L'ascenseur tarbais
C'est une anecdote encore présente dans la mémoire de l'une des actrices principales, Isis Arrondo. Au cours d'un 1/16è de finale de Coupe de France largement dominé par le pensionnaire de LFB face à Colomiers (NF1), la meneuse tarbaise se trouve sous le cercle, encadrée par Isabelle Yacoubou et Liz Moeggenberg, alors que son équipe effectue une remise en jeu en ligne de fond. "Je n'ai pas un grand souvenir de la rencontre mis à part cette petite touche qu'on avait répétée dans la semaine. Je ne sais plus d'où c'est parti mais c'est sûrement Isa (Yacoubou) et François Gomez. On s'était entraînés et j'ai dû être choisie parce que j'étais la plus légère" plaisante Arrondo.
"Flore Perotto (passée par Lattes Montpellier), qui jouait à Colomiers, m'avait dit que ça n'était pas possible, que je ne pouvais pas sauter aussi haut". Mais que s'est-il passé au juste ? Rien de moins qu'un hommage du TGB à la culture rugbystique locale puisque, soulevée par ses acolytes Yacoubou et Moeggenberg, Isis Arrondo se saisit du ballon en haute altitude et tente de conclure une action jamais réalisée sur un parquet. Devant une foule médusée, les hommes en gris mettent rapidement fin à la tentative bigourdane : "Ils ont sifflé avant même que j'ai eu le temps de tirer" se rappelle celle qui n'avait jamais vu le cercle d'aussi près. "On leur a demandé ce qu'ils sifflaient. Ils nous ont dit « on ne sait pas mais ce n'est pas du basket ». Même eux étaient dépassés. Ca avait fait rigoler tout le monde. C'était sympa".
Eric Sans, qui officiait ce soir-là, s'en souvient comme si c'était hier : "Pour moi c'était un match important car je n'avais pas l'habitude de siffler à ce niveau. C'était déjà déstabilisant. (Sur l'action) On reste figé l'espace d'une seconde avec mon collègue, la salle est figée, un silence se fait. Tout le monde est sidéré par ce qui vient de se passer, la meneuse de jeu est morte de rire et mon collègue prend la décision tout de suite d'annuler. Je suis à côté de François Gomez et très théâtralement, avec un sourire complice, il me dit : alors il se passe quoi maintenant ?". Les hommes en gris doivent se justifier : "J'ai cru bon de lui répondre qu'il y avait un vide réglementaire mais que si mon collègue a annulé, c'est qu'il a une bonne raison. Je n'avais aucun argument à lui opposer. François Gomez nous a eus, on a subi sa malice de plein fouet". "Ce qui était cool, c'est qu'elles n'ont pas pris ça comme un manque de respect" indique Arrondo. Une version confirmée par l'homme au sifflet : "Tout ça s'est déroulé dans une ambiance très bon enfant".
Le pire dans l'histoire, c'est qu'Isis Arrondo a raté sa tentative. "J'étais trop loin et je n'ai pas pu m'approcher. J'ai dû faire un petit tir à la con. Quel dommage ! Bon les arbitres avaient sifflé avant mais j'aurais trop aimé m'approcher, rester accrochée et leur dire que j'avais marqué" s'enflamme la meneuse. Une chose est sûre, la joueuse comme l'arbitre sont encore dans le flou. "Je ne sais pas si c'est autorisé et si ça ne l'est pas, pourquoi. Je suis curieuse de savoir la violation exacte" pour Arrondo; "si ça devait se reproduire, je pense que les arbitres refuseraient le panier mais pourquoi..." s'interroge Sans. Bruno Vauthier, responsable de la formation des officiels à la FFBB, siffle la fin avec un code de jeu à la main : "A la suite de cette action et d'une autre similaire en NM3, nous avons alerté la FIBA. Si à l'époque il n'y avait rien, la règle a évolué. L'article 25-7 du règlement indique qu'il est interdit de soulever un partenaire pour jouer le ballon".
Désormais en LF2 à Angers, "une équipe qui a beaucoup d'ambition", Isis Arrondo ne regarde pas ses années en Ligue Féminine avec nostalgie. "La LFB ne me manque pas, j'ai eu des supers années à Tarbes et Nantes. Je prends beaucoup de plaisir avec Angers pour chercher cette montée. J'ai vécu une descente avec Mourenx à l'époque, il faut que j'équilibre mon ratio donc j'aimerais bien vivre une montée et je pourrais partir à la retraite le coeur léger". Une autre histoire d'ascenseur...