Secret défense
Finis les courses folles, les festivals de loin et les arabesques aériennes. En transférant à Vilnius pour y affronter la crème de la crème continentale, l’Equipe de France a replacé les débats sous le signe de la défense. Il y avait quelque chose d’incongru à voir ces Bleus boucler le premier tour à 87,6 points de moyenne avec des pourcentages de réussite étourdissants. Dans la Siemens Arena, la machine à broyer les attaquants adverses est à nouveau en place. Et le match face à la Lituanie en a été la parfaite illustration. Personne n’avait encore trouvé la parade à la cascade de pick n’roll proposée par les Baltes.
Vincent Collet et son staff ont relevé le défi. Toute la soirée, la rapidité des rotations tricolores, les mains toujours rapides de la ligne arrière et le gigantesque travail de Joakim Noah au cœur de la raquette ont perturbé le jeu de passes habituellement si léché de Jasikevicius et consorts. Sortis de leur zone de confort, gênés même sur les plus simples main à main, les géants verts n’ont jamais trouvé l’euphorie qui leur aurait permis de retourner la situation. "Dans l’humilité il y a également la capacité de reconnaître les grandes performances. Sinon ça serait les banaliser", se félicitait Vincent Collet en zone mixte.
Un entraîneur ravi d’un résultat qui assure à la France l’une des deux premières places de la poule et qui lui permettra d’évoluer dans la partie de tableau opposée à celle de l’Espagne lors de la phase finale. Et après avoir vu ses troupes atteindre des sommets en attaque, Vincent Collet savourait la constance dans l’effort de l’autre côté du terrain : "On vient de faire deux gros matches défensifs. Les joueurs se sont battus pour passer par-dessus les écrans et forcer les Lituaniens à prendre des tirs difficiles. Même ceux qui ne sont pas des spécialistes ont été au diapason… Nous les avons essorés. Même quand ils ont eu des tirs ouverts, les efforts que nous leur forçons à faire se payent à la fin."
La Lituanie n’aura eu qu’un court moment de folie lorsque le shooteur Simas Jasaitis fut le déclencheur d’un 18-9 au troisième quart-temps. Mais l’incendie aura été très vite éteint par un Nando De Colo retrouvé et un Tony Parker décisif (7 points dans les quatre dernières minutes). Le meneur des Spurs, à l’image de toute l’Equipe de France, ne laissait pourtant transparaître aucune émotion, pas plus au buzzer final que face à la presse. "Ce n’est pas un exploit", assénait celui qui est clairement en mission cette année. "Nous avons simplement fait un bon match de basket. La défense reste notre point fort : mettre de la pression tout terrain, rendre les shoots difficiles et contrôler le rebond. C’est ce que nous avons réussi ce soir."
Vainqueurs de sept matches consécutifs (dont trois face à trois demi-finalistes du dernier Mondial), les Bleus savent trop bien que ces succès n’auront aucune signification une fois leurs quartiers pris à Kaunas. "Au niveau maîtrise c’était le match le plus intéressant de l’Euro", admettait Nicolas Batum. "On passe un cap. Mais si on venait à perdre en quarts, tout ça n’aurait servi à rien." Mais après avoir éteint les 11.000 spectateurs de la Siemens Arena, la nuit sera douce.
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