Coudray-Koechlin, le pari normand | FFBB

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Ligue Féminine de Basket 2004-2005

Coudray-Koechlin, le pari normand

19/10/2004
<P><STRONG>Hervé Coudray, le coach breton entame sa troisième saison à la baguette de Mondeville, avec la meneuse Caroline Koechlin (prononcez Ké-clin) comme porte parole sur le terrain. Côte à côte, le duo normand évoque le lien de jeu, la saison passée, les nouveaux paris et les ambitions qu’ils affichent alors que le club affronte Aix mercredi lors de la 2ème journée féminine.</STRONG></P>


Il existe une relation assez forte entre vous et votre capitaine. A quoi tient cette relation qui contribue à faire de Mondeville l’une des meilleures formations de l’élite ?
Hervé Coudray (HC) :
C’est d’abord une histoire. J’ai toujours eu l’expérience d’une relation de confiance avec la meneuse. Lorsque j’ai fait monter Rennes en ligue, c’était déjà le cas, j’avais besoin de ce relais sur le terrain. La dynamique que j’essaie de mettre en place sur le terrain, je l’ai déjà expérimenté aux Etats-Unis, dans des camps de basket ou dans les universités. On continue à fonctionner comme ça car aussi bien Caro que moi sommes satisfaits de cette première saison. A nous désormais d’enrichir cette relation, non simplement pour prouver quelque chose l’un à l’autre mais pour progresser à travers nos diverses expériences.
Caroline Koechlin (CK) : J’ai pas mal bougé. Après le championnat universitaire US, le retour à Montpellier ne s’est pas passé comme je l’espérais. J’ai eu besoin de changer d’air, et j’ai sollicité Hervé que je connaissais par l’intermédiaire des camps de basket et aussi par le biais de Jacques Vernerey que j’ai apprécié à Aix. Lors du tournoi de la Fédération de Clermont-Ferrand, on a discuté de ma fin de contrat avec Montpellier par rapport à mon orientation de carrière. Il a fait le choix courageux de me faire confiance, de se séparer d’une joueuse avec qui ça passait bien. A 23 ans, je n’ai pas hésité à partir, j’avais besoin de savoir si je pouvais être une meneuse en ligue, quitte à me planter… Je n’avais pas envie de rester une seconde meneuse, il fallait que je sache. Notre relation est forte de par le poste de jeu et la confiance qu’il m’a accordée. Je pense lui avoir rendu cette confiance et inconsciemment, le lien est plus fort.



Quart de finaliste de la Coupe Fiba Europe, finaliste de la Coupe de France et la course au Top 4, la saison 2003-04 fut très réussie. Quel regard portez vous sur cet exercice passé ?
HC :
Nous sommes plutôt dans une période où nous nous fixons des objectifs pour 2004-2005. La saison passée, nous avons fait des paris qui ont été gagnants mais il faut aussi accepter que l’on puisse se tromper. Cet exercice sportif a été très positif mais ce fut aussi une aventure humaine très enrichissante. Aujourd’hui, nous allons essayer de reproduire cela. Je suis quelqu’un de pari, de défi. Le pari que j’ai fait avec Caro et Aurélie Bonnan, je fais le même cette année avec d’autres (Pochet, Badé). Nous verrons où cela va nous mener. J’espère pouvoir remplacer une équipe qui était la deuxième attaque du championnat par une formation plus défensive, plus athlétique.
CK : J’ai le souvenir d’une saison exceptionnelle. Personnellement et collectivement, elle fut au-delà de mes espérances. Mondeville, avec ses propres moyens, a bénéficié des paris d’Hervé qui a compris qu’on pouvait réussir de cette manière. Mais attention, un pari est aussi bien gagnant que perdant. L’année dernière s’est bien passée et cette saison, je ne suis pas sûr qu’on prenne beaucoup de risques car Amélie Pochet peut devenir une très bonne joueuse pour peu qu’on lui donne la confiance. Humainement, nous avons vécu quelque chose de fort en coupe d’Europe et en championnat et cela sera difficile de rééditer cette performance. Nous sommes reconnus, l’effet de surprise ne fonctionnera plus. Le plus dur sera de confirmer mais il ne faut pas se dire que la saison sera ratée si on ne fait pas aussi bien. Si nous ne sommes pas en finale européenne ou dans le groupe A, ce ne sera pas pour autant un échec. Il faut être humble et réaliste par rapport aux moyens dont on dispose.



Mondeville a toujours été attachée à la formation, à l’image de son coach. Tu fais confiance aux jeunes françaises alors que les européennes ont investi la ligue. Pourquoi cette stratégie ?
HC :
Au départ, c’est un défi ; ensuite c’est une obligation. Le recrutement de l’année dernière a été anticipé et a bien fonctionné. Cette intersaison, tout le monde s’y est pris plus en avance donc nous nous sommes retrouvés à plusieurs sur les mêmes joueuses, notamment sur la lettonne Gunta Basko (Tarbes). Je n’ai pas su conclure les négociations et nous nous sommes repliés sur des seconds choix, moins sûrs. Nous avons fait le choix de la stabilité, en poursuivant les choix payants de la saison passée. Le recrutement de 2 étrangères (Daley et Puskar) plus Badé et Pochet va dans ce sens. Pourquoi aller chercher à l’étranger ce que nous pouvons avoir au même niveau de qualité en championnat de France ? Le pari de Krissy Badé peut s’assimiler au pari de Caro ; j’essaierai de la faire jouer sur ses qualités et non sur ses défauts.
CK : Avec la présence plus nombreuse des françaises dans l’équipe, l’intégration est rendue plus facile. Ça ne me pose aucun problème ! « Mama » Dantas a déjà passé quelques années en France et parle très correctement notre langue. L’Américaine n’est vraiment pas une US type ! Comme Feaster, elle est humainement formidable, sympa et ouverte. La Serbe (Marina Puskar) est aussi très ouverte en dépit de sa première expérience à l’étranger. Nous n’aurons pas de problème d’intégration et c’est tout bonus. Je ne peux être que satisfaite de la place des françaises, d’ailleurs je ne serais peut-être pas là aujourd’hui. A choisir entre Krissy Badé et une ailière venant de je ne sais où et dont les productions sont incertaines, je prends Krissy sans hésiter.                                                          HC : A un moment, on aurait même pu avoir une étrangère en moins ! Nous étions sur la piste d’une intérieure française.



Quelles sont vos ambitions collectives et individuelles ?
HC :
L’objectif du club est d’être le relais dans la formation de certaines joueuses. Caro est là aujourd’hui, je ne lui souhaite que de passer un cap pour aller vers un gros club européen, c’est notre vocation. Tant que nous ne sommes pas capables d’amener les joueuses à un plus haut niveau et à les garder chez nous, je pense à Anete (Jekabsone) et Tatiana (Shchegoleva), alors on devra se contenter de terminer le championnat en 4, 5 ou 6ème position. C’est un cap supplémentaire à franchir, amener plus de partenaires financiers notamment pour valoriser la formation.                       CK : Collectivement, nous avons les moyens d’aller en groupe B et d’attraper une place en coupe d’Europe. Ce sera déjà pas mal. En Coupe Fiba, la formule a changé et n’est pas plus lisible, elle est même plus compliquée et moins équitable. Aucun pays ne pourra avoir plus d’une équipe au Final Four de conférence. Je ne suis pas sûr que 16 pays puissent avoir le niveau des playoffs pan européens. Nous sommes tombés dans une poule très difficile, avec Naples la nouvelle équipe de Nicole Antibe et Ribera qui a recruté N’Goyisa. Les Canaries, on connaît. Apparemment, 3 équipes peuvent se qualifier donc j’espère qu’on passera mais après, il est difficile de juger. Personnellement j’ai envie de montrer plus, mais surtout de confirmer. La saison réussie ne suffit pas à dire que je suis arrivé, bien au contraire. Le plus dur arrive. Les gens me connaissent, le profil de l’équipe a changé, je suis attendu et je dois m’adapter à cette situation. J’étais la meilleure passeuse l’année dernière, mais je ne me focalise pas sur cela. Il faut conserver la qualité de passe mais peut-être aussi apporter un peu plus de points compte tenu des départs de nos ailières scoreuses (Doan et Jekabsone). J’ai été déçu de ne pas être retenue en équipe de France pour les matches qualificatifs de l’Euro mais je m’y attendais un peu. J’ai mis un pied dedans, j’ai envie d’y retourner. Je vais m’attacher à faire une bonne saison pour être retenue et y aller pour jouer l’Euro.



Quelle(s) équipe(s) redoutez vous particulièrement cette saison ?
HC :
Sur le papier Valenciennes c’est certain. Mais, par exemple contre Bourges (match amical du 10 oct contre Bourges, perdue 65-63), sans Caro, nous arrivons à les tenir. Je me demande comment ils font à Valenciennes pour faire une équipe pareille, de quel budget il dispose !
CK : Depuis des années, Valenciennes est hors catégorie. Ce n’est pas cette année que cela va changer je crois. On ne doit pas redouter qui que ce soit, ce n’est pas notre discours. Nous ferons notre bout de chemin et on verra. Je ressortirais une équipe comme Villeneuve d’Ascq. Même largement remaniée, elle est en mesure de bouleverser la hiérarchie de la saison passée. Elle est tout à fait capable d’intégrer le Top 4 avec Abdou N’Diaye, un entraîneur capable de miracle. Je ne me fais pas de souci pour lui, son équipe sera prête.




Propos recueillis par Yann KAPPES
Photo : Fabrice Canet / FFBB