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EuroBasket 2009

La France hausse le ton

par Julien Guérineau, sur place à Bydgoszcz - 13/09/2009
La France est certaine de terminer à l’une des deux premières places de sa poule après sa victoire sur la Croatie, 87-79. Un succès obtenu grâce à une deuxième mi-temps somptueuse sur le plan défensif. Les Bleus sont, avec les Turcs, la seule formation encore invaincue.
 

La France existe avant tout par sa défense. Ses joueurs comme son entraîneur n’ont de cesse de le répéter. Face à la Croatie dimanche soir, la démonstration aura été éloquente. Après avoir souffert le martyre face à la variété des attaques proposées par les Croates, le bloc défensif tricolore a livré un troisième quart-temps tout en intensité et en dureté qui a totalement renversé le cours de la rencontre.

Pendant dix minutes les Français auront contesté chaque déplacement, se seront arrachés sur chaque écran, détournant les passes, tutoyant les cimes pour aller contrer un lay-up qui semblait tout cuit pour Roko Leni-Ukic. Bref un modèle d’effort défensif à l’image de l’implication de Yannick Bokolo, parfait chien de garde. Résultat des courses un 22-10 du plus bel effet, la clé du cinquième succès consécutif de la France. Mais l’accouchement aura été long et douloureux.

Vincent Collet craignait l’impact physique des Croates sous le cercle, il aura été servi. Dès le premier quart-temps les géants au damier qui comptent pas moins de six intérieurs dans leur effectif, amènent le ballon dessous. Les fixations libèrent bien souvent Marko Banic ligne de fond puis Jasmin Repesa lance l’arme anti-français, Nikola Prkacin. La dernière fois que le gaucher maléfique avait croisé la route des Bleus il s’était fendu de 14 points à 7/8 en 12 petites minutes lors des matches de classement d’un Euro 2007 de triste mémoire. Sitôt rentré sur le terrain il enchaîne les hooks avec la régularité d’un métronome. Après dix minutes les intérieurs croates ont marqué 14 des 21 points de leur équipe.

L’alternance intérieur-extérieur peut être le point fort de la Croatie et la France va le constater de visu. Marko Popovic, arrière modèle réduit, se déchaîne dans le deuxième quart-temps. Adroit, sachant parfaitement utiliser les écrans, il se fend de 13 points et il faut toute l’activité de la triplette Batum-Parker-Diaw pour ne pas sombrer (41-46).

Inutile dès lors d’être devin pour comprendre que Vincent Collet a consacré son speech des vestiaires aux ajustements défensifs à effectuer. Il sera parfaitement entendu par ses troupes. Ronny Turiaf rapidement rayé de la carte par les fautes, les Bleus ont joué plus petit mais plus rapide et ont replacé le match sur un registre leur étant plus favorable.

Et si c’est bien évidemment le bel ouvrage défensif qui a le plus impressionné, la fluidité offensive et la qualité du jeu de passes est également à souligner. Six assists pour Parker, autant pour Diaw, des shooteurs précis (12/26 à trois-points) lorsque la France est inspirée des deux côtés du terrain, elle peut prétendre à tout.

Agacés, irrités, destabilisés, les Croates ont peu à peu lâché prise. Seul le one-man-show de Popovic (30 pts) les a par moment laissés espérer. Après avoir encaissé un 29-12 en 13 minutes, la Croatie est revenue à -4 à deux reprises (73-69 et 81-77) mais à chaque fois les Bleus sauront trouver le shooteur démarqué au-delà des 6,25 m pour les laisser à distance : Bokolo tout d'abord, Diaw ensuite.

Du très beau travail.


Les réactions
Vincent Collet : "Nous avons déjà atteint l’objectif de jouer notre quart de finale jeudi. Il reste avant cela un dernier match pour s’étalonner face à l’équipe la plus physique du tournoi. Il est important de garder la concentration et le rythme et de plus on ne peut pas connaître notre adversaire puisque l’autre poule jouera mercredi, c'est-à-dire après nous. Et il sera fort cet adversaire. Ce soir nous avons manqué d’agressivité en première mi-temps ce qui leur a permis d’appuyer là où cela fait mal. Ensuite nous avons redressé la barre. Je pense aussi qu’en avançant dans le tournoi il était important que notre attaque progresse. Nous ne pouvons pas gagner tous les matches en 60 points. La défense permet d’aller loin mais pour l’emballage final il faut une attaque au moins correcte. Gardons notre humilité. On aimerait que l’on fasse des déclarations fracassantes mais ça serait une erreur stupide et fondamentale."

Nicolas Batum : "L’entrée de Yannick a été extraordinaire. Il a énervé Popovic. C’est important que tout le monde soit prêt à jouer. Il faut que les 12 joueurs soient conquérants. Même quand ça va mal on ne lâche rien. On a senti que la Croatie se disloquait en deuxième mi-temps. Leur collectif a disparu. Maintenant c’est la Grèce sans enjeu. En 2005 j’ai regardé la demi-finale à la télé mais je sais que pour les anciens le match est important. Donc on veut gagner pour continuer à travailler."

Yannick Bokolo : "Le but était d’arrêter Popovic qui était déjà chaud. J’ai fait trois fautes rapidement mais ensuite j’ai réussir à prendre le rythme. Tous les systèmes étaient pour lui donc c’était compliqué, surtout que j’étais froid et que je ne pensais plus forcément jouer. Sur la première action je glisse, je me suis dit que je n’étais pas vraiment dedans. A la mi-temps, Vincent nous a demandés de revenir à nos bases. Nous avons donné trop de tirs à trois-points en venant en aide sur les intérieurs. Par la suite nous sommes restés beaucoup plus sur nos bonhommes à l’opposé. Au départ ils nous ont frustrés en nous rentrant dedans. Ensuite on a décidé d’arrêter de parler avec les arbitres en se concentrant sur la dureté. Ce n’est pas forcément leur jeu et ils ont lâché."

Les résultats du jour
Macédoine bat Allemagne 86-75
Cet Euro 2009 est décidément bien déroutant. Eparpillée aux quatre coins du terrain par l’Equipe de France deux jours plus tôt, la Macédoine a dominé une Allemagne qui avait laissé une bonne impression contre la Grèce. Cette résurrection est surtout celle du vétéran Vrbica Stefanov. Incapable de s’exprimer face à la pression défensive tricolore (0 pt, 0/7, 4 bps) le meneur a cette fois inscrit 25 points à 8/11. Les shooteurs macédoniens ont pu armer tranquillement (11/22 à trois-points) et prolonger leur impensable rêve de quarts.

Russie bat Grèce 68-65
De surprises en surprises. La Russie à qui l’on promettait une sortie de route prématurée dans cet Euro a enchaîné une deuxième victoire dans la deuxième phase se rapprochant d’une qualification inespérée pour les quarts de finale. La défense de zone mise en place par David Blatt a beaucoup gêné des Grecs trop statiques et qui ont laissé filer trop de ballons au rebond défensif. Avec un Kostas Koufos malade la rotation du coach Jonas Kazlauskas aura été limitée. A 5/21 à trois-points la Grèce n’a jamais trouvé la distance et a continuellement couru après le score. Elle s’offrira cependant un de ses fameux come-back, revenant à -2 à 90 secondes du terme. Mais McCarty et Ponkrashov aux lancers-francs ont assuré l’essentiel. "La motivation était de notre côté ce soir", a estimé Blatt. "La Grèce est une meilleure équipe que nous mais nous avons mérité la victoire. C’est admirable qu’une équipe aussi jeune batte en deux jours la Croatie puis la Grèce."

Classement
1- France (4v-0d), Grèce (3v-1d), Russie (2v-2d), Macédoine, Croatie et Allemagne (1v-3d).