L'Euro dans la douleur ?
Dans un match capital pour sa qualification la France lance parfaitement les débats en allant servir des intérieurs parfois oubliés. Ronny Turiaf est entreprenant en attaque et intimidant en défense, Sacha Giffa adroit et la mise en route convaincante : 8-2. Mais l'Ukraine, même privée de son joueur majeur, Artur Drozdov, blessé au genou et au coude, ne tarde pas à faire étalage de ce qui fait sa force : le bombardement en règle au-delà des 6,25 m. Rostyslav Kryvych, auteur de 15 points à Kiev, offre un spectaculaire clinic de tir extérieur avec trois tirs primés réussis dans le premier quart-temps. L'intérieur Agafonov participe à la fête et ceux qui espéraient une promenade de santé sont vite ramenés sur terre. L'Ukraine signe un 12-4 éclair et vire ensuite en tête après dix minutes (18-22). Fort heureusement le vénérable Valentyn Melnychuk ne possède pas une profondeur de banc à toute épreuve. Ses troupes sont jeunes. Très jeunes. Et lorsque Agafonov souffle et que Lishchuk est touché par les fautes, le niveau d'ensemble en souffre. En difficulté depuis le début des qualifications, Steed Tchicamboud parvient à se libérer pour donner un peu d'air aux siens 34-29 (16e). Mais tel un boomerang l'Ukraine revient aussi vite qu'elle a semblé décrochée. Cette fois c'est Oleksandr Kolchenko (20 ans) qui joue les artificiers de service. Celui qui s'était fait remarquer lors de l'Euro juniors 2006 pour ses qualités de scoreur mais également son sale caractère au point d'être détesté de ses propres coéquipiers, plante deux banderilles de loin pour s'assurer que le suspense restera entier (43-41 à la pause).
Les Ukrainiens y croient mais ont sans doute oublié un détail : Tony Parker est un génie. Un génie qui n'a pas forcé son talent lors de la première mi-temps mais qui va se fâcher tout rouge à l'heure de faire basculer la rencontre. Ses vis-à-vis vont vivre un calvaire au retour des vestiaires et pourront dès demain faire soigner leurs chevilles endolories par les multiples changements de direction et de rythme de la star des Spurs. TP va ainsi se fendre de 15 unités tout en haussant le ton de l'autre côté du terrain. Ses pénétrations incessantes libèrent également ses coéquipiers qui se mettent au diapason en matière de pression défensive. La digue ukrainienne commence à céder et sur une nouvelle interception l'écart atteint la barre des 10 points (61-51, 27e). Cette fois les Bleus sont libérés et récitent enfin un basket collectif digne de ce nom. Sur un lay-up de William Gradit parfaitement servi par Parker, la cause semble entendue (76-62, 33e). Mais la France a l'art de se rendre les choses compliquées. Elle voit un nouveau joueur prendre feu à longue distance. Cette fois c'est un autre minot, Sergiy Gladyr, qui fait le show et lance un surréaliste 13-0 qui relance le match à cinq minutes du terme (76-75). Dans les travées d'Antarès on tremble. Nando De Colo, discret jusqu'à présent, a le bon goût de réussir une pénétration pleine d'agressivité puis de provoquer un passage en force à 90 secondes du buzzer. Parker libère ensuite les Bleus d'un tir en suspension difficile. La France s'impose et, grâce aux résultats favorables dans les autres poules, se trouve dans une situation idéale pour voir la Pologne en septembre prochain.