Derrière le carré magique
Si la France est une équipe très jeune sur la scène internationale, elle est encore un cran en dessous de la Turquie. Les hommes au croissant affichent en effet une moyenne dâge de 24 ans et sappuient sur une génération exceptionnelle de joueurs nés en 1986 et 1987. Ils sont quatre à évoluer ensemble depuis la catégorie cadets et ont décroché une médaille dargent dans toutes les catégories dâges, la dernière en date au début de lété lors de lEuro 20 ans et moins. Un groupe qui arrivera sans doute à maturité pour le Mondial 2010 organisé en Turquie mais qui affiche déjà de bien belles dispositions en labsence des stars NBA Hidayet Türkoglu (Orlando) et Mehmet Okur (Jazz).
Mais cette jeunesse dorée, qui sétait imposée 89-76 au tournoi de Berlin en préparation, les Français ont vite fait de la mettre au pas lors du match pour la cinquième place. Les Turcs ont en effet vécu un chemin de croix lors des 20 premières minutes, incapables de trouver des positions de tirs convenables face à la défense tricolore et dune maladresse étonnante compte tenu de leur festival de leur précédente sortie face à la Slovénie. Labsence de leurs deux shooteurs vedettes Ibrahim Kutluay et Serkan Erdogan peut constituer un début dexplication mais la froideur des chiffres est terrible à la pause pour le coach Boscia Tanjevic : 4 sur 28, 14,3% de réussite ! En face, les Bleus en ont profité pour lancer leur jeu de contre-attaque, une donnée trop souvent absente de leurs rencontres. Résultat des courses un écart qui ne fait quenfler, de 13-5 à 20-7 (10e) et finalement 35-20 (20e).
Dans les vestiaires, Claude Bergeaud prévient ses troupes que larrosage en règle des Turcs va cesser. Une mise en garde que les joueurs ont visiblement du mal à intégrer. Quelques largesses défensives, notamment sur les écrans, offrent quelques shoots ouverts. Le meneur de North Carolina State, Engin Atsur, fait apprécier la précision de son poignet, vite imité par la petite merveille dEfes Pilsen Cenk Akyol. La Turquie retrouve ainsi une certaine alternance intérieur-extérieur et fond sur des Français dont lattaque piétine (49-43, 30e). Dans le quatrième quart-temps, on assiste pendant quelques minutes à la tactique du hack-a-Weis. Mise au point au départ pour envoyer Shaquille ONeal sur la ligne des lancers-francs, elle est remise au goût du jour par Boscia Tanjevic sur le pivot des Bleus. Il est vrai quavec un 4/13 sur le tournoi, il est une cible facile. Son 1/6 dans lexercice lors de la rencontre valide ce choix (55-51, 35e). Mais les Turcs vont un peu loin dans leur jeu de massacre et se voient finalement sanctionnés dune faute anti-sportive sur une pénétration de Joseph Gomis. Une séquence à cinq points au final et qui va savérer décisive, la Turquie ne parvenant plus à revenir dans le match, envoyant systématiquement les Français aux lancers-francs. 64-56, la cinquième place est dans la poche.
Absente depuis 20 ans au Championnat du Monde, la France réalise la deuxième meilleure performance de son histoire dans la compétition après la quatrième place de 1954 à Rio et à égalité avec la cinquième place de 1963, toujours à Rio. Elle confirme également son rang de troisième nation européenne conquis lan passé à Belgrade. Désormais, et avec espérons-le le retour de Tony Parker, il lui faudra faire aussi bien et même mieux en 2007 à lEuro espagnol. Seuls les deux finalistes seront en effet directement qualifiés pour les Jeux de Pékin (à moins que le Champion du Monde, obligatoirement européen, ne soit en finale ce qui rendrait la troisième place automatiquement qualificative). Pour quatre autres formations européennes, il faudra en passer par un Tournoi Pré-Olympique, nouvelle invention très contestée et contestable de la FIBA qui rajoute des dates et une compétition à un calendrier déjà surchargé.
Réactions
Claude Bergeaud : "C'est au-dessus de tout ce qu'on pensait, c'est tout simplement un rêve. On a confirmé notre place de l'année dernière. On ne peut pas être mieux placé. Je ne pensais pas qu'on puisse arriver à cette place-là, compte tenu en plus des pépins qu'on a eus."
Ronny Turiaf : "Ce qui nous a manqué ? Un, Tony Parker. Deux, un peu de chance. Et puis on est encore jeunes, on a encore une grosse marge de progression. C'est sûr qu'on aurait aimé être en demi-finales mais on a déjà gagné le petit Championnat du Monde."
Mickaël Pietrus : "Il faut applaudir l'équipe, Tony doit être content de notre 5e place. Ce soir, on a encore montré que la défense était notre pain. Bon, on n'a pas été très adroits sur ce Mondial, mais il faut être positifs. Cinquièmes du Mondial, après avoir fait médaille de bronze à l'Euro, c'est bien. Je suis content pour Claude Bergeaud de voir qu'il a du succès avec cette jeune équipe. Maintenant, toutes les critiques, c'est terminé. Vive la France, je suis là pour longtemps, et merci d'être venu."
A l'issue de la rencontre, Laurent Foirest a annoncé qu'il mettait un terme à sa carrière internationale. Le nouvel ailier de l'ASVEL termine donc avec 150 sélections ce qui le place en 14e position sur la liste des joueurs les plus capés et 10e sur celle des meilleurs marqueurs.
Les Etats-Unis en bronze
Comme aux Jeux Olympiques, les Américains ont remporté une médaille de bronze (96-81). L'Argentine, à bout de souffle, a pourtant dominé le début de match mais une avalanche de fautes sur ses joueurs stars l'a empêché de défendre ses chances jusqu'au bout. La triplette Oberto-Ginobili-Scola n'a disputé qu'une petite vingtaine de minutes, insuffisant pour stopper les stars NBA que sont LeBron James (22 pts) et Dwyane Wade (32 pts).
Par Julien Guérineau, service de presse FFBB, sur place à Saïtama