EuroBasket 2015
Nuit tragique
Bellenger/IS/FFBB
Julien Guérineau, service de presse - 17/09/2015
L'Equipe de France a vu son rêve se briser en demi-finale de l'EuroBasket face à un Pau Gasol de légende (40 points). Battus 80-75 les Bleus joueront pour le bronze dimanche et devront en passer par un périlleux tournoi de qualification olympique pour aller à Rio.
Il fallait y être. Samedi dernier, un record d’Europe est tombé au Stade Pierre Mauroy de Lille avec 26135 spectateurs. Jeudi, ce total a été dépassé mais c’est surtout dans une ambiance véritablement exceptionnelle que les Bleus ont disputé leur demi-finale de l’EuroBasket. L’Espagne jouit d’une vraie cote d’impopularité auprès du public français et cette animosité a transcendé un public qui a tout tenté pour porter ses joueurs vers la finale et les Jeux Olympiques.
Dès les premiers instants, l’Equipe de France a posé sa patte sur une rencontre qui, à coup sûr, occupera une place de choix dans les livres d’histoire du basket tricolore, malgré sa terrrible conclusion. Comme souvent dans cet EuroBasket, Nando De Colo et Rudy Gobert ont frappé les premiers. L’arrière du CSKA aussi à l’aise dans le drive que sur les tirs de loin, le pivot du Jazz dominateur dans le contrôle du rebond. En face seul un Pau Gasol impérial empêchait les siens de sombrer après une interception et un dunk de Nicolas Batum (13-6). Mais un passage en zone et l’entrée du magicien Sergio Rodriguez allaient assez rapidement modifier le cours des choses.
Le joueur du Real Madrid a donné le rythme qui manquait à l’attaque de la Roja par sa maîtrise du pick n’roll et la qualité de ses passes. Alors qu’elle semblait dans les cordes, l’Espagne a relevé la tête et rendu les coups. Et lorsque Rudy Fernandez a réglé la mire peu avant la pause, un frisson a parcouru l’échine des 26922 supporters présents dans les tribunes (31-32).
La marche triomphale n’aura pas lieu et c’est une guerre des nerfs qu’il faudra gagner. Avec comme héros les soldats de l’ombre. Joffrey Lauvergne entré pour faire souffler Gobert, frappe à deux reprises de loin puis Mickaël Gélabale, touché à la cuisse en quart de finale mais au sang-froid toujours indispensable dans les matchs, permettent aux Bleus de trouver la parade sur la zone press mise en place par Sergio Scariolo. En face Gasol poursuit son entreprise de démolition, provoquant faute sur faute pour alimenter la marque aux lancers-francs (54-44).
Si les Bleus ne parviennent jamais à creuser un écart supérieur à cette dizaine d'unités, ils ne lâchent rien en défense, bien aidés également par l'incapacité de leurs adversaires à trouver la distance derrière la ligne primée. Ils payent cependant un lourd tribut aux fautes et petit à petit la Roja grignote son retard. Elle repousse les attaquants français loin du cercle et pendant de longues minutes, ceux-ci restent muets et Gasol, sur un dunk puis un bras roulé refait passer l'Espagne en tête à la faveur d'un 0-10 à deux minutes de la fin. Sur un lay-up de Sergio Rodriguez le pire cauchemar du public semble sur le point de se réaliser (63-66) mais Nicolas Batum décoche un fabuleux tir primé en sortie de temps-mort et Rudy Gobert contre Pau Gasol sur l’ultime possession. Prolongation !
Cinq minutes supplémentaires d’un suspense insoutenable où Gobert, héroïque repoussera longtemps Pau Gasol avant de sortir pour cinq fautes. Un coup de sifflet déterminant puisque, menant 75-74, la France encaissera un terrible 6-1 pour finir, manquant au passage six lancers-francs dans la prolongation. Avec 40 points, Pau Gasol est bien le plus grand.
Les réactions
Boris Diaw : "Nous avons respecté notre plan de jeu pendant 37 minutes. Je ne sais pas pourquoi cela s’est arrêté pendant 3 minutes mais cela nous a été fatal. Et bien évidemment les lancers-francs nous ont coûté cher. Mais nous n’aurions pas dû nous retrouver dans cette situation. Maintenant il faut trouver la motivation pour gagner une médaille devant nos fans."
Vincent Collet : "Défensivement nous avons fait globalement ce que nous voulions malgré la domination de Pau Gasol. Je pense que la clé a été le troisième quart-temps avec des coups de sifflet qui lui ont donné des lancers-francs. C’était trop facile pour eux de marquer rapidement alors que nous devions aller chercher des paniers. Il y a trop de différence au niveau des fautes. Nous ne sommes pas allés sur la ligne pendant la première mi-temps. Gasol est un joueur fantastique mais la FIBA doit faire en sorte qu’il soit sifflé normalement. Après ce match nous avons besoin de temps… et moi le premier. Si la tristesse est infinie, il ne faut pas abandonner."