La loi du plus fort
La guerre de tranchées. On savait quentre deux équipes capables dimprimer une intensité défensive terrifiante à une rencontre, les amateurs de showtime seraient sans doute frustrés. Et le film a vite été conforme à la bande-annonce. Les Bleus sont très présents sur lhomme et repoussent les Grecs à la périphérie. Il est simplement dommage de laisser filer de nombreuses opportunités de marquer à limage de Florent Pietrus, très malheureux dans ses tirs près du cercle (0/4). Dans ces conditions il nest pas surprenant de voir la Grèce creuser un petit écart lorsquelle parvient enfin à servir son pivot Lazaros Papadopoulos, grand spécialiste du tir crochet (6-12, 8e). La France est bloquée offensivement et son leader dattaque, Boris Diaw, na pas encore tenté le moindre shoot.
Lhomme à tout faire des Suns se lance enfin à lassaut du cercle en fin de quart-temps puis au début du second pour recoller (10-12). Panagiotis Yannakis envoie alors au feu son monstrueux joker Sofoklis Schortsanitis. Baby Shaq sempresse de faire le ménage dans la raquette. Ses 150 kilos font des dégâts considérables, synonymes de multiples lancers-francs (12-18). Une donnée très importante compte tenu de la difficulté de marquer des paniers. Retourné sur la banc après un coup violent reçu au nez, Aymeric Jeanneau revient sur le parquet et fait respirer le jeu des Tricolores sur un tir à trois-points suivi immédiatement dune interception conclue par un lay-up. Mais lembellie est de courte durée car le rouleau compresseur grec se remet rapidement en branle avec en vedette linévitable Dimitris Diamantidis. Lhomme de tous les cauchemars français, auteur du panier assassin en demi-finale de lEuro, remet le couvert à Saïtama. Il frappe à deux reprises au-delà des 6,25 dont un tir en déséquilibre quasiment au buzzer de la première mi-temps. Un shoot qui fait mal (24-34) et qui démontre une nouvelle fois que face aux champions dEurope, il faut savoir conclure sur la moindre ouverture. Et les intérieurs français nont pas su le faire lors du premier acte comme lillustre le 1/13 pour la triplette Weis-Petro-Flo Pietrus.
Claude Bergeaud lavait prédit, lorsque la Grèce parvient à prendre de lavance, il est quasiment impossible de retourner le cours du match tant leur maîtrise est grande. Le vice, lintelligence, la dureté, lopportunisme en un mot la science du jeu, Papaloukas et les siens lont à coup sûr. Bien plus en tout cas quune Équipe de France qui, face à ce type dadversaire, semble encore un peu trop verte et qui ne parvient jamais à lâcher les chevaux. Le débours va atteindre les 15 points sous les coups de boutoir de Diamantidis. Et à chaque semblant de rapproché, la Grèce parvient toujours à arracher un rebond offensif par ci, à obtenir une faute contestable par là. Un monde lorsque les Bleus laissent eux échapper des lancers-francs et quelques lay-ups. Ce quart de finale est résumé à merveille par la dernière action du quart-temps où Antonis Fotsis, rentré en jeu sur lultime remise en jeu, décoche un tir à six mètres alors quil reste neuf dixième de secondes au chrono (43-53, 30e).
Si près si loin. Même si lécart est relativement limité, limpression densemble est différente. La Grèce est plus forte et totalement sous contrôle. Un 10-3 en cinq minutes vient valider cette sensation (46-63, 35e). Les dernières actions ne sont quun exemple de gestion de lhorloge, tout juste troublées par un excellent passage de Yannick Bokolo. A l'image de l'Espagne et de l'Argentine, la Grèce confirme qu'elle est bien au sommet du basket mondial (56-73).
Réactions
Aymeric Jeanneau : "On na pas fait notre meilleur match, nous navons pas montré notre meilleur niveau. On sest empêché de trouver des solutions plus queux ne nous ont bloqués. On peut sen vouloir de ne pas être rentrés dans le match comme il le fallait. Je suis persuadé que lon peut jouer les Grecs mais ce soir nous nous sommes marchés les uns sur les autres. La balle na pas circulé comme à lhabitude et ce nest pas seulement dû à la pression quils ont pu nous mettre. Perdre en quarts de finale cest une chose. Maintenant cinquièmes ou huitième cen est une autre. Cest bien davoir été jusque là mais il faut se classer le mieux possible. Bien sûr il ny a pas de médaille au bout mais finir 5e à un Mondial, ça serait fort. 8e serait un peu gâcher les bonnes choses que lon a montrées."
Claude Bergeaud : "Aujourdhui, ils nous sont largement supérieurs. Ils ont montré une agressivité bien plus grande qui se caractérise par des lancers-francs bien plus nombreux (31 contre 14). Ils nous ont massacré à lintérieur alors que nous étions habitués à autre chose puisque, en revanche, nous mettons nos tirs à trois-points. Eux sont très réalistes et nous narrivons pas à lêtre parce que nous sommes archi-dominés physiquement. Nous sommes bouffés par la pression. La nôtre, celle quon sest mis. Nous démarrons nos matches de façon positive dhabitude. Là on rate des choses immanquables et ça devient difficile."
Les demi-finales (vendredi)
Rarement quatre équipes auront à ce point dominé le basket mondial. Espagne, Argentine, Grèce et Etats-Unis évoluent clairement un ton au-dessus en 2006. Les écarts ont été très importants lors des quarts de finale et les Américains n'ont pas dérogé à la règle (85-65) même s'il leur aura fallu une mi-temps pour mettre au pas une courageuse allemagne qui pointait à -1 à la pause.
Le programme
Espagne-Argentine
Etats Unis-Grèce
Les matches de classement (jeudi)
Turquie-Lituanie
France-Allemagne (12h30, heure française)
Par Julien Guérineau, service de presse FFBB, sur place à Saïtama