Adolescents à l'Insep où ils se sont rencontrés en 1998, Tony Parker et Boris Diaw rêvaient de NBA, mais ne s'imaginaient pas remporter ensemble, sous le maillot de San Antonio, le titre le plus prestigieux du basket.
Après l'excitation du titre, conquis grâce à une quatrième victoire devant Miami sur le score de 104-87 dimanche, viennent l'émotion et les souvenirs.
Parker et Diaw, nés tous les deux en 1982, ont repensé au chemin parcouru par l'un et l'autre depuis leur première rencontre dan l'équipe des cadets de l'Insep.
"Il y a 12-13 ans, on était dans notre chambre de l'Insep, on rêvait de NBA et on se retrouve dans une finale NBA ensemble et ensemble on gagne ce titre", sourit Diaw, devenu le cinquième Français champion NBA, onze ans après le premier des quatre sacres de Parker.
"Je suis content pour lui, c'est génial. Il y a seulement dix ans, c'était peu probable d'avoir deux Français titulaires dans l'équipe championne NBA", souligne "TP".
Depuis l'Insep, Parker et Diaw avaient écrit leur histoire commune en bleu, avec l'équipe de France, en juniors d'abord avec un sacre européen en 2000, puis en seniors avec une médaille de bronze au Championnat d'Europe 2005, les jeux Olympiques 2012 à Londres et la consécration lors de l'Euro-2013 en Slovénie.
Mais depuis mars 2012, "TP" et "Bobo" sont aussi coéquipiers en club: libéré sans grands égards par Charlotte, Diaw rejoint alors à San Antonio Parker qui a insisté auprès de ses dirigeants pour que son meilleur ami soit recruté.
Diaw vit les six premiers mois chez Parker, une aubaine pour se familiariser avec le système de jeu des Spurs et surtout la personnalité très complexe de Gregg Popovich.
Pour sa première saison compléte avec les Spurs, Diaw atteint la finale contre Miami, mais le Heat arrache le titre après une prolongation dans le match 6 et un match 7 à sens unique.
"Cela a nous a laissé un goût amer", reconnaît Parker, même si le sacre européen leur a permis d'oublier, un peu, cette désillusion.
Chez Diaw, cette finale 2013 perdue est un électrochoc: "En faisant le bilan de la saison, j'avais le sentiment que je n'avais pas assez aidé l'équipe et qu'il fallait être plus agressif pendant toute la saison pour avoir la confiance de toute l'équipe et du staff technique".
Plus attentif à son alimentation, Diaw a perdu du poids, ce qui n'empêche pas les observateurs de la NBA de se moquer encore régulièrement de ses "formes".
Il a surtout pris, en particulier lors des play-offs (9,4 pts, 4,6 rbds, 3,3 passes par match), ses responsabilités "en étant plus agressif".
Parker n'est pas près d'oublier lui non plus cette année 2014: il a conquis son 4e titre NBA et est devenu père d'un petit Josh en avril en début de play-offs.
"On a fait un long chemin ensemble, avec plein d'aventures en route et j'espère qu'il en reste encore plein à vivre", sourit Diaw.
Mais une fois n'est pas coutume, les deux amis ne passeront pas l'été ensemble sous le maillot de l'équipe de France.
Parker, qui a connu quelques pépins physiques cette saison (dos, cheville), a décidé de faire une pause, au grand soulagement de Popovich qui ne le voyait pas d'un bon oeil enchaîner avec l'équipe de France après une éreintante saison NBA.
Il a donc fait une croix sur la Coupe du monde 2014 en Espagne.
"C'est compréhensible, mais il nous reste encore quelques années pour gagner des titres", assure Diaw
Tony Parker : "C'est vraiment incroyable, c'est mon plus beau titre, parce qu'il y a eu la façon dont on a gagné, parce qu'il a eu la finale 2013 perdue alors qu'on avait cinq points d'avance dans le match 5 à 28 secondes de la fin, c'était vraiment cruel. Le sport, des fois, c'est dur, des fois, c'est magnifique. Ce titre est magnifique, car il montre l'état d'esprit de cette équipe: c'est fort d'affronter à nouveau en finale l'équipe devant laquelle vous avez perdu un an et de la battre."
Boris Diaw : "C'est la cerise sur la gâteau. Quand on avait 16 ans et qu'on était ensemble à l'Insep, on disait que cela serait bien qu'on joue pro. Après, on se disait que cela serait super qu'on joue en NBA. Tony y est allé, je l'ai suivi deux ans après. On se disait ensuite que cela serait super qu'on joue ensemble, encore un voeu qui s'est réalisé. Et deux ans plus tard, on gagne le titre ensemble. Il ne nous manque plus qu'une Coupe du monde et le titre olympique (rires). Je lui ai dit sur le podium qu'on pourrait refaire cela dans deux mois (en Espagne pour la Coupe du monde à laquelle Parker a décidé de ne pas participer, NDLR). Il a souri mais n'a rien répondu. Il y a encore plein d'autres titres à aller chercher ensemble."