« Le projet de Rouen est super excitant »
Décrocher la montée sur un dernier match décisif à domicile devant 5 572 spectateurs, nouveau record d’affluence en NM1. Cela ressemble à un scénario de rêve. Quelles émotions avez-vous ressenti ?
C’était une belle finale, un très bel événement pour le basket. Le Kindarena nous a permis d’accueillir un maximum de personnes, même si la salle était finalement trop petite par rapport à la demande. Mais faire plus de 5500 personnes pour un match de NM1 c’est excellent. On a pris beaucoup de plaisir à préparer ce rendez-vous. Même si on avait l’étiquette de favori, il y a la réalité du terrain. La Nationale Masculine 1 est un championnat extrêmement difficile, intense, avec beaucoup de prétendants à la montée. Donc du plaisir et de la fierté d’avoir pu relever le challenge. De la fierté pour les joueurs, pour le club et la ville. Même si je n’étais pas là en fin de saison dernière, il y a une cohérence entre ce que les dirigeants ont dit et ce qu’ils ont fait.
Vous n’évoquez pas du tout la pression qui aurait pu exister avant ce match au sommet. Aviez-vous des certitudes quant à la solidité mentale de votre groupe ?
Dans la saison, on a été éprouvé et à chaque fois qu’on a traversé une épreuve, on est ressorti plus fort. On ne s’est pas divisé, comme après notre défaite à Poitiers où le groupe a bien réagi. On a souvent joué dans des salles bien remplies pendant la saison. Les équipes avaient envie de nous faire tomber. Le challenge a encore plus de saveur quand c’est difficile. Quand on est arrivé devant cette salle pleine, c’était une pression positive. On savait que même en cas de défaite, on restait très bien placés pour jouer les playoffs. Cela permet de relativiser.
Avant de poser pour la photo d’équipe, vous avez fait le signe « 2 » en pointant vos joueurs déjà présents à Angers. C’est encore plus beau d’avoir pu partager cette deuxième montée avec eux ?
Déjà la saison dernière, on a vécu des moments exceptionnels même si on ne s’en rend pas trop compte sur le moment. Le fait d’avoir surpassé les moments difficiles, cela démontre certaines qualités et cela rapproche les joueurs. Cela créé un lien qui reste à travers le temps. En partant à Rouen, je repartais à zéro un peu comme à mon arrivée à Angers. Les joueurs qui avaient passé dix mois à mes côtés auraient pu me dire qu’ils n’avaient pas envie de continuer avec moi. Au contraire, je n’ai pas eu de mal à les convaincre de continuer notre aventure à Rouen, également parce que le projet était intéressant. Donc cela a une saveur particulière.
Avez-vous retrouvé le même type d’ambiance d’équipe à Rouen que l’an passé ?
Ce sont des hommes différents mais on avait des valeurs communes. J’ai eu la chance sur les deux saisons, et même auparavant à Cholet, d’avoir toujours eu des joueurs tournés vers les autres avec des qualités humaines. Des joueurs bien éduqués, qui ne pointent pas quelqu’un d’autre quand tu leur fais un reproche, qui savent se remettre en question, qui écoutent. Pour un coach, cela rend les choses plus simples parce que les joueurs ont envie d’avancer, font preuve d’abnégation. J’ai beaucoup appris et pris beaucoup de plaisir avec ce groupe. Le cheminement est plus important que les résultats.
Afin vous prémunir des aléas d’une saison aussi longue, vous avez bâti un groupe de 12 joueurs. Cette profondeur d’effectif a-t-elle fait la différence ?
Oui, comme ça l’était aussi l’an dernier. Quand tu veux avoir des objectifs, tu dois avoir suffisamment de joueurs pour tenir sur toute la saison. Un garçon comme Matheo Cauwet n’était pas dans le groupe professionnel mais il a eu un rôle important. Il nous a permis d’être 13 au départ. On a aussi la chance d’avoir un centre de formation avec des bons joueurs. Cela nous a permis de faire des entraînements à 18. Ces jeunes nous ont permis de mieux nous entraîner.
Cette longueur de banc vous a permis, tout au long de la saison, d’imposer beaucoup d’intensité, de défendre très haut et de relancer vite. La patte Sylvain Delorme ?
J’aime bien qu’on soit agressif, qu’on aille vers l’avant, en attaque ou en défense. Je n’ai rien inventé, quand je vois Mitrovic quand il était à Monaco ou Obradovic actuellement, ils ne défendent pas le quart de terrain ou les trois-points, ils défendent nettement plus haut. On peut être attentistes ou un peu plus provocateurs. Quand tu veux que ton destin t’appartienne, je pense qu’il faut mieux avancer que reculer même si reculer peut-être aussi une stratégie honorable. Moi, j’aime avancer.
Est-ce un avantage de commencer à préparer la prochaine saison en Pro B dès le mois d’avril ?
C’est un énorme avantage. Cela nous permet d’avoir quelques coups d’avance sur les autres clubs, notamment par rapport à l’autre club qui va monter et par rapport à des clubs de Pro B qui cherchent à se maintenir ou qui jouent les playoffs. Parfois, les joueurs ne peuvent attendre (avant de signer).
Le RMB a un passé important en LNB, a connu trois fois l’élite depuis 2005. Est-ce que retrouver l’élite est un objectif du club ?
Quand je suis arrivé, le président m’a dit, Sylvain on veut monter. Et quand on aura monté, on voudra encore plus ! C’est quelqu’un d’ambitieux et qui se donne les moyens. Il a des valeurs de travail. Le discours de la ville le soir du match est très positif pour le sport en général, quand je vois la réussite des autres sports à Rouen, que ce soit le hockey, le baseball, le football. Il y a beaucoup de réussites symbolisées par des titres et des montées. On a toute la structure, la superbe installation qu’est le Kindarena, la ville, les sponsors. On peut avoir beaucoup d’engouement. Moi-même je suis compétiteur. On sait qu’on peut prétendre à beaucoup. Le dernier match contre Chartres a montré qu’il y a un savoir-faire qui ne demande qu’à être poussé. Tout est déjà en place pour nous permettre de jouer un rôle très intéressant sur la saison qui va suivre. Le projet de Rouen est super excitant.