Alors que vous étiez mal embarqués avec 14 points de retard sur Basket Landes après des débuts compliqués, vous avez réussi à faire tomber les landaises à domicile pour vous offrir la première manche de cette série. Quelle est le sentiment actuellement, trois jours après le match 1 ?
On est quand même heureux d'avoir pris le match 1, j'ai toujours dit que celui qui prendrait le premier match aurait deux fois plus de chances dans la mesure où il pourra encore compter sur 80 minutes et pas seulement 40 pour se donner une chance de soulever le trophée. Heureux d'avoir réagi et heureux de savoir que du coup, notre équipe, elle a du caractère et qu'on est capable de se relever de ce genre de situation et de la première mi-temps. Donc voilà, cela envoie à la fois des signaux positifs encourageants dans la mesure où je sais qu'il y a peu d'équipes qui auraient pu se relever de 14 points à Basket Landes sachant qu’elles n’avaient jamais perdu à l'Espace François Mitterrand en championnat. Et en même temps, tu vois un warning dans la mesure où l’on voit qu’il faut être vigilant pour ne pas reproduire ce genre de chose parce que on ne se relèvera peut-être pas une 2ème fois de ce genre de tracas.
Qu'est-ce qui a pêché en début de match et comment avez-vous remédié à ça ?
Ce qui ce qui nous fait complètement défaut premièrement, c'est qu’on est très maladroit. Le peu de situations de tir ouvert qu’on a, on n’est pas capable de les scorer. Deux, l’équipe de Basket Landes qui par sa qualité, a su nous faire déjouer en étant ultra-agressive en défense. Cela leur aura peut-être coûté justement ce supplément d'énergie en 2ème mi-temps mais n'empêche que c'est une équipe qui nous a repoussé vraiment loin de nos spacings habituels, qui a cassé beaucoup de nos systèmes et dans le jeu du 1 contre 2, 1 contre 3, on n'a pas été bon. On a manqué d'alternance parce que c'est quand même une équipe qui a plutôt un bon équilibre entre le secteur intérieur et extérieur, ce qu'on n'a pas été capable de trouver en première mi-temps. On a vraiment eu un jeu qui était complètement haché sur des actions, on est trop tombé dans les actions d'isolation. En revanche, en deuxième période, on a montré un autre visage qui est le nôtre, qui nous correspond un peu plus, qui est plus en adéquation avec ce qu'on a proposé sur l'ensemble de l'année où on a été un peu plus dans le partage. On a retrouvé des relations intérieur-extérieur, extérieur-intérieur, voilà de l'agressivité défensive aussi … je pense qu’on a fait subir à Basket Landes en deuxième mi-temps ce qu’elles nous ont fait subir en première.
Qu'est ce qui fait que Basket Landes, c'est une équipe aussi difficile à jouer ?
C'est une équipe qui est difficile à jouer parce que c'est une des rares équipes qui est un peu construite comme la nôtre, c'est-à-dire qu’il y a dans les vis-à-vis des joueuses qui sont aussi denses que nous. À commencer par le poste 3 avec Kendra Chery contre Janelle Salaün, c'est deux femmes sur le poste d’ailière de 1,90m. Clarince Djaldi-Tabdi sur la poste 4 est une joueuse athlétique comme nous on peut en avoir sur le même poste et ils ont quand même Luisa Geiselsöder. C'est une équipe qui joue aujourd'hui avec 10 joueuses pro qui jouent quoi. Donc forcément, c'est une équipe qui arrive à maintenir une intensité de jeu pendant quarante minutes. Après il y a les joueuses de talent, il y a une vraie connexion aujourd'hui avec leur axe 1-5 entre Peterson et Geiselsöder, avec des joueuses comme Angela Salvadores ou Samantha Fuering capables de sortir des grosses, des grosses performances. Même si c'est une équipe qui reste, on va dire jeune par sa moyenne d'âge, il y a quand même des joueuses d'expérience dans leur effectif. Donc cela fait d'elle une équipe assez coriace, assez complète du poste 1 au poste 5 avec un effectif où tous les postes sont doublés quoi, ce qui n’est pas même pas le cas chez nous aujourd'hui.
Vous avez brièvement parlé de Janelle Salaün qui est actuellement la pièce maîtresse de votre collectif, notamment sur la 2ème mi-temps. Un petit mot sur sa progression et surtout sur son niveau de jeu actuel ? Elle semble intouchable.
Oui, aujourd’hui, Janelle en effet elle est quasiment intouchable parce qu’en plus, elle a l'impact des deux côtés du terrain, ce qui n’est pas toujours le cas de tout le monde avec des joueuses qui sont orientées un peu plus vers l'attaque et un peu moins vers la défense. Janelle, elle, elle pèse des deux côtés du terrain donc ce qui fait vraiment une valeur ajoutée au groupe. Elle a un gabarit qui n’est pas facile à défendre parce qu’en plus de sa taille, elle a la mobilité d'une arrière. Aujourd'hui, elle est quand même assez polyvalente autour de son tir extérieur, cette capacité à créer aussi dans le un contre un. C’est une fille qui apprend aussi aujourd'hui à être de plus en plus efficace dans le jeu posté et en défense, la mobilité qui lui permet de tenir des arrières avec une envergure qui est difficile à battre et à franchir.
Comme j'ai déjà pu le dire à plusieurs reprises, elle est exemplaire. Voilà, elle s'est donné les moyens, bien entendu, d'en arriver là aujourd'hui avec le rapport qu'elle a au travail tout simplement. C'est une belle rencontre avec Janelle et je suis vraiment fier de l’avoir accompagné dans son projet de développement individuel. Mais en même temps, elle a su grandir avec une équipe quoi. Alors voilà, il lui manque bien entendu encore des choses pour pouvoir devenir une top joueuse mondiale on va dire mais pour moi, elle a acquis un niveau international, un niveau d’Euroleague. Voilà, je pense qu'elle fait partie à mon sens du présent de l'Equipe de France mais je pense pendant encore quelques années de son futur.
À la fin du match, il n’y a pas vraiment de grosses scènes de joie, beaucoup de concentration. Quel était l'état d'esprit là justement après la fin du match et encore maintenant, est-ce que vous êtes toujours aussi focus ?
Oui, c'est exactement ça. Aujourd'hui, on doit canaliser notre énergie puisqu’on n’a rien à célébrer. On a gagné un match 1, on sait qu'il est important mais ce n’est pas une finalité en soi. Cela montre un peu notre niveau de détermination aussi. C'est à dire que ok, on a gagné un match, mais honnêtement, cela ne fait pas soulever un trophée donc on laisse tomber, on reste concentré, c'est une étape de validée. Et voilà, c’est un peu l'état d'esprit qu'on a eu sur l'ensemble de la saison, et moi je l'apprécie parce que bon, il faut aussi être dans l’humilité. On n'a rien à célébrer. Mais, elles l’avaient déjà compris. Je l'ai rappelé pour ma conscience professionnelle, elles sont focus sur l'objectif final comme doit l’être Basket Landes. Quand tu prends part à une finale, tu n’es pas là uniquement pour participer. Tu peux déjà trouver de la satisfaction d'être là. Je pense qu'aujourd'hui, on a les yeux rivés sur le titre.
Comme l'année dernière, vous menez 1-0 mais avec un contexte complètement différent parce que vous aurez l'avantage du terrain. Qu'est-ce qu'il faudra faire pour ne pas reproduire l'erreur de l'an passé, c'est à dire perdre deux matchs de suite ?
C’est justement ce qu'on a peut-être un peu fait l'an dernier après avoir gagné le match 1, c'est montrer un peu trop d'euphorie même si le contexte est différent parce que c'était notre dernier match à domicile donc on avait besoin de communier avec notre public. Donc, je comprends mais je pense qu'on a été trop euphoriques, on a célébré cette victoire comme si on avait été peut-être champion et je pense que cela a été une des erreurs. Deuxièmement moi, je vais me recentrer sur la partie technico-tactique, c’est-à-dire me focaliser sur le jeu, ne pas reproduire les erreurs qu'on a faite sur la façon d'appréhender justement le match 1. Être plus consistant sur ce qu'on doit faire défensivement et offensivement, s'assurer qu'on puisse jouer avec notre identité. Et forcément, on va s'appuyer sur la mauvaise expérience de la saison dernière pour celles qui, comme moi, ont perdu cette finale, avec encore plus de détermination et de capacité justement à bien canaliser son énergie pour la transférer sur le terrain vendredi. Après, c'est de la tactique, ce sont les ajustements, c'est ce qu'on avait déjà fait entre le match 2 et le match 3 l’année dernière. L’idée, c'est plutôt agir plutôt que réagir.