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EuroBasket 2009

La loi du plus fort

par Julien Guérineau, sur place à Katowice - 17/09/2009
L’Equipe de France a été largement dominée par l’Espagne en quarts de finale de l’EuroBasket (66-86). Les Bleus doivent désormais surmonter leur déception pour gagner un de leurs deux matches de classement afin de se qualifier pour le Mondial 2010 et ne pas détruire près deux mois de travail.

La France a rarement brillé dans les matches de classement. Les souvenirs des échecs de 2001 et 2007 hantent encore les nuits de nombreux supporteurs. Eliminés en quart de finale lors de ces deux Euros, les Bleus avaient ensuite manqué le train pour le Mondial d’Indianapolis et les Jeux de Pékin pour avoir implosé lors des rencontres pour les places d’honneur.

"Tout ça pour ça", doivent se dire les troupes de Vincent Collet après leur défaite face à l’Espagne. Ces garçons avaient des rêves de grandeur et leur parcours jusqu’à présent parfait ne pouvait que les conforter dans leurs ambitions. Mais ils doivent également se rappeler qu’il y a quelques semaines, c’est face à la Finlande ou la Belgique qu’ils bataillaient pour une simple place à l’Euro.

Ne pas se désunir. Finir correctement le travail. Assurer la présence de la France au grand rendez-vous planétaire de Turquie, c’est le défi qui se présente désormais à eux. Moins glamour qu’un podium bien évidemment, mais si important pour le basket hexagonal.

Il y avait pourtant de l’électricité dans l’air dans la vieillotte Spodek Arena de Katowice à l’entre-deux initial. Le public et les observateurs avaient la sensation d’assister à bien plus qu’un simple quart de finale. Et les acteurs du jeu vont pleinement justifier leur attente lors des cinq premières minutes. Le combat est spectaculaire et marqué par l’adresse des deux équipes. Mais à ce petit jeu, l’Espagne dispose d’un duo d’artificiers de premier ordre. Juan-Carlos Navarro et surtout Rudy Fernandez vont se charger d’étirer la défense tricolore avant que Pau Gasol ne débute son travail de sape sous le cercle. L’alternance intérieure-extérieure tant redoutée.

En face les Bleus ne parviennent pas à utiliser leur avantage de taille sur les postes 2 et 3 et multiplient les balles perdues. Ricky Rubio harcèle Tony Parker sur toute la longueur du terrain. Un simple aperçu de ce que va endurer le meneur des Spurs limité à 6 points et 1/8 aux tirs. Le capitaine de la défense, Florent Pietrus, rejoint quant à lui rapidement le banc avec deux fautes. Résultat des courses le bateau français tangue dangereusement (10-18, 8e) avant de prendre l’eau de toutes parts.

Le rebond est déficient et les Espagnols s’offrent des deuxièmes chances à foison. Les centimètres parlent et en premier lieu ceux de Pau Gasol (2,14 m). Sergio Scariolo choisit de l’aligner aux côtés de son frère Marc (2,14 m également) le pivot des Lakers se promène. Florent Pietrus malgré toute son énergie ne peut rien faire et le champion NBA va réaliser une véritable démonstration de force et de classe. 24 points, 9/10 aux tirs, 7 rebonds, 3 contres en 22 minutes. Lorsqu’il rejoint le banc à la fin du troisième quart-temps, la messe est dite.

L’Espagne a incontestablement prouvé sa supériorité. C’est Gasol qui a contribué à faire le trou (27-43, 18e) et c’est encore lui qui s’assure au retour des vestiaires que la France ne reviendra pas. Ronny Turiaf entretient vaguement l’espoir mais les champions du Monde maîtrisent. Une nouvelle accélération de leur star et c’est à 20 unités que pointent les Tricolores (49-69).

Avec l’énergie du désespoir le banc signe bien un 17-8 encourageant (66-77, 35e) mais Gasol revient aux affaires pour siffler la fin de la récré. Sorti sous les ovations et les chants de MVP, MVP, il a démontré que l’Espagne est toujours l’équipe à battre dans cet Euro.

La France devra attendre… Encore une fois.


Les réactions
Florent Pietrus :
"Il n'y a pas grand chose à dire. Ils ont été meilleurs que nous. Ils ont attaqué le match de manière très agressive et à partir de là nous n'avons pas su trouver les solutions pour enrayer cette machine espagnole. Notre objectif en venant ici était de se qualifier pour le Championnat du Monde et c'est toujours possible."

Nicolas Batum :
"On n'a pas fait ce qu'il fallait. Ils ont fait leur meilleur match depuis les Jeux Olympiques. Cela se sentait qu'ils montaient en puissance. Ils iront au bout s'ils jouent comme ça. Maintenant nous sommes obligés de nous remobiliser. Il faut finir 5e et aller au Mondial. Mentalement c'était dur de se dire que l'on jouait l'Espagne alors que nous étions invaincus. Nous avons essayé mais ils étaient intouchables aujourd'hui."

Alain Koffi : "C'était les favoris même s'ils ont commencé en dedans. On savait qu'avec les quarts ils reviendraient à leur meilleur niveau, malheureusement pour nous. Cela a pesé dans les têtes de savoir qu'on les jouerait dans un match couperet. L'Espagne a été bien plus physique. Un joueur comme Gasol est tellement fort individuellement... C'est ce genre de match qui doit nous aider à prendre de l'expérience pour le Mondial. Cette qualification cela a été les premiers mots de Florent Pietrus dans les vestiaires. Ils nous a dit de ne pas nous désunir."

Vincent Collet : "C'était l'entame qu'il ne fallait pas faire en mettant l'Espagne sur les rails avec nos balles perdues. Cela leur permet de courir et de mettre des tirs. Ensuite c'est mission impossible surtout avec le match de Pau Gasol qui a survolé les débats malgré les efforts de nos joueurs intérieurs. Nous étions un peu comme un boxeur K.-O. d'entrée. Il aurait fallu des signaux positifs que nous n'avions pas alors que les Espagnols étaient sur un nuage. Je ne sais pas s'ils seront à ce niveau tous les soirs mais s'ils le sont, ils seront champions d'Europe. Il est essentiel de gagner un match et si possible le prochain pour se qualifier au Mondial. Il faut accepter le verdict ce soir en regrettant simplement que les Espagnols n'aient pas commencé leur Euro plus tôt. Le vestiaire était particulièrement triste mais il faut prendre sur nous pour aller au Mondial. Ce que nous avons fait lors de cette campagne demande confirmation. Nous avons besoin d'enrichir notre jeu. On peut être confiant pour la suite mais à condition d'aller au Mondial. Ne pas se qualifier serait une catastrophe."

L’autre quart de finale
Serbie bat Russie   79-68
Ceux qui pensaient que la Serbie aurait pu être une proie facile pour les Bleus en quarts n'ont sans doute pas vu jouer les Plavi en Pologne. Avec comme colonne vertébrale une génération qui a survolé le Continent en jeunes (or en U16, U18 et U20) le vieux sage Dusan Ivkovic, vainqueur de tous les Euros qu’il a coachés (1989, 1991, 1995) a redonné une nouveau souffle au basket serbe. 22 ans de moyenne d’âge mais du talent plein les mains et une expérience du haut niveau digne de vétérans chevronnés. Le temps de jeu dont bénéficient avec le Partizan, en Euroleague, des joueurs comme Nikola Velickovic, Milenko Tepic ou Uros Tripkovic se retrouvent aujourd’hui sur le terrain en équipe nationale. La fougue de la jeunesse, l’amour du maillot, de la taille à tous les postes. Un cocktail détonant qui a facilement disposé de la Russie. Les Serbes ont appuyé avec un malin plaisir à l’intérieur (20 pts à la pause pour le duo de pivots Krstic-Perovic) et ont habilement déployé leur toile défensive pour signer un décisif 20-4 dans le deuxième quart-temps. La deuxième mi-temps n’aura été qu’un exercice de contrôle du score parfaitement réussi par Ivkovic. "Inutile de faire de long discours, ils ont dominé tout le match et il assez évident qu’ils étaient la meilleure équipe", a sobrement déclaré le coach vaincu, David Blatt.