Une saison pas comme les autres
"On peut jouer un match et se dire que le lendemain il n'y aura plus de club." C'est dans cette incertitude la plus totale qu'évoluent Anaël Lardy et ses coéquipières depuis le coup d'envoi de la saison. Difficile de savoir dès lors ce qui se passe en interne mais quoi qu'il arrive les joueuses doivent se tenir prêtes. Pas évident avec le peu d'entraînements et les mauvaises conditions de préparation. Mais l'intégration des nouvelles étrangères (dont la médaillée olympique australienne Emma Randall) s'est faite en douceur et le groupe clermontois s'est soudé dans la difficulté, engrangeant notamment deux victoires courageuses pour lancer le championnat face à Mondeville et Montpellier, malgré l'absence de joueuses majeures. "On avait un sentiment de rage", explique Lardy. "Quand on est entrées sur le terrain, c'était pour gagner. On a essayé d'oublier tout le reste."
Un capitanat revigorant
Et la capitaine n'a pas été en reste. 6 points et 6 passes en ouverture puis 18 points et 7 passes une semaine plus tard. Mais une saison en Ligue Féminine ne se dispute pas à 8 joueuses dont deux jeunes pousses peu habituées au haut niveau. Clermont a payé cash ses exploits de début de saison et a enchaîné trois défaites par la suite. "Ça commence à être dur, on commence à accumuler la fatigue physique et mentale", concède Lardy. Pourtant, avec le retour d'Elena Nikipolskaïa, Clermont-Ferrand a réussi un nouvel exploit lors de la sixième journée quand, menée de 20 points à la mi-temps, le SCAB s'est imposé de 10 points à domicile contre l'Union Hainaut. Avec ses quatre ans d'expérience en Ligue, cette native de Chambéry ose plus et a vu ses responsabilités s'accroître au fil des mois, notamment lors de l'arrivée de Manu Coeuret aux commandes de l'équipe : "Cela a changé beaucoup de choses pour moi. Il m'a fait confiance directement en me nommant capitaine. Cela m'a tout de suite boostée." Tout comme l'arrivée de Claudinha Das Neves. En deux ans, Anaël Lardy a progressé aux côtés de l'expérimentée meneuse brésilienne avec qui elle a su trouver une bonne complémentarité : "C'est une chance d'évoluer à ses côtés. On se parle beaucoup sur le terrain et elle me donne beaucoup de conseils."
Malgré les nombreuses propositions à l'intersaison, la meneuse clermontoise a décidé de se stabiliser en restant une année de plus en Auvergne. Mais déçue de ne pas disputer l'Eurocoupe cette abonnée aux Equipes de France de jeunes espère retrouver un club européen le plus vite possible. Et quand on lui parle de l'Equipe de France A, la frustration de l'été dernier se fait vite ressentir : "Je me suis éliminée toute seule. Je n'ai qu'une hâte : c'est d'y être l'été prochain pour montrer ce dont je suis capable de faire."
Marion Darnet
Article paru dans BasketBall Magazine n°741 - Novembre 2008.