Une médaille historique
Drôle dendroit pour une rencontre aurait pu être laccroche de ce France-Espagne pour la troisième place entre deux formations qui à trois secondes de la fin de leur demi-finale se voyaient lutter pour lor. Dans une salle qui se remplit doucement avant le grand rendez-vous, Antoine Rigaudeau trouve rapidement la distance à trois-points comme pour oublier sa fin de match de la veille. Mike Pietrus sattache aux basques de Juan-Carlos Navarro, le meilleur marqueur du tournoi à plus de 26 points par match. Mais lattaque supersonique des Espagnols fait merveille et après trois minutes, les Bleus sont distancés (3-9). On assiste à plusieurs séries. 9-0 signé des frères Pietrus (12-9, 6e) puis 7-0 côté ibère (12-16, 8e). Un Mike Pietrus inspiré (6 pts, 3 rbds, 2 pds, 1 int) maintient la France dans la course après un quart-temps (21-21).
Le début de deuxième période appartient à Boris Diaw qui se fend de sept points consécutifs pour créer un premier break significatif (30-23, 13e). Peu utilisé jusquà présent, Sacha Giffa fait une entrée remarquée. Peu en réussite il fait preuve dune grande activité au rebond et sert à deux reprises Fred Weis sous le cercle (37-28, 18e). Les Espagnols, si flamboyants habituellement, semblent manquer dénergie et les rebonds offensifs tricolores font mal à Garbajosa & Co. Dans ces conditions, on peut fortement regretter que les Bleus naient pas tué le match à la mi-temps en dépit dune claquette dunkée ahurissante de Gélabale sur le buzzer (44-36).
Gélabale poursuit son festival au retour des vestiaires. Le pensionnaire du Real Madrid est absolument partout et Weis jouant parfaitement son rôle dintimidateur lécart grandit sous les coups de boutoir de Tony Parker (55-40, 25e). Seule ombre au tableau, le poids des fautes qui offre des lancers-francs à lEspagne. Mais les Bleus dominent leur sujet et deux fautes techniques infligées à Calderon puis Navarro permettent à Florent Pietrus de sentir le podium plus proche que jamais (63-43, 27e). Parker est en mode NBA tout comme Mike Pietrus qui soffre un dunk arrière spectaculaire. Son frère limite quelques secondes plus tard pour conclure un quart-temps remporté 31-18 par la France (75-54) !
Le massacre se poursuit en début de dernière période. La différence atteint les 26 unités avant un léger sursaut espagnol (80-60, 34e). Insuffisant cependant pour perturber le spectacle aérien proposé par les frères Pietrus. La France tient sa médaille. La première depuis 1959 autrement dire une éternité. Claude Bergeaud vide son banc et les Bleus peuvent rêver à des lendemains qui chantent grâce à un groupe encore jeune et qui, dans la difficulté, a obtenu sa qualification pour le Mondial 2006 et un superbe podium. Les joueurs exultent et foncent dans les tribunes pour danser au milieu de leurs supporteurs. Un vrai bonheur !
France bat Espagne 98-68
France : Rigaudeau (3), M.Pietrus (23), Diaw (9), F.Pietrus (13), Julian (2) puis Weis (5), Parker (25), Giffa (-), Gélabale (13), Fauthoux (3), Diarra (2).
Espagne : Calderon (5), Navarro (17), Jimenez (10), Reyes (9), Garbajosa (12) puis Vazquez (8), Vidal (6), Fernandez (-), Cabezas (-), De Miguel (-), Rodriguez (1).
Claude Bergeaud : "Le basket français est heureux ce soir. Cette médaille est historique puisque la France n'était plus montée sur un podium européen depuis 1959. Nos résultats en jeunes sont excellents depuis de nombreuses années mais il nous fallait concrétiser cela par une performance chez les A. C'est fait. Tout au long de la compétition, nous avons cherché à démontrer que la force d'un groupe est bien supérieure à la somme des individualités. Je pense que nous avons réussi."
Finale
Grèce bat Allemagne 78-62
On savait que la finale n'allait probablement pas rimer avec showtime. On ne s'était pas trompé. Après cinq minutes de jeu, le score est de 4-4. Balles perdues et shoots ratés se succèdent. Un scenario qui convient parfaitement à la Grèce qui évolue quasiment à domicile dans la Belgrade Arena (19.000 spectateurs). La profondeur de banc des Hellènes fait à nouveau merveille avec huit scoreurs différents dans le premier quart-temps (19-12).
Une différence que les hommes de Yannakis maintiennent dans la deuxième période dans le sillage d'un Theodoros Papaloukas étalant toute sa technique (9 pts, 4 pds). Il faut un Patrick Femerling batailleur sous les panneaux et un tir à trois-points de Dirk Nowtizki au buzzer pour ne pas que l'Allemagne décroche totalement (39-32, 20e).
Papaloukas touche ensuite au sublime décochant deux flèches longue distance puis une pénétration à la limite des 24 secondes. Lambiance monte encore dun ton dans la salle et la Grèce se détache (50-36, 23e). La paire Femerling-Nowitzki de nouveau parvient à limiter les dégâts mais lorsque les deux hommes se retrouvent ensemble sur le banc à trois minutes de la fin du quart-temps (54-44), la Mannschaft, privée de solution offensive, explose. Nowitzki est rappelé en catastrophe mais le mal est fait (64-48, 30e).
Psychologiquement supérieurs à toutes les équipes de lEuro, les Grecs ne laissent à aucun moment leurs adversaires croire à un éventuel retour. Ils font tourner le chronomètre sur chaque possession et resserrent leur défense. A trois minutes de la fin Nowitzki est rappelé sur le banc par son coach et reçoit, superbe image, une standing ovation du public de lArena. 19 ans après son sacre à domicile, à Athènes, qui avait transformé le basket en sport national, la Grèce est de retour sur le toit de lEurope.
Matches de classement
7e place : Croatie bat Russie 92-74
5e place : Lituanie bat Slovénie 79-70
Sur place à Belgrade (Serbie-Monténégro), Julien GUERINEAU (FFBB)