Le coup de poignard
Depuis le début de lEuro, la France a pris lhabitude dévoluer dans un environnement hostile. Cest le cas à nouveau en demi-finale avec plusieurs milliers de supporteurs grecs débarqués dans la nuit pour soutenir les leurs. Pour ne pas connaître le même traitement que lors du match de poule, Antoine Rigaudeau tente de pousser la balle pour prendre en défaut la défense placée des Grecs. Un exercice difficile tant le repli des hommes de Yannakis est efficace. Les Bleus butent contre un mur tandis que Lazaros Papadopoulos enfonce son vis-à-vis près du cercle (7-2, 4e). Un sentiment de déjà-vu traverse léchine des fans français. Mais quelques pénétrations bien senties et lactivité de Florent Pietrus provoquent un 10-2 libérateur (9-12, 8e). Pas de quoi perturber des Hellènes sûrs de leur force et qui répondent par un 7-0. Tony Parker trouve le chemin du cercle pour terminer le quart-temps mais la bataille sannonce rude (16-14, 10e).
Le meneur des Spurs na plus rien à voir avec le joueur fatigué de la première semaine. Ses jambes sont là et sont teardrop, petit shoot en cloche, également. Il agresse, attaque, provoque des fautes et fait repasser la France en tête (19-20, 12e). La suite est moins reluisante. Balles perdues, fautes offensives, pendant de longues minutes lattaque bleue balbutie tandis que les intérieurs adverses se régalent près du cercle. Mais Parker veille et ses raids solitaires font systématiquement mouche. Mieux même, il frappe à 6,25 m au buzzer de la mi-temps et la France est devant en rentrant aux vestiaires (29-30).
Dans le troisième quart-temps les amateurs de beau jeu ne sont pas prêts de trouver leur compte. Papadopoulos continue son travail de sape et après Frédéric Weis, Cyril Julian doit rejoindre le banc avec trois fautes. Après cinq minutes de jeu, lissue de cette demi-finale version guerre de tranchées est toujours aussi indécise (36-36). Chaque panier doit être marqué aux forceps et dans ces circonstances, les shoots à trois-points réussis de Mickaël Pietrus, Boris Diaw puis Mickaël Gélabale sont comme des bouffées dair frais face aux lancers-francs de Grecs qui ont su user de leur physique pour provoquer les fautes. Après dix minutes, rien na bougé (44-45, 30e).
Les fautes des Grecs sont de plus en plus dures. Les joueurs français goûtent chacun à leur tour à la dureté du parquet de la Belgrade Arena. En cinq minutes, les deux équipes marque un seul panier (47-46, 35e). Tony Parker fait alors son retour. Mais ce sont les ailiers qui débloquent la situation. Gélabale puis Diaw trouvent louverture : 47-50. Lailier des Suns est décisif. Il décoche un tir à 6,25 m puis sert superbement Florent Pietrus (49-55, 37e). A 112 du buzzer Tony Parker prend ses responsabilités et expédie un shoot longue distance qui brise le cur des supporteurs grecs (51-58). Mais derreurs défensives en lancers-francs manqués, les Bleus se font très peur. A +4 et 30 secondes au chrono, la balle sort en touche pour la Grèce sur une mauvaise remise en jeu. Dunk de Papadopoulos. Parker est envoyé sur la ligne : 2 sur 2. Papaloukas pénètre et marque. 62-64, 14 secondes à jouer et faute sur Rigaudeau : 1 sur 2. Le concours de lancers-francs est lancé et à ce petit jeu Antoine Rigaudeau ne convertit quun tir sur deux et Diamantidis assassine la France au buzzer : 67-66, la finale senvole.
Grèce bat France 67-66
France : Rigaudeau (6), Gélabale (7), Diaw (14), F.Pietrus (8), Weis (1) puis Schmitt (2), M.Pietrus (6), Julian (2), Parker (20).
Grèce : Diamantidis (7), Hatzivrettas (3), Fotsis (4), Kakiouzis (3), Papadopoulos (13) puis Papaloukas (2), Spanoulis (-), Zisis (11), Dikoudis (14), Tsartsaris (-).
Claude Bergeaud : "Jai dit à mes joueurs de sortir la tête haute et de regarder les gens droit dans les yeux comme quand on est fier davoir fait quelque chose de grand. Tout cela en pensant à ce qui suit car il y a un beau match demain. Il ne faut pas tomber dans la sinistrose. Au contraire, il faut progresser sur ces choses-là. Aujourdhui, nous sommes tellement heureux dêtre là que la déception est à la hauteur de lespoir que lon avait. Il faut savoir rebondir. Stockholm (Euro 2003) a été une expérience. Et il faut apprendre de ces choses-là dans des compétitions aussi serrées. Ce soir, cest une expérience magnifique. Et ne loublions pas, dimanche dernier, nous étions où ? Dimanche soir il y a un magnifique truc à faire car que lon soit premier ou troisième, quand on est sur un podium on se baisse pour recevoir une médaille autour du cou. Jespère que lon ne baissera pas la tête pendant le match, mais après, pour recevoir le bronze."
Demi-finale
Espagne bat Allemagne 74-73
Cest sur un rythme bien plus enlevé que sest disputée la deuxième demi-finale. Ceci grâce à une équipe dEspagne qui tourne depuis le début de lEuro à plus de 95 points de moyenne. Une avalanche de paniers difficile à contenir pour lAllemagne. Lécart se creuse donc rapidement (21-30, 15e) dautant plus que Dirk Nowitzki na pas limpact des matches précédents (5 pts à 2/7). Mais comme la veille face à la Slovénie, les Allemands affichent une réussite extérieure particulièrement impressionnante et leur bombardement à trois-points les recoller à la faveur dun 13-5 (34-35, 20e). Navarro en délicatesse avec son shoot, cest Fran Vazquez qui alimente le scoring chez les Ibères. Alors que lon pense la Mannschaft sur le point de craquer (39-48, 25e), Nowitzki aligne quelques shoots impossibles pour ménager le suspense (54-57, 30e). Et quand lextraterrestre des Mavs se déchaîne à lentame du money time le sort de la rencontre semble jeté (68-59, 35e). Mais dans les deux dernières minutes, lAllemagne oublie quelque peu de servir sa star et plusieurs balles perdues permettent à lautre candidat au titre de MVP de la compétition, Juan-Carlos Navarro, de ramener les siens (72-71, 40e). Navarro pénètre et marque puis Nowitzki lui répond à 4 secondes de la fin (74-73). Calderon tente un dernier shoot. Manqué. LAllemagne est en finale face à la Grèce pour la plus inattendue des finales.
Match de classement
Slovénie bat Croatie 89-80
La Croatie qui se voyait déjà en demi-finale aura tout perdu en moins de 24 heures. Encore sous le choc de leur défaite la veille contre lEspagne et des décisions arbitrales litigieuses ayant accompagné la rencontre (49 lancers à 12 !), les hommes de Neven Spahija devaient en plus se passer de deux titulaires, Mario Kasun et Zoran Planinic, blessés. Les Slovènes, de nouveau soutenus par un public nombreux, ont fait valoir leur profondeur de banc avec six joueurs à 10 points et plus dont linvité surprise Aleksandar Capin (14 pts), viré de Gravelines cette saison, dont les tirs à trois-points ont fait la différence. Les stars NBA que sont Bostjan Nachbar (Hornets), Radoslav Nesterovic (Spurs) et Primoz Brezec (Bobcats) pouvaient laisser exploser leur joie : pour la première fois de son histoire, la Slovénie participera au Championnat du Monde.
Sur place à Belgrade (Serbie-Monténégro), Julien GUERINEAU (FFBB)