Le cauchemar, jusqu'au bout
La France imaginait avant l'Euro qu'elle jouerait un match décisif et plein d'enjeu lors du dernier jour de compétition. Elle n'avait sans doute pas imaginé le faire à 14h00, dans une salle vide et pour la 7e place. Avec comme objectif d'accrocher la dernière place pour le Tournoi Qualificatif Olympique et de sauver les meubles. Face aux Bleus, la Slovénie, privée de quelques uns de ses meilleurs joueurs (Nachbar, Brezec, Vujacic, Udrih, Becirovic), révélation de la phase de poule avant de s'effondrer dans les deux dernières minutes d'un quart de finale dominé de la tête et des épaules contre la Grèce. Deux formations blessées psychologiquement mais forcées de jouer le jeu jusqu'au bout.
Rapidement dépassés par les Croates la veille, les Français attaquent cette rencontre de manière similaire. Maladroits aux tirs, démolis par les intérieurs adverses, ils inquiètent (2-10, 4e). L'ambiance est tendue et tourne vite au vinaigre. Les boîtes à outils sont de sortie et les mauvais coups pleuvent. Mais là où le durcissement des débats avait été fatal à la France en poule, il réveille cette fois les esprits. Les fautes s'abattent sur les Slovènes dans un premier quart-temps interminable. Tony Parker en profite pour alimenter la marque depuis la ligne des lancers-francs et faire recoller les siens (17-18, 10e). Le spectacle proposé est affreux et se déroule presque exclusivement derrière la ligne de réparation. Les coups de vice succèdent aux coups de coude et à ce petit jeu, Jaka Lakovic parvient à garder ses nerfs pour enquiller quelques paniers alors que l'adresse n'est pas vraiment à l'ordre du jour (32-33, 17e). L'activité en défense de Ronny Turiaf, en mode intimidateur, permet de lancer quelques contre-attaques tranchantes. Un 8-0 éclair valide ce bon passage mais Matjaz Smodis parvient à limiter les dégâts en inscrivant un panier à trois-points au buzzer (40-36).
Le troisième quart-temps est une opposition de style entre les hommes de Pipan à la recherche systématique du jeu intérieur et ceux de Bergeaud vivant sur les prouesses de leurs arrières. Très malheureux au shoot contre la Croatie (0/8), Joseph Gomis retrouve enfin la mire sur ses tirs à mi-distance. Et deux anciens coéquipiers aux Spurs, Parker et Radoslav Nesterovic se lancent dans un duel à distance passionnant. TP est en réussite à trois-points et parvient ensuite à placer l'un de ses tear-drops labellisé. L'écart monte à +8 mais alors que la Slovénie est dans les cordes, les Bleus connaissent un nouveau passage à vide au moment de donner le coup de grâce. En deux minutes, la peur s'invite à nouveau au rendez-vous du quatrième quart-temps (57-60, 32e). Oublié sur le banc des Raptors, Uros Slokar fait un chantier considérable faisant admirer la précision de sa patte gauche du haut de ses 2,08 m. Sans adresse jusqu'à cet instant du match, les Slovènes sont soudainement bénis des Dieux. Les flèches lointaines se succèdent. Lakovic puis Smodis imitent Slokar au-delà des 6,25 m (63-75, 37e). Le match de la dernière chance vire au cauchemar absolu. La France explose et une bagarre générale menace d'éclater. Ferchaud est expulsé et le basket français voit ses rêves de Jeux Olympiques s'envoler dans la confusion et la rage. Triste fin d'un triste Euro.
Déclarations
Yvan Mainini : "Je suis déçu et je pense que je ne suis pas le seul. Il faudra en tirer les conclusions et sans doute rebâtir. Il faudra jouer les qualifications pour l’Euro 2009, ce qui ne me fait pas particulièrement plaisir. Le basket français a formé de nombreux joueurs et j’espère qu’il y en aura suffisamment pour construire une équipe de qualité."
Fred Weis : "Moi, cela me met à la retraite. C’est dur de finir comme ça. J’aurais préféré partir d’une autre manière."
Tony Parker : "Ce n’est pas facile à accepter. Cette compétition va nous faire mal pendant longtemps parce qu’il n’y a plus de J.O. Je pense qu’on ne méritait pas ça. Comment expliquer que lorsque tu es à +6 Slokar se mette à rentrer des trois-points dans tous les sens. Il faut croire que ce n’était pas notre année alors que l’on s’entendait super bien dans le groupe. Après 2005 et 2006 on cherchait une stabilité et maintenant on repart de zéro. Tout le monde fait des efforts pour venir et se prendre ça dans la gueule…"
Claude Bergeaud : "Cela démontre le niveau de cette compétition. A un moment il faut faire preuve d’objectivité. Sur cet Euro nous ne sommes tout simplement pas au niveau. Ce que je souhaite c'est que l'on continue dans l'union et pas dans la désunion permanente. C'est une spécifité du sport français que de le faire. Il faut continuer à s'inscrire dans le temps. J'étais convaincu que nous irions aux Jeux. Même avant le match contre la Slovénie je n'avais que des images positives."
Par Julien Guérineau, Service de Presse FFBB, sur place à Madrid (Espagne)