L'essentiel est fait
Pour lancer l'Euro Claude Bergeaud est obligé de modifier son cinq majeur avec la blessure à la cuisse de Florent Pietrus, ménagé et qui n'est finalement pas rentré en jeu. Boris Diaw repositionné en numéro 4, c'est Tariq Kirksay qui est titularisé à l'aile aux côtés de Parker, Gomis et Weis. Une confiance que l'Américain paye immédiatement de retour en ouvrant, à trois-points, le compteur des Bleus. L'adresse est d'ailleurs bien présente au-delà des 6,25 m dans la droite ligne de ce que les Bleus ont montré lors de la préparation. Les Polonais subissent un bombardement en règle qu'ils n'avaient peut-être pas prévu. Les troupes d'Andrej Urlep s'accrochent malgré tout (10-9, 5e) avant que Tony Parker ne hausse le ton. Profitant de quelques balles volées le MVP des dernières finales NBA pousse la balle et va conclure près du cercle à plusieurs reprises. Le trou est fait (22-12, 8e) mais quelques oublis au rebond défensif permettent au vétéran Adam Wojcik, le doyen du Championnat d'Europe (37 ans), de signer des claquettes qui réduisent à néant, ou presque, l'avantage acquis grâce à la belle accélération des Tricolores (22-18, 10e).
La rentrée du musculeux Simon Szewczyk permet de plus à la Pologne de poursuivre sur sa lancée. Des Polonais qui vont chercher des points près du cercle tandis que la France se repose toujours sur sa réussite de loin. Un jeu à haut risque mais dans un premier temps plutôt efficace avec des tirs pris parfaitement dans les timings. Les rotations sont très nombreuses puisque, à part Pietrus convalescent, l'intégralité du banc foule le parquet en première mi-temps. Sur un nouveau missile de Sacha Giffa, les Bleus ont retrouvé un matelas plus confortable (33-26, 15e). Mais c'est en fait le début d'une inquiétante disette offensive, notamment pour Tony Parker qui perd soudainement la mire, repoussé loin du panier par la défense polonaise et forcé de prendre des tirs difficiles en fin de possession. L'absence de fixation dos au panier se fait cruellement sentir et les paniers se font terriblement rares. Résultat des courses, comme au premier quart-temps, les Polonais parviennent à recoller (35-32, 20e).
Plus inquiétant encore, au retour des vestiaires ils passent même brièvement en tête suite à une inspiration de l'éternel Wojcik. La consigne a visiblement été donnée de servir les intérieurs mais la Pologne a les kilos, les centimètres et la dureté pour résister. La frustration est palpable chez les grands qui travaillent sans parvenir à provoquer les fautes d'adversaires pourtant particulièrement physiques. L'étincelle va venir de Yakhouba Diawara. Malheureux en première mi-temps le joueur de Nuggets fait mouche de loin, s'arrache sur une interception suivie d'un dunk et trouve en Tariq Kirksay un compagnon de jeu idéal. L'Américain naturalisé réalise deux actions similaires et quelques possibilités de jeu rapide permettent à la France de se donner un peu d'air (58-50, 28e). A l'approche du money-time c'est ensuite la Zadar connection qui se met en branle. Les juniors en or version française alimentent la marque avec un Ronny Turiaf qui parvient enfin à trouver l'ouverture dans la raquette et un Parker qui voit de nouveau le ballon déchirer le filet à longue distance (70-61, 37e). La France a le match en main mais va rester sous la menace jusqu'au bout, Kirksay parvenant néanmoins à ne pas laisser la menace se transformer en mauvaise surprise. Il faudra cependant hausser le ton face à l'Italie, mardi à 19h00.
Déclarations
Claude Bergeaud : "Tout d'abord nous sommes très contents d'avoir gagné ce premier match qui est toujours très difficile. A l'Euro 2005, nous avions perdu contre la Grèce, au Mondial 2006 contre l'Argentine en ouverture. Nous savons que lors d'un Championnat d'Europe, lors de la première journée, toutes les équipes avec un statut d'outsider joue avec un coeur énorme, comme par exemple la République Tchèque qui a poussé l'Allemagne en prolongation. Mais ensuite, ce soir, notre attaque a été particulièrement mauvaise parce que nous n'avons pas développé notre jeu de passe. Il y avait beaucoup de dribbles. Je ne suis pas sûr que l'on soit capable de produire un meilleur basket si l'on continue dans cette voie. Donc j'espère que nous allons progresser sur ce point. En défense nous avons eu quelques largesses sur les un contre un et les rebonds offensifs ce qui fait que nous n'avons pas eu de ballons propres pour le jeu rapide et la contre-attaque. Maintenant je trouve que nous avons fait affiché une forme de sérénité pour assurer la victoire. Tout le monde a été concerné ce soir car nous avons besoin de protéger les leaders qui vont avoir beaucoup de temps de jeu dans le futur."
Tariq Kirksay : "C'est plutôt une bonne chose de gagner un match alors que l'on a mal joué et qu'il y a plein de points sur lesquels progresser. Nous allons apprendre de ce genre de rencontre. Nous avons pris 26 tirs à trois-points ce soir et nous aurions sans doute voulu jouer un peu plus à l'intérieur mais quand les tirs sont ouverts on ne peut tout simplement pas les refuser. C'est une question de confiance. Quand une équipe vous donne les tirs de loin, il faut les prendre."
A propos de Florent Pietrus : "Je me suis vraiment posé la question de le faire rentrer à la mi-temps et avec le staff nous lui avons demandé de vraiment bien s'échauffer. Mais je compte sur lui demain. Il faudra l'envoyer au feu parce que c'est un match trop important", a déclaré Claude Bergeaud.
France bat Pologne 74-66
Dans la poule
Slovénie bat Italie 69-68
Les Slovènes ont remporté leur première victoire de l'Euro au terme d'un final exceptionnel. Menés de 13 points à cinq minutes du buzzer les Italiens se sont lancés dans un dernier rush fabuleux dans le sillage de Massimo Bulleri. Handicapté par les fautes le meneur transalpin a ramené les siens à lui seul ou presque et sur un tir en suspension a même refait passer l'Italie en tête avec moins de cinq secondes à jouer. Mais son vis à vis Jaka Lakovic a calmement remonté le terrain avant de se stopper à trois-points pour crucifier la Squadra déjà sous pression.
Par Julien Guérineau, Service de Presse FFBB, sur place à Alicante (Espagne)