La Ligue Féminine a aussi servi de tremplin à quelques-unes des meilleures joueuses françaises qui ont intégré ensuite des clubs européens au standing sportif élevé et plus rémunérateurs.
Recrutée à dix-huit ans par Valenciennes, Sandrine Gruda y demeura deux saisons, le temps de cumuler deux titres de MVP française et de MVP Espoir. Ensuite, la jeune femme aux dents longues n’hésita pas à rejoindre Ekaterinbourg située sur le pan asiatique de l’Oural où elle retrouva son entraîneur à l’USVO, Laurent Buffard. Rien à voir avec la luxuriante Martinique de son enfance. Elle confia y vivre dans sa bulle hermétique même si Ekat’ n’est pas aussi paumée qu’on pourrait le croire.
« J’ai mon appartement à dix minutes du centre-ville. Ekaterinbourg est une très grande ville, en travaux, en plein développement, qui sera à l’avenir l’une des villes les plus belles de Russie. La vie est très chère là-bas. Il y a beaucoup de magasins comme Louis Vuitton, Chanel, Gucci. Je sais que l’on n’imagine pas ça ! »
C’est à Ekaterinbourg que Sandrine parvint au statut d’étoile mondiale, remportant deux Euroligue et pas moins de six titres de championne de Russie. Elle eut un temps comme équipière Caroline Aubert pour quelques semaines et Céline Dumerc pour deux saisons. Plus récemment, c’est l’Eldorado turc qui l’a séduite, Fenerbahçe pour commencer puis Yakin Dogu Üniversitesi après un court retour au pays à l’ASVEL.
L’autre Française qui a connu la gloire en Russie, c’est Edwige Lawson-Wade avec notamment un trophée d’Euroligue avec le CSKA Samara. Nous y reviendrons dans un autre épisode. Mais en fait la pionnière à UMMC Ekaterinbourg, ce fut Audrey Sauret dont le nom fut intimement lié à l’aventure valenciennoise. L’actuel manager général de Charleville-Mézières en Pro B a ensuite passé six saisons en Italie, à Tarente, Schio et Parme.
L’Italie, destination privilégiée
Membre comme Audrey Sauret des fameuses « Filles en Or » Championnes d’Europe en 2001, Sandra Dijon a choisi l’Espagne (Puig d’en Valls) et, plus exotique, la Lettonie (Cesis) comme destinations européennes.
« J’ai un appartement totalement meublé, tout confort, avec deux chambres puisqu’il était initialement prévu que mon mari et mon fils viennent en Lettonie avec moi. Ils ne sont pas venus », nous confiait-elle alors, évoquant son fils Melvyn Govendy qui allait grandir jusqu’à 2,14m ! « Mon mari a un boulot qui lui plaît en France et ce n’est pas facile pour un homme d’être le mari d’une joueuse professionnelle. Il a envie de s’assumer tout seul. Il n’y avait pas d’école française pour mon fils sinon à Riga qui est à une heure de route. Moi, j’ai un lit fait sur mesure. »
Egalement sacrée Championne d’Europe au Mans en 2001, Sandra Le Dréan s’installa à Prague pour de bon puisqu’elle y rencontra l’homme de sa vie, médecin du club et chirurgien. Mais c’est bien à Valenciennes et avec ses copines de l’USVO qu’elle fêta son jubilé en 2010.
L’Italie est une destination privilégiée des internationales françaises. Elodie Godin y gagna avec Tarento et Schio quatre titres nationaux, deux coupes et une SuperCoupe. Sa science du rebond, sa hargne, son shoot au post y furent très appréciées.
L’Italie et Schio, c’est l’actuel club d'Isabelle Yacoubou après y avoir déjà séjourné lors de la saison 2010-11 mais entre-temps Baby Shaq a roulé sa bosse : en Espagne (à Valence avec qui elle gagna l’Euroligue en 2012), en Russie (Spartak Moscou), en Turquie (Fenerbahçe) et même… en Chine, au Heilongjiang Chenneng. L’Aventure avec un A. « Ce que je retiens, c’est qu’au niveau humain, cela a été la plus belle expérience que j’ai vécue avec une équipe. C’est un peu bizarre au début. Quand tu arrives, tout le monde est assez fermé. Mais au bout de deux semaines avec moi, les filles se sont ouvertes et cela a été un échange incroyable. Même si j’étais l’étrangère, que j’avais ma suite et que je pouvais faire ce que je voulais, j’ai essayé comme toujours de m’intégrer, de manger comme elles et avec elles. »
Koursk pour Endy Miyem et Héléna Ciak
A Schio, Isabelle Yacoubou fait équipe avec Endy Miyem sous les ordres de Pierre Vincent qui les emmena au titre de Championnes d’Europe avec les Bleues en 2009. Endy avait choisi auparavant de transiter par Koursk, un autre club russe fortuné. Quand on lui demandait les raisons de son choix de s’expatrier, la Berruyère répondait : « Déjà avoir un peu mieux financièrement car c’est compliqué pour Bourges de pouvoir s’aligner sur certains clubs européens. Surtout comme joueuse française, ça reviendrait assez cher au club. Malgré les moyens que l’on a à Bourges, qui sont inférieurs à certaines équipes européennes, ça ne nous a pas empêché de faire de bons résultats ces dernières années. On va dire qu’il y a des endroits où, du fait de tout l’argent qu’ils mettent, ils ont peut-être davantage d’obligations d’aller plus loin encore. »
A Koursk, Endy Miyem a passé le relais à une autre Française, Héléna Ciak. Et le pivot de l’Équipe de France ne peut que se féliciter de son choix puisqu’un titre de champion d’Europe est venue couronner une saison 2016-17 de la renaissance.
« Quand j’ai su que c’était le coach Lucas Mondelo qui était là-bas, je me suis dit que c’était un projet vraiment intéressant. C’est un style de jeu qui est un peu plus libéré. Je ne me suis pas posée de question, j’ai déroulé. Au fur et à mesure des matches, j’ai pris plaisir et je me suis rendu compte que je jouais mieux comme ça. Je ne dirai pas que c’était pour moi une « délivrance » car ça serait un trop gros mot mais j’ai repris du plaisir à jouer. J’ai pris ça comme une expérience, j’ai tout lâché, j’ai profité. C’est une chance qui n’est pas donnée à tout le monde. »