Pour les espoirs, les places sont chères
31. C’est le nombre de minutes que Fabio Milanese (1,90 m, 20 ans) a passé sur les terrains de Pro B lors des six premières journées de la saison 2023-24. Un temps de jeu loin des aspirations du meneur de l’Élan Béarnais. Après avoir goûté à la Betclic Élite (13 matchs, 82 minutes), il devait être la première rotation de Kendall Anthony et Michael Oguine sur les postes 1 et 2. La réalité du terrain a été bien différente et l’a poussé à chercher un autre projet. En novembre, Milanese a quitté le Béarn pour rejoindre Lorient en NM1. En Bretagne, son impact a été immédiat : 14 points et 6 passes en 23 minutes pour sa première sortie face à Rueil. Globalement, le meneur originaire d’Agen a su tirer son épingle du jeu à cet étage (9,4 points à 46%, 3,0 passes en 18 minutes). Néanmoins son bilan a été terni par les mauvais résultats du CEP Lorient, tombé dans la poule basse et finalement relégué. Un échec cinglant pour ce club ambitieux.
À l’instar de Milanese, 25 jeunes issus des championnats espoirs 2022-23 sont venus se frotter à la Nationale 1 cette saison. "C’est bien en sortant d’espoir d’avoir ce sas de post-formation", indique Dounia Issa, l’entraîneur de Pont-de-Chéruy, "ces jeunes ont toute leur place en Nationale 1." Issa dirige l’équipe la plus jeune du championnat, hors Pôle France. Si on excepte le vétéran Ludo Chelle, 41 ans, le SOPCC affiche à peine 23 ans de moyenne. Quatre nouvelles recrues sont issues des championnats espoirs Betclic et Pro B. "C’est rafraîchissant d’aider les joueurs à lancer leur carrière. Bien sûr cela demande plus de travail mais c’est un créneau intéressant et j’ai toujours eu cette sensibilité", poursuit Issa. "Depuis trois ans, on a lancé des joueurs en sortie de cursus." Avec réussite comme le montrent les trajectoires de Jacques Eyoum (Lille), Yasmin Mambo (Rouen), Damien Nseke Ebele (Le Havre) ou Bryan Coudray (Tarbes-Lourdes). "Cette année, on est allé encore plus dans cette direction, en raison des contraintes financières. J’aurais voulu les encadrer avec un ou deux vétérans de plus, pour que cela accélère leur progression mais cela n’a pas été possible."
Les quatre jeunes en question, Ambroise Couture (2,00 m, 21 ans, ex-Monaco), Axel Dossou (1,97 m, 21 ans, ex-Vichy), Cedrick Sam Mbaka (1,97 m, 22 ans, ex-Limoges) et Maxime Semelet (1,98 m, 21 ans, ex-Châlons-Reims), ne sont pas venus cirer le banc de Pont-de-Chéruy. Tous jouent entre 16 et 21 minutes par match. "On essaie d’être cohérent entre le discours et la réalité du championnat. On leur fait confiance parce qu’il n’y a que comme cela que tu progresses. L’idée, c’est que tout le monde se sente impliqué. Si on les a fait venir, c’est qu’on pense qu’ils peuvent passer ce cap et devenir a minima des joueurs de Pro B. Dans les quatre, Couture et Semelet peuvent même ambitionner de la Pro A."
Si Pont-de-Chéruy joue à fond la carte de la post-formation, c’est loin d’être la réalité des clubs de haut de tableau. On ne recense que six ex-espoirs dans les effectifs des huit équipes de la poule hautes, dont quatre vraiment responsabilisés. Andrézieux fait confiance à Hugo Cucherat (1,93 m, 21 ans) et Mohamed Sidibe (2,05 m, 21 ans). Le shooteur arrivé de la JL Bourg tourne à 7 points à 40% de réussite longue distance en 20 minutes. Le pivot malien passé par les espoirs de Nancy et Limoges assure près de 9 points et 6 rebonds en 21 minutes. Deux belles réussites. Autre espoir du CSP, meilleur passeur et intercepteur du championnat la saison dernière, Hugo Desseignet (1,72 m, 21 ans, 20 ans) a rejoint Loon-Plage, vainqueur des playoffs 2023. Il est le meneur titulaire de l’équipe nordiste et réalise des débuts prometteurs chez les pros (9 points, 5 passes en 25 minutes). À Tours, l’ailier Ousmane Kaba (1,94 m, 22 ans, ex-Fos) apprend le métier (4,3 points et 3,1 rebonds en 13 minutes). Matthieu Vigneron (2,01 m, 22 ans, ex-Antibes et Pau) s’est blessé en fin d’année à Avignon-Le Pontet. Enfin, le vice-champion du monde U19, Izan Le Meut (2,10 m, 19 ans), en échec à Quimper, a renforcé les espoirs de l’ASVEL en cours de saison.
Dans la poule intermédiaire figurent deux des jeunes les plus intéressants du championnat. Elian Benitez (1,80 m, 21 ans) a franchi sans aucune difficulté le palier entre espoirs et NM1 : 15 points et 7,7 passes en 33 minutes à Rueil, candidat aux playoffs. Son coéquipier, Birahima Sylla (2,01 m, 20 ans), issu des espoirs de Roanne, est responsabilisé (7,7 points, 3,3 rebonds en 25 minutes). Dounia Issa est élogieux à propos de ce dernier : "C’est un futur joueur de Betclic, sûr. Il a tout ce qu’il faut en termes de talent, QI basket, énergie. On m’a dit qu’à Roanne, c’était le joueur qui défendait le mieux sur Ronald March à l’entraînement. Ce n’est presque pas normal que Roanne l’ait laissé partir."
Il y a quelques années, le club de Lyon SO a signé un partenariat avec l’ASVEL pour que les meilleurs espoirs villeurbannais y effectuent leur post-formation. Elwin Ndjock (Alliance Sport Alsace), Kevin Kokila (Bourg), Victor Diallo (La Rochelle) ou Romain Parmentelot (Évreux) ont effectué un crochet dans ce club de l’ouest lyonnais. Cette saison, Noah Manet (1,93 m, 19 ans) a suivi le même chemin (5,8 points et 2,4 rebonds en 17 minutes). Il a été rejoint par François Wibaut (2,00 m, 18 ans). Ce dernier bénéficie d’une licence ASP pour évoluer à la fois en espoirs et en NM1 (7,3 points, 3,9 rebonds en 19 minutes). Il est le plus jeune joueur responsabilisé en NM1, hors Pôle France.
Parmi les jeunes prometteurs, on peut encore citer Éric Koumba (1,94 m, 21 ans) passé de Boulogne-Levallois à Boulogne-sur-Mer (6 points, 2 rebonds en 17 minutes), les Rennais Kameronn Selebangue (1,82 m, 19 ans, ex-Châlons-Reims) et Eliot Thillier (1,88 m, 22 ans, ex-Blois), le Toulousain Dorian Okemba (1,86 m, 22 ans, ex-Pau), ou encore les trois jeunes des Sables-Vendée, Noah Goudou-Sinha (1,89 m, 22 ans, ex-Le Mans), Thomas Klein (2,00 m, 21 ans, ex-Châlons-Reims) et Christopher Manerlax (2,04 m, 22 ans, ex-Chalon).
Au total, ils sont une petite vingtaine d’ex-espoirs à jouer au moins quinze minutes en moyenne. C’est peu dans un championnat regroupant 28 équipes. "En fonction des ambitions du club, tu ne peux pas faire du Pont-de-Chéruy partout, mais c’est notre responsabilité en tant que coachs de les mettre sur le terrain", estime Dounia Issa. "Souvent, les coaches vont attendre qu’un autre ait pris des risques avant eux en les faisant jouer une saison en N1. Il y a peu de connaissance des championnats de jeunes. Quand tu vas au Trophée du Futur, ils ne connaissent pas vraiment les jeunes. C’est dommage. Je pense qu’on a le plus gros vivier d’Europe mais qu’on l’exploite trop peu. "