Yohan Rosso, arbitre international :
Comment vous sentez-vous à l’approche d’officier à votre première Coupe du Monde masculine ?
Je me sens bien, je suis impatient d’être au premier match et de vivre sur le terrain cette superbe expérience. Heureux de retrouver des collègues que j’ai rencontrés sur différentes compétitions et de partager des moments avec eux.
Comment vous êtes-vous préparé cet été pour la compétition ?
La FIBA a 4 préparateurs physiques qui travaillent pour les arbitres, 2 en Europe, 1 en Amérique et 1 sur le monde entier. Ils nous ont concocté un programme de 3 mois avec 3 séances de physique par semaine. Quelques tests physiques (Yo Yo Test) ont été intégrés au long de cette période pour voir notre évolution. Un championnat du monde U19 garçons qui a servi de préparation sur le terrain, quelques matchs en Europe et le tournoi de Lyon où s’affrontaient la France, le Monténégro, l’Argentine et le Brésil. De plus, nous avons maintenant un camp de préparation pour la compétition. 5 jours à rappeler quelques principes fondamentaux de notre fonction.
Le tournoi de Villeurbanne où vous avez officié fut un bon test ?
Il faut remercier la fédération d’avoir organisé un tel tournoi et avec l’aide de la FIBA d’avoir organisé un camp de préparation pour cette Coupe du monde. On était 7 arbitres en stage à se préparer pour l’événement. C’était bénéfique pour nous et pour les joueurs car on se retrouvera sur la même compétition. Ce fut un excellent tournoi de préparation car ce sont des grandes nations du basket. Le Brésil, l’Argentine et la France sont des nations référencées. Le Monténégro a aussi une belle équipe avec la mentalité des Balkans, des battants.
Ce fut intéressant même si on pouvait aussi sentir que ce n’était que des matchs de préparation, les joueurs et entraîneurs étaient plus relax que lors de matchs de compétition officielle. Je m’attends à ce que le niveau monte pendant la compétition avec plus d’intensité et sûrement plus de situations à gérer.
Regardez-vous les derniers matchs de préparation des autres équipes ?
On a su que dernièrement dans quel groupe nous officierons donc le travail s’est principalement concentré sur mon travail personnel, analyse des prestations sur le terrain. J’ai gardé un œil sur les matchs que je pouvais voir bien sûr. Lors des prochains jours du camp de préparation, nous aurons un travail de scouting ciblé sur les équipes que nous officierons. Cela permettra d’identifier les stratégies, les philosophies offensives et défensives des équipes mais aussi de repérer les joueurs clés tant sur le plan statistique qu’humain.
Vous êtes devenu un arbitre référencé mondialement, en témoignent vos différentes participations à des événements majeurs récents. Qu’est-ce que ça fait d’être le seul arbitre français qui officiera à la Coupe du Monde ?
C’est vrai que le CV commence à se remplir petit à petit mais je ne regarde pas trop dans le passé et je suis plus concentré sur mes objectifs à venir ! J’aime les challenges et je suis quelqu’un d’ambitieux. C’est une fierté d’être sur ce type de compétition. Je suis le seul Français mais d’autres arbitres auraient pu avoir leur chance de participer à ce genre de compétition.
L’objectif c’est de marquer des points afin d’officier aux Jeux Olympiques de Tokyo en 2020 ?
Les JO représentent un de mes objectifs futurs bien sûr mais la route est encore longue. Pour marquer des points, il ne faut absolument pas y penser et vivre le moment présent. Le meilleur moyen de le faire est d’arbitrer du mieux possible chaque match et chaque possession jusqu’au moment de cette compétition. Chaque match sera important aussi bien pendant cette coupe du monde que les matchs en Europe et en France. Quand on commence à performer dans un domaine, le niveau d’exigence, les attentes augmentent et il faut réussir à garder un niveau de performance constamment ce qui n’est pas aisé.
Chantal Julien, ancienne arbitre internationale :
Quel rôle allez-vous avoir lors de cette Coupe du Monde ?
J'ai été désignée comme Instructeur FIBA sur cet évènement. Cela consiste à observer et évaluer les arbitres tout au long de la compétition.
Comment abordez-vous cette compétition ?
Avec beaucoup de motivation et de fierté, d'autant que c'est une première d'avoir 2 instructeurs féminins (une Canadienne et moi) sur une compétition masculine de ce niveau. Nous venons de terminer 5 jours de préparation à Pékin avec les 56 arbitres désignés sur les 8 villes différentes. Je pars demain vendredi à Foshan sur le Groupe D (Serbie, Italie, Angola, Philippines), et je vais essayer d'apporter toute mon expérience aux 7 arbitres de mon groupe, dont l'arbitre français Yohan ROSSO fait partie.
Comment vous-y êtes vous préparée ?
Comme d'habitude, en revoyant les bases techniques nécessaires à l'observation des arbitres du plus haut niveau mondial. Le stage de 5 jours passé à Pékin était fait pour préparer l'ensemble des officiels à cette compétition (technique, physique, mentale, administrative...).
Êtes-vous heureuse de la présence d'un arbitre français, ou vous attendiez-vous à plus ?
C'est toujours un honneur et une reconnaissance de la qualité de formation française d'avoir un arbitre français désigné sur une telle compétition. Le problème de l'Euroleague nous empêche d'avoir nos meilleurs arbitres français sur ces compétitions. D'autres pays en ont 2 voire 3 mais la FIBA choisit sa liste et nous la respectons.
Y a-t-il des consignes particulières données aux arbitres ? Quelles sont vos attentes ?
De nombreuses consignes techniques sont rappelées aux arbitres (protection du tireur, les simulations, les fautes antisportives, l'utilisation de la vidéo...) de façon à être le plus juste possible dans les décisions sur le terrain. Minimiser le nombre d'erreurs (sachant que le ''0'' n'existe pas). La performance est de mise. Seuls les meilleurs seront sélectionnés pour la phase finale.
Mes attentes, c'est de prouver que la confiance que me fait la FIBA n'est pas une erreur et confirmer que mes compétences sont vraiment reconnues au niveau mondial. J'espère prendre du plaisir et partager cet évènement avec mes collègues le plus possible. Ce type d'évènement est historique et je pourrai dire que ''j'y étais'' dans quelques années.