"11 matchs en 3 jours. T’imagines ?"
Aujourd’hui cadre incontesté de l’Équipe de France 3x3, Charly Pontens n’a pas chômé pour obtenir ce statut. Depuis 2012 et la Coupe du Monde U18 en Espagne, l’actuel meneur de Quimper en Pro B se met à disposition des Bleus, tronquant ses périodes de repos en été pour parcourir le globe en long et en large. Après avoir obtenu deux médailles à Madrid, une avec les garçons et une deuxième en mixte pour la dernière fois de l’histoire, il est de nouveau sélectionné pour prendre part à la Coupe du Monde à Jakarta, en Indonésie, en septembre 2013. "C’était une compétition marquante", note-t-il. "C’était la première fois que j’allais dans ce type de pays, le voyage était long." Sur place, le choc est réel pour le joueur qui n’a alors que 18 ans. "Tu découvres une autre culture, que ce soit en matière de qualité de vie, au niveau de la température, de l’humidité. Je me rappelle que les matchs commençaient à partir de 17h jusqu’à 23h ou minuit. On ne jouait pas pendant la journée parce que c’était impossible avec cette température. On est arrivé quatre ou cinq jours avant pour s’acclimater mais ça restait quand même très difficile de jouer au 3x3." Plus que les conditions de jeu, le choc est aussi culturel. "Je ne connaissais pas du tout l’Indonésie. J’ai été marqué par la surpopulation."
En 2013, le 3x3 en est encore à ses balbutiements et reste une discipline plutôt précaire. L’organisation n’est pas celle que l’on peut voir sur le circuit mondial à ce jour et la Coupe du Monde U18 n’échappe pas à la règle. "On avait un espèce de terrain d’entraînement à côté de l’hôtel. Enfin ce n’était même pas un terrain, plus un semblant de panier posé sur du goudron", note avec le sourire Charly Pontens. "Il n’y avait même pas de lignes" enchaîne t-il. "Pendant l’entrainement on faisait des exercices. Lucas Paoletti se met à dunker et casse le panier. Il casse véritablement le plexi, mais un vrai plexi, il le casse en deux. 20 minutes après on rentre à l’hôtel. Paul, Olivier et moi on va à la piscine pour décompresser un peu et notre Lucas Paoletti est resté à côté, il ne pouvait pas se baigner parce qu’il était coupé de partout." L’épisode aurait pu être beaucoup plus grave mais sept ans après, le joueur passé par le Pôle France préfère en rire. En 2013, les quatre joueurs se connaissent sur le bout des doigts. Tous formés à l’INSEP et amis en dehors des terrains, le collectif français est rodé et bien en place. "On se connaissait depuis trois ans. Sur les peu de stages qu’on avait en 3x3, on était amenés à jouer ensemble. Les relations humaines étaient au top. Je savais comment ils réagissaient, comment leur parler sur le terrain. C’est bête mais tu gagnes du temps."
Pour son entrée dans le tournoi, l’Équipe de France U18 chute face à l’Argentine. "Une belle entrée en matière", ironise Charly Pontens. Malgré tout, avec ses coéquipiers, ils vont se reprendre pour ne plus perdre un match et se qualifier pour la finale après une démonstration face à la Russie. "On s’est bien rattrapé. On se retrouve de nouveau face aux Argentins en finale. On arrive avec un sentiment de revanche mais en fait non, ils étaient au-dessus tout simplement." Défaits 7-13, Charly et les Bleuets s'inclinent face à Gabriel Deck, actuel joueur du Real Madrid scouté par de nombreuses franchises NBA, et sa bande. Ils doivent se contenter de la médaille d’argent. "La comparaison avec 2012 est drôle parce qu’on fait un meilleur résultat en 2013 mais on aurait pu faire bien mieux l’année d’avant. Si on rejoue dix fois les Argentins, on ne gagne pas ou très peu de fois. J’ai trouvé qu’il y avait une vraie différence dans la dureté et l’intensité physique." Peut-être épuisés physiquement après 11 rencontres disputées, les Bleuets n’auront pas trouvé les ressources nécessaires pour s’imposer. "11 matchs, t’imagines ? Ça faisait beaucoup en trois jours. Heureusement qu’on avait un bon staff médical. Surtout que le quart de finale face à Porto Rico était déjà très chaud. Ils sont assez sanguins, avec une affinité pour le trashtalk. À un moment ils n’ont pas accepté de se faire rentrer dedans par les Français."
Finalement, cette expérience aura été décisive dans le parcours de Charly Pontens au 3x3. "Les expériences que j’ai eues en U18 à Madrid et Jakarta m’ont marqué et m’ont donné envie de revivre ça. Par la suite, je n’ai jamais fermé la porte au 3x3. J’ai toujours montré que j’étais intéressé, volontaire. Les gens ne prenaient pas ça au sérieux au début parce que c’était une nouvelle discipline. Moi, dès qu’il fallait partir à l’étranger dans des endroits un peu insolites, je ne me posais pas 30.000 questions. Il y avait du basket, je découvrais d’autres pays, d’autres cultures, je ne voyais pas en quoi ça pouvait être nul." Avec en plus la possibilité de garnir son armoire à médailles, chose qu’il n’avait pas eu la chance de réaliser avec les Équipes de France 5x5 jeunes. "Je n’ai jamais ramené de médailles en cinq ou six compétitions internationales au 5x5. Là je porte le maillot de l’Équipe de France 3x3 et j’en ramène trois." Le 3x3 devient ainsi rapidement une évidence pour lui. "C’était un tout. C’était nouveau, c’est kiffant quand tu y es. Tu voyages, tu peux ramener des médailles, tu portes le maillot Bleu. Quand je fais la liste, la colonne + est bien remplie. La colonne -, je n’ai rien mis dedans encore", conclut Charly Pontens.
Le replay de la finale