Sélection - épisode 9 - Le dernier avertissement

Pas un match, pas un jour ne ressemblent à un autre à l’EuroBasket. Les premières minutes avaient été poussives contre la Pologne, elles ont été totalement débridées face à la Slovénie. Nando De Colo et Evan Fournier, en souffrance mardi après-midi, ont été les premiers à frapper. Mais le seul thème récurrent du séjour finlandais est la difficulté des Tricolores à hausser leur niveau défensif. La Slovénie a de nouveau exposé cette limite avec un duo Goran Dragic-Luka Doncic irrésistible. En pénétration, de loin les deux stars ont rayonné et ont trouvé en Jaka Blazic et Klemen Prepelic deux autres extérieurs capables d’alimenter la marque.
Si la Slovénie a cru bon de naturaliser en urgence l’Américain Anthony Randolph (Real Madrid) pour masquer ses faiblesses dans la raquette, elle regorge en revanche de talent sur les lignes arrières. Et la France a pu goûter à l’efficacité de ses shooteurs (6/9 à trois-points pour débuter, 26-38, 14e). Plus inquiétant encore, lorsque cette adresse exceptionnelle a fini par flancher, l’Equipe de France n’a pu en profiter, empêtrée dans une défense slovène ravie de voir ses adversaires venir s’empaler dans la raquette sans parvenir à faire circuler le ballon pour desserrer l’étau. Les nerfs des Bleus commençaient à craquer et après une faute technique à Evan Fournier et un nouveau coup de chaud de Dragic, l’écart atteignait des proportions spectaculaires (35-52).
Le passage aux vestiaires n’aura pas suffi à soigner la bipolarité française. En l’espace de cinq minutes surréalistes, les Bleus s’appliquaient à dérouler leurs systèmes pour trouver de bons tirs et signer un 8-1 mais à la sortie d’un temps-mort d’Igor Kokoskov les Slovènes répondaient par un 0-13 meurtrier (44-66). Un passage à vide annonciateur d’un effondrement total avec un tableau d’affichage marquant une différence proche des 30 unités.
Avec un cinq inédit (Westermann-Diot-Fournier-Labeyrie-Séraphin), l’Equipe de France se lançait dans un spectaculaire come-back pour lancer le quatrième quart-temps. Un pressing tout terrain et de l’agressivité sur les porteurs provoquaient des pertes de balle et offraient du jeu rapide. Un 16-2 en cinq minutes faisait un moment croire à l’impensable mais l’exclusion de Fournier pour une nouvelle technique brisait cet élan. La France a désormais deux jours pour évacuer sa frustration et balayer les nombreux doutes qui entourent sa production sinusoïdale.
L’Equipe de France avait habitué ses fans à quelques moments d’absence depuis le début de l’EuroBasket. Mardi après-midi, dans un match pour la qualification en huitièmes de finale et la possibilité de viser la première place, les Bleus ont livré quatre premières minutes cauchemardesques face à la Pologne, pourtant privée de son meilleur scoreur, AJ Slaughter. Repli inexistant, absence totale de rythme, balles perdues en pagaille, les Polonais n’en demandaient pas tant et en profitaient pour signer un 0-9 d’entrée.
Un caillou dans la chaussure que la France a traîné pendant toute la première mi-temps, trahie par une adresse remarquable lors des trois premières journées mais totalement absente pour cette quatrième levée. Toutes les analyses sur la vista offensive des troupes de Vincent Collet pouvaient être remisées aux vestiaires au regard du 5/22 aux tirs en 16 minutes servi par les Bleus. Ils pouvaient même souffler en voyant la Pologne manquer ses dix tirs à trois-points pris à la pause, leur permettant de limiter la casse (26-34).
La deuxième mi-temps débutait par quelques courses tricolores mais les shooteurs polonais parvenaient à régler la mire, Aaron Cel en tête. Le Franco-Polonais, formé au Mans, se fendait de son meilleur match de l’Euro face à une équipe dont il a porté le maillot dans toutes les catégories de jeunes, aux côtés de Nicolas Batum notamment. Cel malmenait Louis Labeyrie après avoir fait de même avec Boris Diaw et l’écart n’évoluait quasiment pas malgré le passage inexorable des minutes (41-51).
Le temps paraissait long pour les supporters mais l’entrée monumentale de Kevin Seraphin changeait la donne. Le pivot du Barça régnait au rebond offensif, posait des écrans puissants et livrait un duel titanesque au monstrueux Przemyslaw Karnowski. Son impact permettait aux Bleus de réussir un 10-1 éclair.
Son futur coéquipier en Catalogne, Thomas Heurtel, prenait le relais dès le début du quatrième quart-temps, parvenant à pousser la balle pour finir près du cercle ou servir ses shooteurs. Edwin Jackson puis Antoine Diot faisaient mouche de loin, preuve de la profondeur d’un banc qui peut faire la différence à tout moment dans cet Euro. La Pologne vacillait (68-62) mais le vétéran Lukasz Koszarek maintenait le suspense. Vincent Collet choisissait de faire confiance à son cinq majeur pour enlever la décision. Option payante marquée par un tir à trois-points décisif de Thomas Heurtel, auteur de son record de points en sélection (23 pts) et totalement incandescent lors de la deuxième mi-temps (21 pts).
20 heures à peine après avoir lancé son EuroBasket, l’Equipe de France était à nouveau sur le pont à Helsinki dans ce qui devait constituer son face à face le plus aisé du premier tour. Face à la Grèce (-29) comme la Pologne (-30), l’Islande avait montré ses limites. Sans grands gabarits, les insulaires peuvent résister mais finissent en général par céder sur la longueur. Face à eux l’exercice consiste bien souvent à laisser passer l’orage et continuer à dérouler son jeu, notamment en s’appuyant sur la qualité des rotations. C’est ce que s’est appliquée à faire l’Equipe de France même si sa défense a souffert, particulièrement en première mi-temps. La cuvée 2017 des Bleus est si différente de ses devancières qu’elle bouleverse toutes les habitudes de ses plus fidèles supporters.
Après dix minutes dimanche midi, la France avait ainsi réalisé un festival de tirs à trois-points (6/7 !) mais connaissait les pires difficultés pour contenir les duels face à des Islandais très entreprenants tôt dans les possessions et trouvant trop de tirs ouverts, par l’intermédiaire du vétéran Jon Stefansson et de l’universitaire Kristofer Acox. Une équipe qui avait découvert le plus haut niveau à Berlin lors de l’EuroBasket 2015, soutenue en Finlande par 2500 supporters dont le Président de la République, menait encore en fin de premier quart-temps (20-23) avant que plusieurs paniers près du cercle ne permettent aux Bleus de repasser en tête au moment où Vincent Collet rentrait dans ses rotations.
Dans une compétition au long cours l’importance de l’apport des remplaçants est capitale et ceux-ci ont répondu aux attentes, les intérieurs en tête. Louis Labeyrie a ainsi démontré pourquoi il avait arraché sa place pour l’EuroBasket. Son activité est permanente et sa verticalité apporte une dimension athlétique bienvenue. Avec Kevin Séraphin il a signé une entrée en jeu très efficace, permettant au deuxième cinq de faire l’écart (48-35) malgré de nouveaux oublis lors des deux dernières minutes de la mi-temps.
Un simple moment d’égarement totalement corrigé dans le troisième quart-temps. Dix minutes qui tournèrent vite à la démonstration. La France et l’Islande ne boxent pas dans la même catégorie et le poids lourd a aisément assommé le poids plume. Plus durs sur les porteurs de balle, appliqués dans leur partage du ballon, les Tricolores ont fait le trou (37-13), enchaînant les paniers faciles et laissant à l’intégralité de l’effectif l’occasion de s’exprimer. Antoine Diot réactivé, Axel Toupane et Vincent Poirier remis en confiance, Edwin Jackson impeccable dans ses choix, la sortie dominicale française aura été très positive.
Contre une opposition limitée la question était donc de voir si la puissance de feu offensive de l’Equipe de France allait lui permettre de tutoyer quelques records. Ses 115 points inscrits sont le total le plus élevé dans l’histoire de l’EuroBasket, effaçant des tablettes les 111 de 1979.
La France bat l'Islande 115-79
5e du dernier Euro, la Grèce veut faire mieux. En l’absence de l’ailier des Milwaukee Bucks, Giannis Antetokounmpo (qui a annoncé son forfait il y a deux semaines), Nick Calathes – Ioannis Bourousis – Georgios Printezis seront les leaders de cette formation Hellène, pas toujours vu à son avantage en préparation (5 victoires et 3 défaites) mais a parfaitement débuté la compétition face à l’Islande (90-61). Les Champions d’Europe U20 2009 sont également de la partie avec en première ligne les talentueux Vangélis Mantzaris et Kostas Papanikolaou.
Lors de leurs différentes confrontations, la Grèce est sortie victorieuse à 29 reprises face à la France (18 victoires) soit un pourcentage de seulement 38,3% de victoires face aux Hellènes. Entre 1984 et 2006, les Grecs, véritables bêtes noires des tricolores, ont enchainés 18 victoires pour seulement 3 défaites. Depuis l’équilibre est de retour et la France n’a plus perdu face à la formation hellène à un EuroBasket depuis 2005 et la terrible désillusion vécue en demi-finale face à Diamantidis et ses partenaires.
Cette année encore, en s’appuyant sur des joueurs d’expérience issus principalement des deux grands clubs grecs, l’Olympiakos et le Panathinaïkos, la Grèce constituera un véritable danger. Elle ne lâchera rien elle l’a déjà prouvé par le passé. La France est prévenue.
La stat : La France n’a jamais, en 47 rencontres internationales, battu la Grèce de + de 9 points.
Samedi 1er septembre à 15h30 (heure française) : Grèce – France - En direct sur Canal+ Sport à partir de 15h15
Deux ans après avoir ouvert l’EuroBasket 2015 contre la Finlande et tremblé jusqu’en prolongation, l’Equipe de France retrouvait un adversaire qu’elle a désormais l’habitude de croiser et dont elle sait à quel point son style atypique lui cause bien des problèmes.
On craignait une pluie de tirs de loin, un bombardement susceptible de mettre le feu à une salle archi-comble et de créer un écart conséquent d’entrée. Après dix minutes les Tricolores auraient pu être rassurés, leurs adversaires affichaient un pâle 0/4 au-delà des 6,75 m… et menaient pourtant de huit longueurs ! La faute notamment à une collection de ballons perdus de l’Equipe de France et au petit festival de Tuukka Kotti. Cet intérieur de Pro B allemande n’était pas l’arme offensive la plus redoutée mais il a pleinement profité dans la zone intermédiaire de l’attention portée à ses coéquipiers shooteurs lors du premier quart-temps (15-23).
Une tendance inquiétante que les troupes de Vincent Collet vont corriger de la plus belle des façons en haussant largement leur niveau défensif, à l’image d’Edwin Jackson et de Louis Labeyrie. Loin des feux d’artifice des matches de préparation à Toulouse, c’est dans l’agressivité sur les porteurs de balle, les rotations et les aides que les Bleus signent un spectaculaire 18-3 ponctué par une interception de Thomas Heurtel (10 pts à la pause, 33-26). Mais après avoir largement renversé la vapeur, la France retombait pendant une minute dans ses travers et ruinait par son impatience son beau retour (33-32).
Une tendance confirmée au retour des vestiaires et qui forçait Collet à stopper le jeu après quelques secondes. Le jeu collectif séduisant des dernières semaines laissait place à des tentatives plus solitaires et d’autant moins efficaces que Nando De Colo était ciblé et mis sous l’éteignoir par les Finlandais. Avec des possibilités limitées dans le jeu de transition, les forces habituelles des Bleus étaient aux abonnés absents. Mais l’arrière du CSKA a l’expérience et la confiance des plus grands. Patiemment, De Colo a continué d’attaquer le cercle, obtenant les coups de sifflet qui se refusaient à lui. Sur la ligne des lancers-francs, en contre-attaque, en post-up il se fendait de 14 points pour donner un peu d’air à son équipe avant le money-time (53-49).
Et c’est avec un cinq inattendu que la France a poursuivi sa série. Jackson, Toupane, Westermann, Poirier, Labeyrie, une escouade particulièrement inexpérimentée à l’EuroBasket (7 matches disputés au total pour le seul Westermann) mais qui a permis aux titulaires de souffler avant de surgir à nouveau pour porter l’estocade. Evan Fournier pour un 2+1, Boris Diaw de loin, Nando De Colo à mi-distance puis Fournier à nouveau semblaient en mesure de tuer tout suspense (70-62, 38e). Mais c’était sans compter sur le talent pur de Lauri Markkanen (2,13 m, 20 ans). La nouvelle idole du basket local, drafté par les Bulls cet été alimentait la flamme de l’espoir puis Jamar Wilson envoyait le match en prolongation, comme en 2015 à Montpellier, De Colo manquant un tir au buzzer.
Cinq minutes supplémentaires de très haut niveau marquées par une succession d’exploits individuels. Wilson, Fournier, De Colo mais surtout Markkanen. Le jeune homme n’est pas encore le nouveau Dirk Nowitzki mais son potentiel est exceptionnel. Labeyrie est impuissant face à la variété de sa panoplie offensive et la Finlande, sur un de ses tirs primés flirte avec la victoire (79-84). La France reste néanmoins en vie par la grâce d’Evan Fournier. Mais Jamar Wilson gère de main de maître la dernière possession et crucifie les Bleus sur un ultime un-contre-un.
L’Equipe de France est donc battue d’entrée et devra rapidement se remobiliser avant d’affronter la Grèce samedi. Un revers initial qui n’est pas totalement une nouveauté. En 2013 elle avait subi pareille déconvenue face à l’Allemagne. Deux semaines plus tard, elle était championne d’Europe.
Si le bilan victoires / défaites entre la France et la Finlande est nettement à l’avantage des tricolores (22 victoires pour 5 défaites), les dernières confrontations ont montré une vraie rivalité entre les deux formations. Lors de leur dernier face-à-face en 2015, Nando De Colo et ses partenaires avaient eu besoin d’une prolongation pour écarter les Susijengi, la « meute des loups », de leur route en ouverture de l’EuroBasket à Montpellier.
Pour retrouver trace d’une victoire française en terre finlandaise, il faut remonter au 28 janvier 1988. La France disputait à l’époque un tournoi de qualifications au championnat d’Europe à Helsinki et s’était largement imposée 123 à 88, sous la coupe de Jean Galle.
Depuis, la sélection finlandaise a bien changé. Depuis une décennie, sous les ordres d’Henrik Dettmann, les Finlandais sont passés de la division B à un statut de sérieux candidat à la phase finale de l’EuroBasket et comptent dans leur rang quelques joueurs de valeur dont le prometteur Lauri Markkanen, pivot drafté par les Chicago Bulls. La sélection s’appuiera également sur ses cadres Erik Murphy et Shawn Huff et enregistrera le retour de blessure de son icône Petteri Koponen. De quoi espérer, et atteindre les huitièmes de finale, comme en 2015, voire mieux.
Si le soutien du public sera un atout majeur, c’est sur le terrain que la Finlande devra faire la différence. Redoutables shooteurs à trois-points, il ne faudra pas les laisser s’enflammer et devenir euphoriques. Cette équipe vit et meurt par le shoot longue distance, en préparation la mire n’était pas encore très bien réglée (une seule victoire, face à la Turquie, en huit matches de préparation), mais attention danger.
Jeudi 31 août à 19h00 (heure française) : Finlande – France - En direct sur Canal+ Sport à partir de 18h45
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Numéro | Nom | Prénom | Date de naissance | Position | Taille (cm) | Club |
4 | CAVALIERE | Léopold | 27/04/1996 | 3 | 202 | EB PAU LACQ ORTHEZ |
5 | CARNE | Corentin | 18/06/1996 | 2 | 196 | EB PAU LACQ ORTHEZ |
6 | CORTALE | Olivier | 16/03/1997 | 4 | 207 | SIG BASKET STRASBOURG |
7 | DALLY | Jean-Philippe | 08/03/1996 | 2-3 | 197 | LE MANS SARTHE BASKET |
8 | DUSSOULIER | Lucas | 27/07/1996 | 2 | 203 | EB PAU LACQ ORTHEZ |
9 | DENIS | Gauthier | 01/04/1997 | 2-3 | 201 | STB LE HAVRE |
10 | MICHEL | Félix | 21/01/1996 | 1 | 186 | ROUEN METROPOLE BASKET |
11 | FRANCISCO | Sylvain | 10/10/1997 | 1 | 186 | LIBERTY CHRISTIAN ACADEMY (USA) |
12 | NOUA | Amine | 07/02/1997 | 4-3 | 199 | ASVEL BASKET LYON VILLEURBANNE |
13 | OKOBO | Elie-Franck | 23/10/1997 | 1-2 | 187 | EB PAU LACQ ORTHEZ |
14 | ELIEZER-VANEROT | Cyrille | 01/08/1996 | 3 | 202 | PARIS LEVALLOIS |
15 | BRUN | Pierre | 25/09/1996 | 5 | 208 | CHORALE ROANNE BASKET |
Entraîneur : Jean Aimé TOUPANE
Entraîneurs assistants : Laurent VILA, Dounia ISSA