Une belle réaction
Il est toujours très difficile de trouver la motivation pour les matches de classement. La déception dune défaite qui prive de la course aux médailles, la fatigue et lambiance souvent feutrée de ce genre de rencontre ont parfois des effets néfastes sur la motivation des joueurs. Mais la France a pu constater, avant son entrée en scène à 19h30, que certains pays ne prennent pas à la légère la perspective dune éventuelle cinquième place à un Mondial en assistant depuis les tribunes à un spectaculaire Turquie-Lituanie. Longtemps à la peine, les jeunes turcs déchaînés ont arraché une prolongation sur un tir impossible dEnder Arslan avant quErmal Kugo ne survole les cinq minutes supplémentaires.
Comme on pouvait le craindre, le début de match est hésitant des deux côtés. Claude Bergeaud est privé dAymeric Jeanneau (fracture du nez) et les Allemands sont les premiers à sortir de leur torpeur dans le sillage de leur star Dirk Nowitzki qui amorce un 9-0 permettant à la Mannschaft de se détacher (5-11, 5e). Mais la France va trouver sur son banc les hommes pour la relancer et voit avec soulagement Nowitzki regagner la touche, pénalisé par deux fautes. Lattaque teutonne tâtonne et les Bleus recollent puis passent devant sur un tir primé de Laurent Foirest au buzzer du quart-temps, son deuxième seulement du tournoi (17-16, 10e).
Les matches de classement permettent en général à des éléments utilisés avec parcimonie de se mettre en valeur. Chez les Bleus, les joueurs en forme se nomment Joseph Gomis et Ronny Turiaf. Le meneur de Valladolid pousse la balle et donne enfin du rythme au match, tandis que le pivot des Lakers simpose dans la raquette, notamment au rebond. Les Bleus font la course en tête (25-18, 13e) et quand Mickaël Pietrus se met au diapason, lécart prend des proportions conséquentes (36-22, 18e). Mais quelques oublis défensifs dans un secteur pourtant très convaincant permettent à lAllemagne de conclure le premier acte sur 9-2 qui limite les dégâts (38-31).
Ces approximations se poursuivent au retour des vestiaires notamment sur les back-door de la nouvelle recrue de la Fortitudo Bologne, Steffen Hamann. En face Ronny Turiaf, désormais le point central de lattaque française, tente tant bien que mal dalimenter la marque mais le jeu offensif manque singulièrement de créativité. LAllemagne, elle, ne se pose pas de questions et sert un Dirk Nowitzki bien plus inspiré que face aux Etats-Unis (3/12). Le deuxième meilleur marqueur du tournoi étale toute sa panoplie : post-up, rebond offensif, tir à trois-points. Tout y passe et ses 12 points propulsent son équipe en tête, dautant quune nouvelle fois, les Bleus concèdent un tir à 6,25 m au buzzer (53-57, 30e).
Léquilibre est désormais de mise et avec le retour sur le parquet dun Turiaf que Nowitzki est bien en peine de stopper, les Tricolores ont à nouveau une solution rentable dos au panier. Son efficacité (6/6) offre des positions de tirs ouverts dont profite Mickaël Gélabale pour mettre les deux équipes dos à dos à lentame des cinq dernières minutes (66-66). LAllemagne nexiste que par les exploits à répétition dun joueur. Mais quel joueur ! Pendant près de cinq minutes, Nowitzki est le seul à trouver le chemin du cercle. Pas un défenseur ne parvient à enrayer son festival et il semble avoir donné la victoire à son équipe lorsque Joseph Gomis décoche un fabuleux tir à trois-points en contre-attaque à 20 secondes du terme (73-73). Dans la foulée, les Allemands perdent le ballon et envoient immédiatement Boris Diaw sur la ligne. 0/2 mais le capitaine des Bleus se rattrape en interceptant le ballon et en servant Gélabale sous le cercle (75-73). Il reste 1,8 seconde. Nowitzki pose le pied en touche sur la remise en jeu, la France l'emporte et jouera pour la cinquième place.
Réactions
Boris Diaw : "Je suis passé du joueur qui aurait pu être le fautif à celui qui intercepte le ballon pour gagner le match. Le basket est un sport d'équipe et potentiellement les 12 joueurs peuvent être utilisés. Maintenant, accrocher la cinquième place laisserait une meilleure image que la sixième."
Ronny Turiaf : "J'étais plus énervé qu'autre chose après le match contre la Grèce. Je me suis mis dans le match grâce au rebond offensif et en essayant de ne rien forcer. Je suis très fier que l'on ait continué à croire en nous pendant 40 munutes. Personnellement je ne cherche pas à faire des choses que je ne maîtrise pas. Tous mes coéquipiers me disent de jouer mon défenseur à chaque fois que je touche le ballon et me démontrent qu'ils ont confiance en moi."
Claude Bergeaud : "Ce genre de victoire peut nous aider à construire une équipe. Après la Grèce, nous avons expliqué qu'il fallait se concentrer sur des objectifs et le nôtre aujourd'hui est de gagner le deuxième Championnat du Monde, celui pour les places de 5 à 8, en acceptant notre vrai niveau qui est bien celui-là derrière quatre équipes qui sont au-dessus. Je ne peux que féliciter mes joueurs d'avoir joué avec autant de sérieux et de coeur."
Julien Guérineau, service de presse FFBB, sur place à Saïtama