rapide pour exprimer dans un style très personnel son incompréhension quant au début de match de ses protégés. L’Allemagne avait pris son adversaire de haut il y a deux jours. Erreur fatale que les Bleus n’ont pas commise. Bien au contraire. Hyper concentrés défensivement ils ont étouffé les Dominicains, s’offrant rapidement du jeu rapide et des paniers faciles. Un 10-0 initial qui donnait le ton. Une mise au point signée Evan Fournier et Rudy Gobert. Les deux leaders sont en mission à cette Coupe du Monde et leur niveau d’investissement est contagieux.
Le pivot du Jazz rentre dans la tête de ses adversaires. Il évoquait récemment ses "contres invisibles", aussi redoutables que les réels. Ces refus de tirs provoqués par sa seule présence. Les Dominicains en ont fait les frais, réduits à un famélique 3/16 aux tirs lors du premier quart-temps. Une tendance qui n’a pas évolué lorsque Vincent Collet a ouvert son banc. C’est cette fois la paire Vincent Poirier-Mathias Lessort qui a marché sur les Caribéens. Un attelage encore plus responsabilisé du fait de la blessure de Louis Labeyrie, indisponible pour la rencontre. Les deux compères ont vite trouvé l’équilibre, Lessort jouant 4 en défense et 5 en attaque où sa puissance a fait des ravages. La "finale" du groupe a vite tourné à la démonstration, les Bleus affichant une remarquable alternance intérieure-extérieure à l’image des deux tirs primés d’Axel Toupane qui faisaient gonfler l’écart jusqu’à +16 avant la mi-temps (41-15).
Le BaySports Centre sombrait dans la torpeur tant la domination française était évidente, jusqu’à une échauffourée cinq minutes après le retour des vestiaires. Un écran appuyé de Rudy Gobert mettait le feu aux poudres, Eloy Vargas bousculant Evan Fournier après le coup de sifflet. L’arrière du Magic jetait la balle sur ce dernier avant qu’Amath M’Baye ne vienne participer à l’accrochage. Une parenthèse ponctuée d’une technique et trois anti-sportives qui grippait la belle machine tricolore. Un très court instant cependant. Nando De Colo et Fournier reprenaient le contrôle des opérations et la France pouvait tranquillement dérouler et reposer ses cadres ans l’optique d’affrontements beaucoup plus acharnés (70-40, 30').
Vendredi matin, l’Equipe de France a rendez-vous à l’aéroport de Shenzhen pour rejoindre Nankin. Elle y retrouvera la Lituanie et l’Australie qui ont livré un duel de très haut niveau pendant que les Bleus désossaient la République Dominicaine. Il faudra battre un de ces deux gros bras pour voir les quarts de finale. Et vraisemblablement les deux pour décrocher la première place.
En attendant, l’histoire retiendra que jeudi Vincent Collet est devenu l'entraîneur français ayant coaché le plus de rencontres de Coupe du Monde, dépassant Robert Busnel grâce à sa 18e présence sur le banc.
France bat République Dominicaine 90-56
Réactions
Nando De Colo : "On s'était dit entre joueurs que l'on voulait que le premier match contre l’Allemagne soit le plus mauvais de compétition et ensuite monter en puissance. On peut penser que ça a été facile mais il faut surtout souligner le sérieux de l’équipe avant les deux gros matches qui nous attendent."
Vincent Collet : "Nous avons été sérieux. D'entrée de jeu. A l'image de mardi. Cela a porté ses fruits. L'incident de début de deuxième mi-temps aurait pu remettre cela en cause mais nous avons vite retrouvé nos esprits. Nous ne sommes pas fous, nous savons ce qui arrive. C'est comme le Tour de France, nous avons bien géré la première semaine de plaine maintenant on s'attaque à deux grosses montagnes. Notre niveau doit encore monter d'ici samedi pour ce qui est déjà un huitième de finale. Tout le monde fait les efforts avec une excellente concentration pour respecter ce qu'on voulait faire. Maintenant il faut le faire contre plus fort. Le deuxième cinq a très bien travaillé pour servir Mathias Lessort et Vincent Poirier dessous. Je regrette de n’avoir qu’une journée de repos. Parce que ce n’est pas une journée de repos quand une équipe doit se lever à 6h du matin pour faire un long voyage. Ce n'est pas de la récupération. C’est un manque de respect vis-à-vis des joueurs. Mais toutes les équipes sont dans le même cas."
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— Team France Basket (@FRABasketball) September 5, 2019