Un match de dupes
Batum, Pietrus, Parker, Diaw et Turiaf confortablement installés sur le banc pour suivre une partie du quatrième quart-temps d’une rencontre dont la conclusion est encore loin d’être évidente. C’est le drôle de spectacle qu'a offert un drôle de match qu’ont disputé grecs et français.
Jouer ou ne pas jouer, telle était la question. Une interrogation qui pouvait s’étendre aux deux équipes en lice mardi soir pour la dernière journée de la deuxième phase de poule à Bydgoszcz. La France comme la Grèce pouvaient prétendre à la première place de leur groupe en cas de succès mais du fait des résultats inattendus de la poule F, c’est selon toute probabilité l’Espagne qui se profile à l’horizon. Un duel avec le Champion du Monde dès les quarts de finale ? Non merci…
Mais le calcul est tout de même risqué et si le but était de lever le pied contre les Grecs, les remplaçants tricolores n’ont visiblement pas entendu les consignes. Totalement débordée par le jeu de passes des Hellènes la France prend l’eau dès les premiers échanges : 2-10 en un peu plus de trois minutes. Vincent Collet fait donc rapidement donner le reste de la troupe. Tony Parker s’emploie tout de même à réduire l’écart sur quelques pénétrations de derviches mais c’est l’impact d’Alain Koffi qui va changer la donne.
Depuis le début des qualifications puis de l’Euro, le MVP de Pro A n’a jamais semblé véritablement à l’aise en bleu. Auteur de 1,4 point et 1,8 rebond à 20,0% de réussite, le futur joueur de la Joventut Badalone n’était que l’ombre de lui-même. Jusqu’à son entrée face aux Grecs : 14 points, 4 rebonds, 1 contre en 13 minutes en première mi-temps. Tir en ligne de fond, rebond offensif, fautes provoquées, tout y passe. Un festival auquel ne s’attendait pas Jonas Kazlauskas.
Le technicien lituanien qui ne s’est pas emporté pour autant et il s’est rapidement murmuré dans la tribune de presse que son discours d’avant-match avait bien fait comprendre à ses joueurs l’intérêt limité de la victoire.
L’habituelle dureté des Grecs n’est pas franchement au rendez-vous et les Bleus archi-dominateurs au rebond offensif en profitent pour creuser l’écart : +7 à la pause, 41-34. Un matelas qu’ils vont conserver pendant de longues minutes.
Yannick Bokolo est une nouvelle fois saignant et Ali Traore gère correctement le phénomène Sofoklis Schortsanitis en défense et fait preuve de son habituelle efficacité offensivement. Un missile à plus de dix mètres de Vassilis Spanoulis sonne cependant un semblant de révolte de la bête noire de la France. Suite à un dunk de Bokolo (63-56, 36e), la Grèce s’offre un 8-0 qui remet les deux équipes dos à dos.
A 21 secondes de la fin Nando De Colo offre trois points d’avance aux siens. Mais Spanoulis décoche une nouvelle flèche primée. Dernier ballon pour De Colo en sortie de temps-mort. Le Choletais semble bloqué mais trouve l’ouverture pour rentrer un tir extrêmement difficile à cinq mètres à la sonnerie. Le buzzer beater le moins fêté de l’histoire. La France met fin à 26 ans de disette face à la Grèce, termine première de sa poule et attend désormais de connaître son adversaire en quart.
Les réactions
Vincent Collet : "Tout le monde a fait des projections et si la logique est respectée, cette première place nous offre l'Espagne. Mais jusqu'à maintenant la logique n'a pas souvent été respectée. Mais j'ai du mal à y croire. Il est certain que l'Espagne est le grand favori de l'Euro et ce serait assez injuste de croiser cet adversaire mais c'est comme ça. Ne commençons pas à calculer. Au moins nous avons partagé le temps de jeu pour mieux se préparer au rendez-vous capital de jeudi. J'ai trouvé les Grecs très maladroits et je n'ai pas eu l'impression qu'ils jouaient leur vie ce soir. La pression défensive n'était pas la même. Nous avons bien évidemment parlé de ces calculs avant le match mais il y a la respect du jeu. Et nous respecter nous. Il n'était pas question de faire jouer Tony 35 minutes, comme les autres starters. Maintenant que voulez-vous que je vous dise, on ne peut plus bouger de cette première place. On ne va quand même pas s'excuser d'avoir battu les Grecs pour la première fois depuis 26 ans. C'est quand même le monde à l'envers. Je crois à la destinée. Quand j'ai vu le tir de Nando rentrer... Autant nous avons de l'humilité depuis le début autant il faudra jouer le quart pour le gagner. Dans la tête des joueurs, l'Espagne est la meilleure équipe. C'est là raison pour laquelle Tony est sans doute apparu agacé après le match. C'est normal tout le monde se pose les questions. Si l'Espagne est quatrième c'est qu'elle n'est sans doute pas tout à fait la même qu'auparavant. Mais c'est une grande équipe qui peut ressurgir surtout que Pau Gasol monte en puissance."
Nicolas Batum : "Les Grecs n'ont pas joué à 100% non plus. Ils voulaient éviter l'Espagne. Mais c'était bien de stopper cette série contre eux. La deuxième mi-temps était très bizarre. On n'a pas joué à fond. Maintenant on se concentre sur les quarts. Les compteurs sont remis à zéro. Cela commence vraiment. Il reste trois matches à faire pour aller au bout. On aura l'avantage de se reposer demain."
Le point sur le groupe F
Classement
1- Turquie (4v-0d), 2- Slovénie (3v-1d), 3- Serbie et Espagne (2v-2d), 5- Pologne (1v-3d), 6-Lituanie (0v-4d).
L’Espagne finit 2e si…
Elle bat la Pologne, la Lituanie bat la Serbie, la Turquie bat la Slovénie
L’Espagne finit 3e si…
Elle bat la Pologne, la Lituanie bat la Serbie, la Slovénie bat la Turquie
L’Espagne finit 4e si…
Elle bat la Pologne, la Serbie bat la Lituanie
L’Espagne est éliminée si…
Elle perd face à la Pologne
Les matches du jour
Russie bat Macédoine 71-69
La campagne européenne de la Macédoine et la carrière de Vrbica Stefanov ont pris fin mardi soir mais il s’en est fallu d’un rien. Lorsque Pero Antic dans un premier temps puis Todor Gecevski ont pris feu, le compte de fées a failli se poursuivre. Mais la Russie a appuyé à l’intérieur sur Timofey Mozgov. Un pivot au physique d’exception et dont les performances à l’Euro pourraient bien lui permettre d’obtenir rapidement un contrat NBA. Avec 25 points et 11 rebonds il a survolé la rencontre mais c’est bien Anton Ponkrashov (10 pts, 6 rbds, 7 pds) qui a porté l’estocade et offert à la Russie son troisième succès de rang dans la deuxième phase.
Croatie bat Allemagne 70-68
C'est un énorme ouf de soulagement qu'ont poussé les Croates en écartant dans la dernière ligne droite une formation allemande qui peut être fière de son Euro malgré l'élimination. Alors que Zoran Planinic avait lancé son équipe sur de bonnes bases, la Croatie, méconnaissable d'un quart-temps à l'autre, a vu fondre sur elle des Teutons une nouvelle fois intenable à longue distance à l'image d'Heiko Schaffartzik (5/5). Encore devant à cinq minutes de la fin l'Allemagne a succombé sous les coups de boutoir d'un Roko Leni-Ukic maître du un contr un.
Classement
1- France (5v-0d), 2- Russie (3v-2d), 3- Grèce (3v-2d), 4- Croatie (2v-3d), 5- Macédoine (1v-4d), 6- Allemagne (1v-4d).