Un joli minois avec de grands yeux, mais parfois un regard qui semble lointain, perdu le long des plages de sables fins de la Croatie, « notre belle patrie
», daprès les premiers mots de lhymne national de son pays. Cest comme cela que peut être présentée Ana Lelas, lun des nouveaux visages du Mourenx Basket Club cette saison. En réalité, Ana est une jeune femme timide, car elle pense ne pas maîtriser encore parfaitement notre langue.
Pourtant elle se trompe, car si certaines subtilités de notre (difficile) vocabulaire lui sont encore inconnues, elle se débrouille très bien dans la langue de Molière. Internationale Croate, elle est une des joueuses majeures de ce Pays, qui a formé tant et tant dexcellents basketteurs et basketteuses. Avec beaucoup de patience nous sommes arrivés à la faire parler, ensuite, nous ne pouvions plus larrêter.
Comment une Croate arrive à sentendre avec Kuki Radunovic, une Monténégrine ?
(Sourire) Nous ne regardons pas le côté politique, nous nous entendons bien, nous nous connaissons depuis trois ans, cest bien là le principal. Le reste ne compte pas entre nous.
Pourquoi les joueurs et les joueuses des Pays de lex Yougoslavie sont adroits ?
Je pense quils sont talentueux. Il faut aussi savoir que dans les écoles de Basket des Pays de lEst, tout est basé sur le shoot. On le travaille beaucoup. En ce qui me concerne, je pense que ladresse est un peu naturelle, mais je continue à travailler.
En dehors du terrain, parfois tu sembles ailleurs, cest de la tristesse ?
(Surprise) Non, pas du tout ! Cest dans ma nature, je suis dans mes pensées, mais elles ne sont pas tristes. Cest mon état desprit.
Il y avait à peine un mois que tu étais à Mourenx et les cadettes France tavaient choisi comme « marraine ». Cela doit te faire plaisir ?
Oh oui ! Cest du plaisir et jen suis très heureuse, car justement il ny avait quun mois que jétais là et les jeunes mavaient adopté. Cest une chose qui compte beaucoup pour moi, cest une marque de confiance dont je suis sensible.
Peux-tu nous expliquer ton parcours sportif ?
Jai débuté à lâge de 11 ans dans le club de ma ville, à Split en Croatie et jy suis restée jusquà lâge de 16 ans. À cette époque, je suis devenue internationale en équipe A de Croatie, jétais la plus jeune. Je suis partie ensuite deux ans à Zagreb et un an à Sibénik avant darriver ici, en France. Jai joué ma première saison à Tarbes, ensuite à Aix en Provence et la saison dernière à Vigo en Espagne.
Tes parents étaient-ils sportifs ?
(Sourire) Non, pas du tout ! Mes parents ne pratiquaient aucun sport, par contre ma soeur aînée [NDLR: Zana Lelas, 36 ans, 1,91 m, a joué au RC Strasbourg en 1998-99] est professionnelle à Saragosse en Espagne.
Venant de Split, tu ne tennuies pas à Mourenx ?
Non, même si cest complètement différent. Split est une très jolie ville, mais la région autour de Mourenx me plaît bien. Ici, tout est vert, cest tranquille pour se reposer après les entraînements ou les matches. Pour linstant je nai pas eu le temps de trop visiter, mais jespère pouvoir aller à la mer et à la montagne.
Connaissais-tu tes partenaires en arrivant ici ?
Dans lensemble non ! Je ne connaissais que Polina Tzékova et Kuki Radunovic. "Poli" je lavais rencontré lorsque javais joué à Tarbes et Kuki, pour lavoir croisé sur les terrains. Mais ça va, ça se passe bien avec toutes les autres.
Lan dernier tu jouais en Espagne, quel est le meilleur championnat ?
Le championnat de France ! Ici, on joue mieux au Basket, les systèmes sont meilleurs, cest plus technique. Les Français sont aussi beaucoup plus professionnels que les Espagnols. Au niveau du public, à part les salles de Salamanque et de Valence, les autres sont quasiment vides.
Peux-tu nous parler de léquipe nationale de Croatie ?
(Sérieuse) Cest une équipe jeune, qui possède beaucoup de talent et avec deux ou trois joueuses dexpérience. Si nous pouvons avoir un groupe homogène, si nous savons gérer les encontres, je pense que nous pouvons avoir une bonne équipe. Mais pour tout ça, il faut aussi avoir un bon entraîneur.
Celui de la Croatie nest pas bon ?
(Silence et petit sourire en coin)
As-tu déjà pensé à la WNBA ?
Ça ne mattire pas vraiment. Je naime pas ce style de jeu, mais si un jour jai lopportunité dy aller, je ne dis pas non. Mais cela, uniquement pour lexpérience.
Blanc ou noir ?
Peu importe.
Split ou Paris ?
(Sans hésitation) Split.
Propos recueillis par Claude Jouanserre (Mourenx BC).
Photos : Hervé Bellenger / IS / LFB.