Du travail bien fait
L'Equipe de France connaissait son principal ennemi pour cette rencontre capitale en la personne de Dirk Nowitzki. Le problème constitué par le génial grand blond vient de son positionnement au poste 5 ce qui lui offre comme vis-à-vis Frédéric Weis. Le pivot de Bilbao se démène et tente dès l'entame de repousser la star des Mavs vers l'extérieur. Mais lorsque celui-ci joue sur sa vitesse, Weis se voit rapidement sanctionné de deux fautes et doit rejoindre le banc. Le duo Okulaja-Nowitzki si efficace depuis le début de l'Euro fait des dégâts considérables. Heureusement, en face, Tony Parker est rapidement en action. Sur la zone allemande il trouve des ouvertures sur le tir extérieur. Les débats sont équilibrés (11-13, 5e). L'entrée de Ronny Turiaf, bien présent malgré sa blessure à l'épaule, et la sévérité du corps arbitral, qui sanctionne l'Allemagne coup sur coup de fautes antisportives dont les Bleus profitent immédiatement en rendant une copie parfaite aux lancers-francs (21-13, 7e), vont faire la différence. Mais défensivement le danger Okulaja n'est pas résolu, l'ancien étudiant de North Carolina faisant une moisson au rebond avec un bel opportunisme (26-20, 10e). La satisfaction vient cependant d'une circulation de balle plus efficace qui permet de trouver des tirs ouverts.
Nowitzki, lui, n'a pas besoin de circulation de balle. Le cuir en main il dirige la manoeuvre et se crée son propre shoot sans se soucier ou presque de la présence de Turiaf à ses basques. Les Allemands reviennent à hauteur mais Florent Pietrus va un instant ralentir l'extra-terrerestre teuton. Une parenthèse de quelques minutes parfaitement exploitée avec une belle réussite au-delà des 6,25 m. Les flèches lointaines trouvent leur cible, Pietrus se montrant aussi inspiré en attaque qu'en défense. Tariq Kirksay met également le nez à la fenêtre et un écart significatif se creuse (43-30, 17e). Le retour aux affaires de Nowitzki limite néanmoins la casse et une dernière action défensive tout en naïeveté des Bleus permet au MVP NBA de faire mouche à trois-points au buzzer (47-39).
La France revient sur le parquet avec un manque de dureté qu'Okulaja exploite immédiatement (47-45). Mais Tony Parker veille au grain. Tandis que Nowitzki a perdu la mire, son dauphin au classement des meilleurs marqueurs continue d'impressionner par sa régularité au shoot extérieur. Il enfile les paniers comme des perles et les hommes de Claude Bergeaud s'envolent (59-45, 27e) même s'ils retrouvent un instant la mauvaise habitude de jouer au "handball" une fois le trou réalisé. Un couac de courte durée grâce à la belle activité de Tariq Kirksay et la rentabilité immédiate de Cédric Ferchaud (69-51, 34e). La France a bien le match en main et ne va pas le lâcher même si Nowitzki, après son troisième quart-temps raté (0/5 aux tirs) tente de ramener les siens sur ses larges épaules. Parker et Kirksay, de loin, s'assurent de l'absence de frayeurs inutiles. Avec ce succès les Bleus sont parfaitement placés pour une qualification en quarts de finale.
Déclarations
Boris Diaw : "Si je n'ai pas apporté sur les premiers matches ce n'est pas que j'attendais le début du deuxième tour. J'ai essayé de me concentrer. Je finis à 3/12 aux tirs mais je les sentais bien ces tirs. Quand je suis sur le terrain il faut que je sois productif et pas un poids pour l'équipe, un joueur qui est là et qui rate des paniers. Donc j'ai tenté d'apporter dans d'autres secteurs du jeu. Collectivement on a essayé de partager la balle, de mettre du rythme. Nous avons fait une séance vidéo sur le match contre la Slovénie à partir de la sortie de Nesterovic et on a pu voir toutes les erreurs que nous avions commises. Cela nous a beaucoup servis. Maintenant lundi ce sera la Lituanie qui peut devenir un match référence."
Claude Bergeaud : "Fred Weis a lancé le match sur Nowitzki en le gênant dans sa visée. Ensuite nous nous sommes relayés sur lui. On savait qu'il allait nous défier et marquer 30 points mais on voulait surtout limiter les autres. Le rythme que l'on a imprimé tout le match fait qu'ils ont diminué leur efficacité dans le tir extérieur et n'ont plus lutter pour aller dessous. Ce soir à la mi-temps nous avions 8 passes décisives. Le ballon c'est ce qui unit les hommes. Quand on est frustré de courir, de défendre et de ne pas voir la balle, on devient inefficace. On s'est tout d'abord rassuré en attaque avant de se donner en défense lors de la deuxième mi-temps."
France bat Allemagne 78-66
Dans les autres matches de la poule, la Lituanie a difficilement préservé son invincibilité en dominant l'Italie (79-74) avec un Rimantas Kaukenas particulièrement inspiré face à des joueurs qu'il affronte toute l'année en Lega (22 pts). La Slovénie poursuit de son côté son étonnant parcours alors que la Turquie déçoit (66-51).
Les classements
Groupe E : Russie (6 pts), Croatie, Espagne (5 pts), Grèce, Israël (4 pts), Portugal (3 pts)
Groupe F : Slovénie, Lituanie (6 pts), France (5 pts), Allemagne (4 pts), Italie, Turquie (3 pts)
Par Julien Guérineau, Service de Presse FFBB, sur place à Madrid (Espagne)