Le meneur du Mans a exprimé toute sa frustration sur Twitter à l’annonce du déplacement du TQO en raison de l’épidémie du virus COVID-19 qui touche le monde entier. Touché par la nouvelle et forcément déçu, il rêvait depuis longtemps de porter le maillot de l’Équipe de France. La dernière fois, c’était en 2008 avec l’Équipe de France U20 lors du Championnat d’Europe. Et Richard Billant était déjà son sélectionneur…
Vous aviez impressionné pour vos débuts au 3x3 à Voiron lors du Big Twelve en juin 2019. Peut-on dire que l’aventure Jeux Olympiques a commencé à ce moment ?
On a gagné et c’était vraiment énorme de battre les Américains. C’est marrant parce que c’est moi qui ai fait la démarche d’envoyer un mail à Richard Billant pour savoir comment ça fonctionnait, si ça pouvait l’intéresser. Je lui ai dit que j’avais envie de découvrir la pratique et il m’a invité à Voiron. Très vite il m’a dit que je devais faire des points pour être éligible aux Jeux Olympiques.
D’ailleurs, porter le maillot Bleu est une obsession chez vous…
C’est quelque chose de viscéral pour moi. Comme je le dis souvent en rigolant, si je pouvais le porter en faisant du twirling bâton, je le ferais. C’est une obsession car c’est le pays dans lequel j’ai grandi. N’ayant jamais été convoqué pour les fenêtres internationales avec les A, il fallait absolument que je trouve un moyen de porter ce maillot et ça a été l’occasion avec l’Équipe de France 3x3. Les Jeux Olympiques représentent un putain d’objectif.
La ranking FIBA, le nombre de points pour être éligible aux Jeux Olympiques, tout cela peut paraître compliqué pour un joueur qui débute dans le 3x3. Avez-vous pris connaissance en amont de toutes ces subtilités ?
J’ai été obligé. Ça a commencé avec Sammy Girma et Raphaël Wilson de la Team Blacklist avec qui j’ai fait quelques tournois. Richard Billant et Karim Souchu m’ont définitivement mis au parfum et je savais qu’il me fallait au minimum 5.400 points afin d’avoir une chance d’aller aux Jeux Olympiques. J’en ai obtenu plus de 10.000. Ce sont eux qui m’ont poussé à faire le plus de tournois possible afin de récolter le maximum de points parce qu’ils ont vu que ça me plaisait, que j’étais impactant.
Comment s’est passé votre intégration express en Équipe de France 3x3 lors du stage de février. Ça n’a pas été une épreuve délicate de se retrouver avec des joueurs qui se côtoient déjà depuis plusieurs années ?
L’intégration s’est très bien passée parce que je suis resté moi-même. J’ai beaucoup échangé avec les gars. J’étais roommate avec Kevin Corre qui est quand même le numéro 1 français et qui joue sur le World Tour. C’était très intéressant. L’état d’esprit général était très bon mais ça reste une sélection donc on a quand même senti une certaine nervosité.
Comment avez-vous abordé vos débuts dans la discipline ?
J’ai abordé le 3x3 comme un rookie. Je me suis très vite dit que j’arrivais et que je n’étais personne. C’est une pratique vraiment différente, qui demande du cardio tout en étant costaud et adroit. C’est comme si un mec qui fait de l’athlétisme se met subitement à faire du javelot. Maintenant, il va falloir que je m’adapte avec des joueurs de 3x3 encore plus forts. Je sais que j’ai de gros avantages sur les situations de 1 contre 1 ou dans la création mais je suis loin de connaître toutes les subtilités du 3x3. J’ai encore besoin de progresser mais j’apprends en regardant des joueurs comme Dominique Gentil, Charly Pontens, Lucas Dussoulier ou Kevin Corre.
Vous allez rencontrer des équipes comme la Slovénie ou la République Dominicaine lors du TQO (dates encore méconnues suite à l’annonce du déplacement du TQO, ndlr). N’est-ce pas compliqué de se lancer à l’assaut d’une compétition à l’aveugle, avec des joueurs probablement méconnus pour vous ?
Non parce qu’il faut respecter tout le monde. Je suis toujours parti du principe que peu importe l’adversaire, tu respectes et tu joues à fond. Ce n’est pas un problème au contraire.
Votre club du Mans n’avait pas été difficile à convaincre ?
C’est un club intelligent avec des personnes qui me connaissent par cœur. C’est un peu la famille. Mon Président et mon directeur sportif savent à quel point c’est dans les tripes pour moi. Je devais partir après le match face à Cholet le 14 mars pour Paris afin de décoller le lendemain. Même si ça ne va pas se faire, je tiens sincèrement à les remercier pour leurs efforts.
Antoine Eïto et le 3x3 c’est déjà une histoire qui marche, que peut-on espérer pour le futur ?
Une semaine après Voiron, j’ai travaillé sur mon shoot avec Steve Sir qui fait partie de l’équipe d’Edmonton, un des meilleurs shooteurs all-time en NCAA. J’ai même failli jouer avec eux au Hoopfest, un tournoi à Spokane (États-Unis) afin de faire un maximum de points. On peut dire que j’ai déjà cette possibilité et les gens ont vu ce qui s’est passé à Voiron, que j’avais été très performant pour ma première compétition internationale 3x3. Il devrait y avoir des opportunités. Le World Tour c’est 14 week-ends dans l’année. Je ne veux pas me cramer et je suis toujours sous contrat pendant trois ans avec Le Mans. Je ne partirai pas avant. J’ai trois enfants, une famille, il faut partir en vacances. Je vais avoir 32 ans donc il ne faut pas faire n’importe quoi.