Céline Dumerc, l’idole des Jeux
Depuis ses exploits personnels et la médaille d’argent aux Jeux Olympiques de Londres avec l’Équipe de France, Céline Dumerc est la figure emblématique de la Ligue Féminine et l’une des sportives françaises les plus médiatisées.
Que représentait la Ligue quand vous étiez à l’INSEP ?
Ça représentait le haut niveau, le côté professionnel d’une passion que j’avais depuis que j’étais toute petite. Jouer en Ligue, c’était le Graal du basket. A partir du moment où tu avais l’opportunité de jouer en Ligue, tu faisais partie des grandes.
A partir de quand avez-vous imaginé gagner votre vie en jouant au basket ?
J’ai réalisé ça assez tard. A mon époque, quand j’ai commencé le basket, il y avait quand même un petit peu moins de médiatisation, très peu de matches à la télé. Même s’il y avait déjà une équipe féminine en première division à Tarbes, je n’avais pas conscience que l’on puisse faire de sa passion un métier. Ce n’est pas quelque chose qui m’a animée. C’est à l’issue de l’INSEP, quand il a fallu commencer à discuter pour trouver un club où là, concrètement, tu allais négocier ton premier salaire, que j’ai pris conscience que j’allais être rémunérée pour vivre de ma passion, que j’allais en faire mon métier.
Qu’est-ce qui a le plus changé en 20 ans ? Les structures dans les clubs, la qualité des entrainements, le niveau des joueuses ?
Ce ne sont plus les mêmes personnes ! (rires) Il y a vingt ans, j’étais toute jeune et maintenant je suis la plus vieille. Ce qui a le plus changé c’est le professionnalisme dans tous les secteurs et dans tous les clubs. De meilleures structures, plus de suivi, un public présent. Une amélioration à tous les niveaux. Je n’ai que trois clubs à mon actif dans le championnat de France mais quand on en discute avec les filles, le sentiment c’est que les clubs se sont vraiment développés dans le bon côté des choses.
« Au niveau international, on a des résultats et ça passe aussi par les saisons que l’on a en club »
Aujourd’hui, beaucoup de joueuses françaises ont eu au moins une médaille en jeune, c’est la preuve que le niveau s’est considérablement élevé ?
Tout à fait. Je pense sincèrement que le niveau s’est élevé, je dirais s’est homogénéisé. Je n’aime pas trop comparer le basket d’il y a trente ans et même d’il y a dix ans. Mais en tous les cas, il y a de plus en plus de bonnes joueuses. Peut-être y a t-il moins d’éléments qui sortent du lot, comme par exemple aux Etats-Unis où il y a des joueuses de niveau mondial, nous c’est davantage dans le milieu de ce niveau mondial, mais c’est homogène. Au niveau international, on a des résultats et ça passe aussi par les saisons que l’on a en club.
Le regard des gens sur vous, femmes faisant du basket, a t-il changé durant cette période ?
Je pense, dans le sens que l’on est véritablement reconnues comme sportives de haut niveau. Très peu de gens demandent si on est professionnelles, si on a un métier à côté. Ils se rendent compte que même si on est des femmes et que ce sport-là est un petit peu moins médiatisé, les résultats, notamment de l’Équipe de France depuis quelques années, nous ont mis un peu sur les écrans. Les gens connaissent mieux le basket féminin et on est un peu plus reconnues.
Avez-vous discuté du professionnalisme avec d’autres sportives ?
Oui, on en discute quand on a l’occasion de se croiser. Je me rends compte que l’on est très privilégié au niveau du basket. Notre fédération fait beaucoup d’efforts pour que l’on soit au même niveau que les garçons, que l’on ait les mêmes conditions de travail en Équipe de France. On se rend compte qu’au niveau des clubs on est assez en avance, privilégiées, car il y a beaucoup de sportives qui ne sont pas professionnelles alors que quand on discute de leurs journées, elles ont des entraînements quotidiens en plus du boulot qu’elles ont à côté. Nous, on a un sacré confort, on a juste à prendre nos baskets, c’est du luxe.
Jouer au basket, en Équipe de France, en Euroligue, en championnat, s’entraîner, se déplacer, laisse-t-il du temps pour faire autre chose ?
C’est vrai qu’être en Équipe de France, d’être engagée avec son club, plus de faire une Coupe d’Europe, ça ne laisse pas beaucoup de temps. Certaines arrivent à concilier ça avec des études notamment par correspondance, mais il faut vraiment être très motivée. C’est vrai que je ne suis pas trop comme ça. J’ai l’impression que si je me lance dans un autre projet, je ferais les choses à moitié. Même si parfois on ne s’entraîne qu’une fois, la récupération fait aussi partie de notre activité et c’est sûr que les journées sont très chargées. C’est difficile d’avoir un métier ou de faire des études parallèlement si on veut se donner toutes les chances pour essayer de performer au plus haut niveau.
« J’ai eu très peu de blessures et je pense que c’est aussi dû à mon hygiène de vie »
Faut-il prendre soin de son corps en permanence ?
Carrément ! Le corps, c’est notre outil de travail. Au début, on fait quelques bêtises de jeunesse, on veut un peu trop profiter de la vie comme des jeunes qui vont à l’université qui font la fête le jeudi soir. Ça laisse des séquelles. Je l’ai vécu. C’est compliqué de demander à de jeunes athlètes d’être vigilantes. Il faut savoir faire des erreurs pour après rectifier le tir et savoir à quel point l’hygiène de vie est importante pour perdurer à haut niveau. Quand on est en forme, c’est plus facile de faire de bons matches que quand on a fait des excès alimentaires ou autres car la performance est impactée. J’ai fait des erreurs et j’en ai tiré des enseignements. J’ai eu très peu de blessures et je pense que c’est aussi dû à mon hygiène de vie.
Quelle situation préférez-vous, celle avant les Jeux de Londres ou après ?
Sans hésitation, après les Jeux. Ça été un chamboulement personnel avec les retombées médiatiques, il y a eu un véritable engouement pour le basket et j’en ai été un peu la tête d’affiche. Mais après, quand on se déplace dans les salles avec son club et qu’elles sont pleines, que les gens viennent voir « Les Braqueuses », c’est un plus. Quand les gamins et les gamines viennent à la fin des matches demander des autographes avec des étoiles plein les yeux, c’est génial. Certes on ne fait pas du basket pour être reconnu, pour être dans les médias, mais quand on a de la reconnaissance, surtout des plus jeunes, c’est un sacré clin d’œil. C’est plaisant et absolument pas pesant.
Cliquez ici pour accéder à la fiche de Céline Dumerc (16 saisons LFB - 423 matches joués au 5 oct. 2017)
#20ansLFB - Légende Céline Dumerc (@capsule19) l'idole des Jeux. Interview par @P_Legendre à lire sur https://t.co/YiLi0m9wdF pic.twitter.com/LolnxW08mi
— LFB (@basketlfb) 5 octobre 2017