L'arbitrage au féminin
Chantal Julien est une pionnière. Faisant fi du sexisme, elle a tout fait plus vite et mieux que tout le monde. Un exemple pour les jeunes filles tentées par l’arbitrage.
Aujourd’hui, il y a treize arbitres femmes dont le statut leur permet d’arbitrer en Ligue Féminine. Tout en haut de la hiérarchie, on trouve Audrey Secci, qui arbitre aussi en Jeep ELITE, Marion Ortis qui alterne Jeep ELITE et Pro B et Aurélie Vidot, qui vient d’arriver en Pro B. Pour la première fois en 2016, et profitant d’un contingent en augmentation, l’ensemble des rencontres de l’Open LFB a été arbitré par des femmes.
Il fut une époque, pas si lointaine, où arbitrer en première division féminine était exclusivement l’apanage des hommes. Si Astrid Schneider et Sylvie Lacaille l’avait précédée de quelques années, la véritable pionnière fut Chantal Julien, qui a franchi une à une les barrières du sexisme par sa seule compétence. Grenobloise d’origine, Chantal Julien a fait partie de l’épopée de Challes, un club de la banlieue de Chambéry, qui fut un peu après son départ le premier club féminin français à parvenir au Final Four de la Coupe des Champions, l’actuelle Euroligue. Chantal Julien avait alors déjà rejoint Dijon puis Tarbes mais une autre carrière combien fructueuse s’offrait à elle.
La saison qui a suivi sa retraite de joueuse, la Grenobloise était déjà arbitre de première division féminine. Son cursus de joueuse de haut niveau lui a permis de s’adapter très vite à sa nouvelle fonction. En 1997, elle obtenait le feu vert pour arbitrer en Pro A et au niveau FIBA. Elle était l’une des seules femmes en Europe à arbitrer des hommes. Quand on lui demande comment elle a été alors accueillie par ses collègues masculins, elle répond : « Par certains très bien, par d’autres moins bien car il y avait forcément un peu de jalousie, de machisme. Je suis arrivée vite donc forcément je suis passée devant tout le monde. Il y avait des gens qui me disaient « tu es arrivée vite, d’accord, mais tu vas voir ce qui t’attend. » Il faut prouver beaucoup plus que quelqu’un qui arrive normalement avec un cursus traditionnel. »
Et par le milieu ? « Les coaches, comme Greg Beugnot, Jacques Monclar, me connaissaient en tant que joueuse et ils savaient que je connaissais le basket. Ils m’ont testée au départ pour voir si j’étais capable comme tous les rookies qui arrivent dans ce milieu-là et en plus j’étais une femme. Je pense que j’ai la personnalité pour répondre et surtout répondre techniquement et quand ils voyaient que j’arrivais à analyser techniquement les situations, ils m’ont très vite fait confiance. Les joueurs, eux, me connaissaient moins. Certains ne voyaient même pas que j’étais une femme alors que d’autres profitaient que je sois une femme pour faire des réflexions, des insultes. Il a fallu que je me fasse respecter plus que mes collègues masculins. »
Responsable des arbitres du haut niveau
Comme elle le dit elle-même, il faut être blindée pour ne pas craquer sous la pression des joueurs, des coaches et du public. Et Chantal Julien a toujours surmonté les épreuves. Elle a connu l’excellence. Première femme à arbitrer une finale de championnat du monde féminin –en 2002 en Chine avec une Espagnole-, elle a fait deux Jeux Olympiques, à Athènes et Pékin où elle arbitra le quart de finale masculin entre les Etats-Unis et l’Allemagne. En 2012, Chantal Julien a rangé son sifflet pour superviser les 90 arbitres du haut niveau français. Une tâche fondamentale où son savoir-faire est également reconnu. Et en 2017, elle fut là encore la première femme à devenir superviseur lors d’un EuroBasket masculin : « Je me suis dit qu’il allait falloir que je prouve encore, mais ça s’est très bien passé. Mine de rien, j’ai de la concurrence de la part des instructeurs masculins, pourquoi elle fait partie des douze (instructeurs) et pas moi ?! »
#20ansLFB - Parce que sans eux, pas de match, zoom sur l'arbitrage féminin par @P_Legendre https://t.co/BYjvrlkesM pic.twitter.com/PrAMTV6S97
— LFB (@basketlfb) 10 avril 2018