Lheure de la revanche
Cest le cur léger et le sourire aux lèvres que les Bleus ont effectué leur traditionnel point-presse vendredi matin. La qualification en demi-finale a dailleurs provoqué quelques arrivées supplémentaires de grands médias nationaux. Pour la troisième fois en quatre championnats dEurope, la France figure dans le dernier carré continental. Une superbe constance au plus haut-niveau et qui saccompagne dune belle récompense : une place au Mondial 2006. Un rendez-vous planétaire que les Bleus navaient plus fréquenté depuis lédition 1986, en Espagne. "On va au Mondial. Cela fait 20 ans quon attendait ça. Aller au Japon dans un Boeing, en première classe et manger des sushis, cest quand même quelque chose de beau. Et on ne va pas sarrêter là", plaisantait un Mickaël Pietrus plus endiablé que jamais.
Mais en attendant de rejoindre le pays du Soleil levant, la France a des comptes à régler. En ouverture du Championnat dEurope, elle avait été balayée par la Grèce (64-50), lécart final ne reflétant pas totalement la domination des Hellènes sur la rencontre. "Ce premier match, ce nétait pas la vraie Équipe de France", insiste toutefois Boris Diaw. Depuis, la confiance est revenue avec lélimination du Champion du Monde (Serbie) puis du Champion dEurope (Lituanie) et les Tricolores ont haussé leur niveau défensif au point de détruire totalement le fabuleux jeu collectif des Baltes en quarts. "Aujourdhui nous sommes en demi-finale. Nous sommes vivants et cest le plus important", remarque Antoine Rigaudeau, chef de file dun groupe transfiguré.
Samedi soir, à 18h00, cest un véritable combat qui attend la France. "La Grèce est très forte dans ce type de match et son style de jeu ne nous convient pas obligatoirement. Leur mental est impressionnant : ils savent où ils veulent aller et comment", prévient Rigaudeau. Si Claude Bergeaud et ses troupes ont impressionné défensivement, ils vont trouver à qui parler avec les Grecs. Le bloc coaché par le légendaire Panagiotis Yannakis, champion dEurope 1987, est tout simplement numéro un du tournoi dans ce domaine : 58,0 points encaissés par match ! Une machine à faire déjouer ladversaire qui avait démontré toute sa puissance lors du premier face à face avec la France. "Ils gèlent le jeu et contrôlent le rythme. Et dans ce domaine, ce sont des experts", explique Claude Bergeaud. "Leur collectif est très en place et cette équipe présente une expérience et une maestria de top niveau européen. Ils savent user et abuser de leur vice pour déstabiliser émotionnellement ladversaire."
Contrairement à la Lituanie hier, où les Bleus avaient clairement ciblé le meilleur scoreur adverse Ramunas Siskauskas, il ny a pas chez les Grecs de moteur individuel de lattaque. "En poule, nous voulions arrêter Diamantidis qui a finalement humilié nos joueurs NBA, et Papadopoulos, qui est rapidement sorti pour deux fautes. Notre approche sera différente cette fois", prévient Bergeaud. Avec sept joueurs tournant à sept points et plus, la marque est très répartie chez les Grecs, comme la prouvé un quart de finale où cest le meneur Theodoros Papaloukas (23 pts à 8/10) qui a pris les choses en main pour son équipe. Pas de quoi cependant empêcher de dormir une Équipe de France confiante et revancharde.
Quarts de finale
Allemagne bat Slovénie 76-62
Après plus de quatre jours de repos, les Slovènes, qui évoluent presque à domicile, manquent terriblement de rythme et sont vite distancés dune dizaine de points. Au bout de 14 minutes de jeu Nesterovic et compagnie en sont à 5/25 aux tirs. Mais leur défense à la limite de la légalité sur Dirk Nowitzki leur permet de rester dans la course (34-34, 20e). Entre deux des trois meilleures défenses du tournoi le combat est rude. Les seconds rôles brillent autour de Nowitzki avec les meneurs Mithat Demirel et Pascal Röller inspirés et adroits de loin (52-47, 30e). Röller touche même au sublime à lentame du money-time et deux flèches primées douchent lenthousiasme de la Belgrade Arena (66-49, 34e). Les esprits séchauffent et on frôle la bagarre mais lAllemagne sait garder la tête froide pour gérer son avance. Comme en 2001 elle atteint les demi-finales de lEuro.
Croatie bat Espagne 100-85 (a.p.)
Devant un public hostile, la Croatie a remarquablement débuté son match grâce à un Mario Kasun dominateur sous les panneaux. La meilleure attaque du tournoi est, elle, totalement bloquée et ne parvient pas à accélérer le jeu comme elle sait si bien le faire (15-24, 15e). Mario Pesquera trouve sur son banc quelques solutions mais leuphorie est croate comme en témoigne un tir au buzzer de la mi-temps de Marko Popovic à huit mètres (25-33). Au retour des vestiaires, le scenario est différent avec des contre-attaques ibères qui fusent et un Fran Vazquez (11e choix de la dernière draft) qui impose son jump dans la raquette. LEspagne signe un 13-5 en cinq minutes pour revenir à hauteur. Elle semble sur le point de faire le break mais Roko-Leni Ukic, champion dEurope juniors en 2002, alterne tirs extérieurs et drives tranchants pour maintenir son équipe à flot (53-55, 35e). La fin de match est somptueuse. Les deux formations sont à égalité à une minute du terme. Cest le moment que choisit le jeune prodige Marko Tomas pour délivrer une passe décisive et signer un 3/4 aux lancers qui paraît propulser son équipe en demi-finale. Mais Gordan Giricek échappe un rebond sur un lancer-franc raté intentionnellement par Navarro et Vazquez envoie le match en prolongation. Cinq minutes supplémentaires de grand basket. Navarro est tout simplement magique () et la Croatie craque totalement à limage de son coach Neven Spahija qui pénètre sur le terrain pour menacer les arbitres puis insulte les responsables FIBA. Les techniques pleuvent, les expulsions également. LEspagne, médaillée aux trois derniers Euros peut encore rêver de podium.
Match de classement
Lituanie bat Russie 89-78
Dans une rencontre bien plus ouverte que lors des quarts de finale de la veille, la Russie sest une nouvelle fois autodétruite après avoir contrôlé les débats pendant de longues minutes malgré labsence de sa star, Andreï Kirilenko, victime dune fracture du nez contre la Grèce. Le meilleur marqueur, rebondeur, intercepteur et contreur russe a cruellement manqué à ses coéquipiers, surpris de voir Paulius Jankunas surgir du banc pour signer 19 points en 18 minutes. La Lituanie, absente du Mondial 2002, sera bien présente au Japon.
Demi-finales
Samedi 24 septembre
France-Grèce (18h00)
Allemagne-Espagne (21h00)
Sur place à Belgrade (Serbie-Monténégro), Julien GUERINEAU (FFBB)